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Les modes en management : du conformisme à l’innovation

Appel à contributions de La Revue des Sciences de Gestion (La RSG) coordonné par David Autissier (maître de conférences HDR à l’IAE Gustave Eiffel de l’UPEC) et Romain Zerbib (enseignant chercheur HDR a l’ICD BS) en partenariat avec la Chaire ESSEC de l’Innovation Managériale et de l’Excellence Opérationnelle (IMEO) et RH info

Les modes en management

La théorie des modes managériales est née au milieu des années 1980 avec les travaux de Midler (1986) et d’Abrahamson (1986). Il s’agit d’une théorie qui estime que le mimétisme, le conformisme et la quête de légitimité tendent à expliquer la diffusion d’un mode de management au sein des organisations (bonheur au travail, entreprise libérée, etc.). La théorie des modes managériales est née d’une série d’observations pour le moins étonnantes. Depuis environ 40 ans, les pratiques de gestion suivent un cycle de vie de plus en plus court, marqué par des pics de popularité de plus en plus élevés. Le cas du « management par la qualité totale », illustre parfaitement ce phénomène. En 1985, Lawler et Mohrman observent que la quasi-totalité des 500 plus grandes firmes mondiales a entrepris un projet de « management par la qualité totale ». Or, trois années plus tard, Castorine et Wood (1988) soulignent que 80% d’entre elles ont abandonné ce projet au profit d’un dispositif jugé plus performant. L’exemple du « management par la qualité totale », bien qu’il demeure particulièrement bien documenté, n’est qu’une référence parmi d’autres.

Les théoriciens des modes managériales analysent ces phénomènes de diffusion à l’aune de la sociologie des modes, c’est-à-dire, qu’ils appréhendent les phénomènes d’adoption comme une marque de subordination aux normes sociales. Ils estiment plus exactement que la diffusion d’un mode de management répond à un cycle de vie générique quel que soit l’outil en question (invention, découverte, explosion, déclin) (Midler, 1986).

Les dirigeants les plus réputés auraient en effet tendance, notamment pour se distinguer, à adhérer très tôt aux nouvelles pratiques de gestion, et le désir d’être associé à cette « élite » inciterait les managers à imiter ce comportement. Les premiers adoptants perdraient alors le prestige associé à l’exclusivité de ladite pratique et se tourneraient de façon ponctuelle vers une nouvelle approche, moins répandue, pour réaffirmer leur individualité… d’où la succession sans fin des modes managériales. Autrement dit, lorsque des organisations peu connues, ou réputées pour être peu innovantes, adoptent une nouvelle pratique de gestion, les entreprises leaders et progressistes s’apprêtent à l’abandonner.

La théorie des modes managériales semble à cet égard tempérer l’explication selon laquelle les managers adopteraient des outils en fonction de critères strictement « technico-économiques ». Leurs motivations semblent en effet plus exactement osciller entre considérations « technico-économiques » et « socio-psychologiques ».

Mais qu’en est-il au juste de l’impact de ces phénomènes sur le fonctionnement de l’organisation ? Quel regard doit-on porter sur ces manifestations complexes ? Quels risques et quels potentiels pour l’entreprise et le manager ?

Voici quelques pistes de réflexions (non exhaustives) sur les modes en management :

  • Pourquoi et comment un modèle de management devient-il une tendance sur le marché ?
  • Le bonheur au travail, l’entreprise libérée, (etc.) sont-elles des modes éphémères sans aucun fondement ? Ou bien de véritables leviers de performance ? Comment distinguer le bon grain de l’ivraie ?
  • Les modes managériales constituent-elles un danger pour l’entreprise ? Peuvent-elles altérer son identité ? Contrarier sa culture ? Limitent-elles les efforts de différenciation sur le marché ?
  • Les managers doivent-ils rompre avec la mode ? Quels avantages et quels préjudices en termes de carrière individuelle, d’efficacité organisationnelle ?
  • Les modes managériales sont-elles essentielles au fonctionnement des organisations ? Favorisent-elles une culture et un langage communs nécessaires à la formulation et à l’exécution de la stratégie ? Ou menacent-elles la trajectoire souhaitable de l’entreprise ?
  • Comment inventer de nouveaux modèles de management ? Quelle organisation et quel leadership permettent de stimuler l’innovation managériale ?
  • Pourquoi et comment faire de son modèle de management une tendance sur le marché ? Quels bénéfices pour l’entreprise et la marque employeur (attraction, réputation, statut, etc.) ?
  • Comment meurt les tendances managériales ? Quels impacts pour les promoteurs et les suiveurs ?

Instructions aux auteurs

  • Date limite de soumission : 1er septembre 2018
  • Mise en forme de l’article scientifique  (pour une publication dans La RSG) : https://www.larsg.fr/mise-en-page-des-articles/
  • Mise en forme de la chronique d’expert (pour une publication dans RH info) : entre 4000 et 7000 caractères (espaces compris), avec une photo HD et une courte biographie.

Créée en 1999, RH info est la première communauté RH francophone sur le web avec ses presque 30000 lecteurs : un lieu d’opinion, excluant toute démarche publicitaire ou mercatique. Elle se compose d’un site servant de bibliothèque, avec près de 2000 articles en base, et de lieux d’échanges très actifs sur les Réseaux Sociaux (49991 abonnés au groupe RH info sur LinkedIn ; 26387 Followers sur Twitter ; 5155 fans Facebook). Les articles publiés sur RH info sont lus en moyenne 1782 fois.

  • Les propositions d’articles sont à envoyer à romainzerbib@larsg.fr

Comité scientifique

Michel Albouy, Professeur senior à Grenoble Ecole de Management et professeur émérite à l’Université Grenoble Alpes – José Allouche, Professeur des Universités, IAE de Paris – David Autissier, Maitre de conférences, HDR, Université Paris-Est Créteil,  Directeur de la Chaire ESSEC du changement et de la Chaire ESSEC IMEO – Michel Barabel, Maitre de conférences, Université Paris-Est Créteil et Professeur Affilié à Sciences Po Executive Education – Isabelle Barth, Professeur des Universités, Université de Strasbourg – Patrick Bouvard, Rédacteur en chef de RH info – Jacques Igalens, Professeur des Universités, IAE de Toulouse, fondateur de l’AGRH – Olivier Meier, Professeur des Universités, UPEC – Christophe Midler, Professeur des Universités, Directeur de recherche du CRG de l’Ecole Polytechnique – Philippe Naszalyi, Professeur des Universités associé à l’Université d’Evry-Val d’Essonne – Gilles Paché, Professeur des Universités, Aix-Marseille Université – Jean Marie Perreti, Professeur des Universités, Université de Corse – Yvon Pesqueux, Professeur, Titulaire de la chaire « Développement des Systèmes d’Organisation » du Conservatoire National des Arts et Métiers » – Jean Michel Plane, Professeur des Universités, Université de Montpellier, Directeur du laboratoire CORHIS (EA 7400) – Romain Zerbib, Enseignant-chercheur HDR, ICD BS / chercheur associé à la chaire ESSEC IMEO.

n°211-212 La Revue des Sciences de Gestion – Editorial par Philippe Naszalyi – 40 ans…

40 ans…

par Philippe Naszályi,
Directeur de la rédaction et de la publication

Vous avez dit : « responsable… »

Nous avons choisi de consacrer ce 1er numéro de la 40e année à l’éthique de la responsabilité…

Le « management responsable » doit être étudié, analysé, mis en pratique, … avec tout ce qui caractérise nos propresconceptions de l’entreprise et de la société que nous vivons mais aussi que nous voulons.

Cela ne peut, cela ne doit pas être d’abord une pâle copie de ce que l’on pratique Outre Atlantique voire Outre Manche.

Non que ces méthodes soient condamnables en soi, mais bien parce qu’à la suite de Montesquieu, Aristote, Hippocrate, … nous pensons
qu’il existe réellement une théorie des climats, (1) que Max Weber a admirablement, et, à mon sens, fort bien décrite ce qui fait la particularité du capitalisme anglo-saxon (2) qui malgré tous les « thuriféraires de la décadence » n’est pas le nôtre !

Ce n’est pas critiquer les Américains, et l’actualité très récente le montre bien, que de considérer que le proverbe « right or wrong, my country » (3) continue d’avoir un sens pour eux, alors qu’il est incompréhensible pour un Français. C’est ce que l’on appelle tout simplement le management interculturel dans la lignée de Geert Hofstede. (4)

Les codes éthiques d’Enron, de Wordcom, les arrangements financiers de la justice californienne dans la fâcheuse affaire du Crédit
lyonnais et consorts sont là pour nous rappeler que justice, éthique, morale n’ont pas tout à fait le même sens des deux côtés de l’Atlantique !

Bon nombre de notations éthiques pour les « investissements responsables » qui y sont pratiquées, encore que la mode (c’est-à-dire le manque d’idées) nous  les apporte de plus en plus, n’ont normalement aucun sens pour nous : alcool, tabac, violence, sexe, …Ces notations, ces engagements sont souvent là pour satisfaire aux relations publiques et au marketing des groupes de pression internes plus qu’à un engagement réel des sociétés.

Il y a même souvent duplicité, tromperie, à mettre en place des politiques industrielles et commerciales qui ne visent qu’à contenter les puissants du moment, avec un management en fait totalement, « irresponsable » à moyen ou long terme. Cette pratique a déjà ses émules en France, depuis quelques années, aussi bien dans certaines grandes entreprises privées que dans le management directorial de certaines entreprises publiques ou semi publiques… les télécommunications naguère, les chemins de fer aujourd’hui. L’utilisation du  mot éthique dans les affaires, la pseudo recherche de satisfaction des « usagers/clients » masquent l’absence totale et réelle de morale de certains dirigeants  qui sacrifient de très belles entreprises à leurs soucis carriéristes.

Ce n’est évidemment pas cela que nous appelons le Management responsable et qui constitue un très complet et copieux dossier de ce
numéro double qui ouvre cette année anniversaire.

Ce dossier est le fruit d’une collaboration étroite entre notre rédaction et les organisateurs d’un colloque sur ce thème en 2004, à
Lyon, l’ESDES.

Comme le souligne Philippe de Woot dans un ouvrage récent et remarquable : « en matière d’éthique, l’évolution culturelle consiste à développer celle-ci comme une pensée qui imprègne les différents niveaux de l’entreprise et chacune de ses fonctions : finance, marketing, recherche, etc. » (5)

Dans cet esprit, nous avons sélectionné les meilleures contributions à ce Colloque et notre Comité scientifique de Lecture a effectué, comme à chaque fois, le choix final pour ne retenir que les articles que nous présentons ici.

La Revue de recherche… libre :

Permettez-moi de saluer ceux qui contribuent à faire de notre revue à la fois la référence académique dans la recherche managériale,
mais aussi à préserver son indépendance.

Qu’il me soit permis un mot particulier pour le Professeur Pierre Lassègue alors professeur à la faculté de Droit de Paris et Directeur de l’Institut d’administration des entreprises qui faisait parti du comité de patronage du premier numéro. Devenu depuis professeur émérite à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, il est à l’heure actuelle toujours  un éminent  et efficace membre du Comité Scientifique de Lecture présidé par Alexandre Baetche, lui aussi professeur à la Sorbonne, et qui ne compte jamais son temps et son action de directeur et d’âme du comité.  Il n’est pas possible de citer tous ceux qui furent du comité de patronage de la revue :

Universitaires, comme le Doyen Georges Vedel, le professeur Pierre Tabatoni de l’Université de Paris IX Dauphine, aujourd’hui membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, Jacques
Lesourne
qui présida ensuite aux destinées de notre confrère Le Monde ;

Grands commis de l’Etat, comme Pierre Massé, Commissaire au Plan, François Bloch- Lainé qui présida aussi aux destinées du Crédit lyonnais ou François Xavier Ortoli, qui fut également Ministre des Finances mais également président de la Commission européenne ou Olivier Giscard d’Estaing qui dirigea aussi le comité de perfectionnement de l’INSEAD ;

Grands patrons, comme Paul Huvelin, président du CNPF, Arnaud de Vogüe, Président de Saint-Gobain ; Gérard Chevalier, PDg de Cybel, mais aussi, et on leur réservera une attention particulière, Marcel Boiteux qui présida aux destinées d’EDF GDF après Pierre Massé, mais  avant, Pierre Gadonneix qui s’occupait alors de la rubrique stratégie et structure de la revue et qui est devenu depuis
président de GDF puis d’EDF…

Syndicalistes, comme G. Nasse  Secrétaire Général de la Confédération Générale des Cadres

Comme toutes les énumérations, celle-ci n’échappera pas à la règle des oublis que l’on ne me pardonnera pas… Citons pourtant encore
parmi les membres du comité de patronage ou du comité de rédaction : Michel Fitoussi, chargé des modèles économiques et dont on connaît la carrière…, Jean Bénassy, ingénieur général, qui avait en charge les questions de production et dont on retrouve des papiers recherche très récents, Henri Moingeon qui dirige la
recherche à HEC…

Rappelons bien que direction et gestion des entreprises est  née, en mars 1965,  de la volonté de Roger Labourier et de l’Institut de Contrôle de Gestion (ICG), devenu Institut Français de Gestion (IFG) et qu’elle a conquis son indépendance complète, depuis 1985, grâce à son rédacteur en chef d’alors, Jean-Pierre Gravier.

Nous n’appartenons de près ou de loin à aucun groupe financier, à aucun groupe d’entreprises, à aucune académie, aucune association,
aucune  fondation…

Nous n’avons aucune dépendance d’aucune école, université, groupe de pression ou coterie …

En un mot, et pour paraphraser le plus grand des Français du siècle dernier, nous n’appartenons à personne car nous
appartenons à tous
,… c’est-à-dire à  la Recherche managériale, riche, diversifiée, ouverte aussi bien aux  jeunes chercheurs qu’aux plus reconnus, aux hommes d’entreprise pour que la revue puisse « offrir à l’ensemble des Cadres de Direction, une publication qui fasse une synthèse utile également au spécialiste » comme Roger Labourier l’écrivait en 1965 (6) avec les obligations et les contrôles d’une véritable société de presse que nous sommes depuis l’origine.

Comme Michel Berry l’écrit,  nous appartenons à ceux qui «  en France et à l’étranger… pensent qu’il y a des voies fécondes en dehors du mainstream américain. » (7)

Généraliste, mais toujours référence dans chacun des domaines traités, la revue s’est étoffée, internationalisée. Elle est devenue la
référence francophone dans tous les domaines de la recherche et de la pratique managériales, tant pour les entreprises que pour les organisations au sens le plus vaste.

C’est sur le site de recherche universitaire et américain www.proquest.com de Abbi inform que nous comprenons toute la responsabilité  internationale qui est la nôtre.

C’est pour rendre cette action et cette présence internationales plus lisibles que nous sommes devenus La RSG, La Revue des Sciences de Gestion, en conservant bien entendu notre titre originel, direction et gestion des entreprises.

Publier la recherche managériale en français, c’est-à-dire les travaux de chercheurs qui pensent que la culture francophone et européenne a un sens, quel que soit le pays auxquels ils appartiennent ou dans lequel ils travaillent sont une vaste et difficile mission.

La gestion : instrument au service de la domination géopolitique.

Le mot n’est pas trop fort en effet, puisque, comme le montre si bien notre confrère Michel Berry, qui s’opposait à juste titre au classement surprenant et dénué de bon sens des revues, fait par une commission Théodule  du CNRS  faisant la part belle aux revues américaines et plaçant en 4e catégorie, les revues françaises pour autant qu’elles étaient nommées !

Citons encore,  le directeur de Gérer et Comprendre : « Comme beaucoup, j’ai été abasourdi par le classement des revues d’économie et de gestion publié récemment par la commission 37 du CNRS : comment peut-on à ce point nier l’identité du CNRS et est-ce vraiment le moment de s’aligner, en gestion, sur les nonnes dominantes américaines, alors même qu’elles sont l’objet de remises en cause aux USA ? » (8)

Comme nous ne recevons pas de subventions de ce comité, d’ailleurs composé essentiellement de personnes qui ne font pas de gestion…
notre revue n’est jamais classée…

Avec humour, ces doctes apôtres de la recherche publique se  retrouvent aux côtés de Libéraux de tout bord qui ont déjà admis, selon les mots de Léon Bloy, l’auteur impérissable du « Salut par les Juifs » (9)  que leur adversaire a raison et qu’il vaut mieux passer avec armes et bagages à l’anglo américain et à ses pratiques entrepreneuriales. (10)

Sans aller jusqu’à lancer l’anathème, rappelons-nous ce qu’écrivait déjà en 1927 Julien Benda ; « La loi du clerc est, quand l’univers entier s’agenouille devant l’injuste devenu maître du monde, de rester debout et de lui opposer la conscience humaine. »
(11)

« Le parti de l’Etranger » n’est jamais vraiment mort…

Que dire des gouvernements successifs : Qui du Ministère de la Culture et de la Communication arc-bouté sur les « arts » ou
le  Ministère de la Recherche, plus archaïque encore dans son positivisme scientiste, ne comprend pas que « Les Etats-Unis consolident leur domination à travers le savoir en science managériale », comme le rappelle si bien Jean-Claude Thoening qui ajoute : «  De même que leurs normes comptables s’imposent à ous les pays, la formation en gestion devient géopolitique. » (12)

Il existe bien une idéologie gestionnaire telle que la décrit pour la stigmatiser Vincent de Gauléjac  dans un très récent et très roboratif ouvrage. (13)

Sans partager toutes ses convictions, il faut être conscient que, dans une économie mondialisée, la recherche managériale est bien un
enjeu de domination  et que la première chose offerte par George W. Bush aux Irakiens consiste en  des bourses d’études en gestion aux Etats-Unis. (14)

Comme le rappelle encore Jean-Claude Thoenig : «  ce sont les rentes académiques (qui) induisent des rentes financières. » (15)

La Recherche en gestion : outil de management interculturel

Plus pragmatiquement, nous relevons ce que  souligne avec justesse Richard D. Lewis, « la question vitale est de savoir comment l’esprit est culturellement conditionné… » (16) aussi  pensons-nous que le management interculturel signifie d’abord qu’il existe une coexistence des cultures, y compris dans celui de la gestion des entreprises.

La langue est à l’évidence un des éléments déterminants, il est donc indispensable, que promoteur d’une pensée managériale
euro-méditerranéenne, La Revue des Sciences de Gestion,
bien que fondamentalement et intrinsèquement  francophone, cherche à
développer son audience auprès de publics toujours plus variés et souvent non francophones.

A partir de ce numéro, les articles sélectionnés et publiés seront précédés, non seulement de résumés en anglais comme cela était le
cas depuis fort longtemps, mais également dans la langue de Cervantès dont nous célébrons cette année aussi l’anniversaire.

Bâtir la recherche managériale euro méditerranéenne, non pas contre les autres cultures mais à côté et en collaboration avec elles, en
particulier l’anglo américaine, tout en demeurant certains de son droit à l’existence propre, originale  et autonome, est notre but depuis
1965.

Faire commencer cette année anniversaire par un dossier sur le management responsable  et ses implications, voilà qui me conduit à  laisser conclure Julien Benda : « il existe des hommes qui veulent unir les peuples, des hommes qui pensent à “faire l’Europe”. Je ne m’adresse pas à tous. Parmi ces hommes certains cherchent ce que l’Europe devra faire pour exister dans l’ordre politique, d’autres dans l’ordre économique, d’autres dans l’ordre juridique. Je n’ai point qualité pour retenir leur audience. D’autres pensent à la révolution qu’elle devra accomplir dans
l’ordre intellectuel et moral. C’est à ceux-là que je parle. »

« Bien entendu, je ne viens pas nier les graves transformations économiques que l’Europe devra réaliser pour se faire. Je dis que ces transformations ne lui seront vraiment acquises, ne pourront être tenues pour stables que lorsqu’elles seront liées à un changement profond de sa moralité, de ses évaluations morales. »

(1) Hafid – Martin (Nicole) : Evolution et critique de la théorie des climats à travers le XVIIIe siècle en France. Du déterminisme géographique à la liberté politique. Acura di Paolo Quintili – quintili@lettere.uniroma2.it (2001).

(2) Weber (Max) : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Erfurt (1904-1905), traduction française, Gallimard (2003).

(3) cité par  Fèvre (Jean-Marie) : Manuel de gestion interculturel. Sarreguemines (2004).

(4) Hofstede (Geert) :Culture’s Consequences, Comparing Values,
Behaviors, Institutions, and Organizations Across Nations
Newbury Park, CA: Sage Publications (1980) ; 2nd Edition; (2003)- édition renouvelée et enrichie de l’édition de 1980, Culture’s Consequences : International differences in work-related
values
.

(5) Woot (Philippe de) : Responsabilité sociale de l’entreprise. Faut-il enchaîner Prométhée ?
Economica, Paris (2005).

(6) Labourier (Roger) : Direction et gestion des entreprises. N°1, mars-avil 1965

(7) (8) Berry (Michel) : Classement des revues : le CNRS va-t-il perdre son âme ? Lettre ouverte au CNRS.
(2003)

(9) Bloy (Léon) : Le Salut par les Juifs. Paris, Adrien Demay, 1892, iii-143 p. Édition nouvelle revue et corrigée par l’auteur, Paris, Victorion, 1906, vii-163 p.

(10)  voir la démission de Thomas Legrain,  PDg de Coach’ invest, de l’association des diplômés de l’ESSEC dont il était le vice-président.  A la suite de son article dans les Echos,  4 mars 2005 (Grandes écoles de gestion : oser le débat ! ).

(11) Benda (Julien) :La  Trahison des clercs, Paris (1927). Julien Benda dénonce la capitulation des intellectuels français.

(12) Thoenig (Jean-Claude) : Décider, gérer, réformer. Les voies de la gouvernance. Revue Sciences humaines, n° 44 (hors série), mars-avril-mai 2004.

(13) Gauléjac (Vincent de) : La société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social. Seuil, Paris (2005).

(14) Thoenig (Jean-Claude) : ibid.

(15) Thoenig (Jean-Claude) : ibid.

(16) Lewis  (Richard D.) When Cultures Collide : Managing Successfully Across Cultures; Published by Nicholas Brealey,
Londres (1996) 2ème édition ( 2001).

(17) Benda (Julien) : Discours à la nation européenne. Gallimard, Paris (1933)

n°263-264 La comptabilité dans tous ses états

consultersommaire

Editorial : Comptez sur moi ! Count on me ou trust me ?

par Aude d’Andria – Rédactrice en chef
et Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

aude d andriaPhilippe NaszalyiCompter ou faire confiance ? Ce jeu de mot, plus compréhensible en anglais, pose bien les fondements de toute pensée, toute action en matière de chiffres. Sont-ils indicateurs ou résultats des organisations ?

C’est un fait, nous vivons dans un monde de chiffres. Et chaque jour, nous sommes davantage sommés de devoir rendre des comptes. Ce qui nous semble familier nécessite cependant d’être réinterroger afin d’envisager des perspectives renouvelées.

Or, et c’est bien là le fond du problème, quel crédit, c’est-à-dire quelle confiance leur accorder ? Car, ne nous y trompons pas, dès lors qu’il s’agit de vouloir quantifier la vie, résumer l’action, réduire la part d’erreur de l’appréciation humaine, le risque est grand alors de scléroser l’innovation, l’intelligence et l’efficience… Comme le souligne d’ailleurs Hervé Dumez dans l’ouvrage collectif qu’il coordonne1, la tendance actuelle pousse à devoir rendre des comptes de façon quasi continue, de sorte que s’installe la confusion entre la définition des objectifs et la construction de l’action. Par conséquent, plus il est demandé de rendre des comptes, et ce en permanence, et plus il devient difficile de prendre des risques et de laisser la place à la créativité même de l’action. Évidemment, il ne s’agit pas de contester l’idée louable de vouloir fixer des objectifs, fussent-ils chiffrés, et de rendre des comptes « aux parties prenantes », mais bien de questionner l’idée de la pertinence de la conformité qui bien trop souvent ne rime pas avec efficacité.

Dans un tel contexte, la loi sur les universités et son application en France par ceux qui avaient tant vilipendé l’autonomie et l’omni président (d’université), donne le pouvoir mortifère aux mauvais gestionnaires que sont tous ceux qui ne savent pas ce que gérer veut dire… « Une chose trop sérieuse pour être confier à des économistes2 » raillons-nous ; il y a quelque temps… en paraphrasant Clémenceau ; plus en vogue que jamais ! Nous étions prémonitoires pour certaines universités françaises, voire pour certains ministères…

Or, à vouloir tout quantifier, comme si les chiffres possédaient par eux-mêmes des vertus intrinsèques, il est à craindre qu’ils finissent par manquer la cible et incitent à « lâcher la proie pour l’ombre ». Ainsi comme l’illustrait au tout début du siècle dernier dans ses mémoires sur sa famille, M.J.-D. Rockefeller racontait comment « ayant commencé ma vie comme teneur de livres, j’ai toujours eu le plus grand respect pour les chiffres, et mes carnets de jardinage ont toujours été tenus avec la même scrupuleuse régularité que les registres d’une maison de commerce. De tout temps, nous avons eu, dans la famille, l’habitude de tenir une comptabilité en règle de chaque végétation particulière dans chacune de nos propriétés » (M.J.-D. Rockefeller, 1908)3. Loin d’être anecdotique, cette allégeance inconditionnelle aux chiffres annonçait déjà à sa façon la croyance dans un ordre comptable, omniprésent en ce monde néo-monétariste et le « reporting » à tout va.

Ne s’improvise pas gestionnaire qui veut ! La gestion, loin d’être une vision comptable sommaire, comme la regardent parfois avec dédain certains Trissotins, est tout à fois stratégie, organisation et management, en un mot : « direction ». Elle est également, et ce numéro le montrera, travail au plus près du terrain et de son intelligence par une appréhension méthodique : « gestion » dans son deuxième sens : direction et gestion des entreprises, notre titre originel de 1965 et notre sous-titre depuis 1997.

Doyenne des revues françaises de gestion, La Revue des Sciences de Gestion, direction et gestion des entreprises s’est toujours donnée pour ambition d’être un espace de diffusion des idées, des courants de pensée, des méthodes… qui naissent et se développent dans tous les domaines qui intéressent la vie des organisations (entreprises, associations ou organismes publics…). Aussi, la revue se réjouit-elle de son classement par la FNEGE 2013. Classement aux vertus rassurantes auprès des (jeunes) chercheurs, de leurs laboratoires et plus largement pour les institutions à la recherche d’étoiles et d’accréditation en tout genre, il nous rappelle sans cesse aux responsabilités qui sont les nôtres. Bien évidemment, la vie et le rayonnement de notre revue ne s’arrêtent pas à son classement. Il induit également de nouvelles contraintes que nous ne pouvons nier.

Ainsi, certains auteurs se sont-ils émus des retards dans la publication des derniers numéros ainsi que des délais accrus dans l’évaluation de leur manuscrit. Ils ont eu raison. Revue internationale francophone de premier plan, tant de par l’origine de ses contributeurs que de ses évaluateurs, La Revue des Sciences de Gestion doit faire face à un flux quotidien d’articles pour évaluation, révision, et publication. Aussi œuvrons-nous actuellement à réduire du mieux possible l’ensemble de la chaîne. Chacune de ses étapes repose sur des valeurs qui mobilisent des ressources, d’abord et surtout humaines, des compétences et des expertises, de l’investissement en temps de relecteurs désintéressés et si peu valorisés… Nous remercions chaleureusement les très nombreux collègues qui ont répondu positivement en accompagnant notre démarche fondée sur le partage à la collectivité.

Et nous réaffirmons ici que l’esprit de la revue est bien de présenter la recherche en gestion au plus près du terrain et non celle qui, de recensions en résumés, sclérose tout par son académisme poussiéreux qui n’innove en rien.

C’est donc à raison et avec légitimité que, pour clôturer l’année 2013, l’équipe de direction éditoriale deLa Revue des Sciences de Gestion a décidé de consacrer ce dernier numéro à la thématique de la comptabilité, cette « science des comptes » comme la dénomme Georges Reymondin dans une publication de Société Académique de la Comptabilité paru en 19094. Aussi surprenant que cela puisse paraître elle n’avait pas fait l’objet d’aucun éclairage spécifique depuis l’origine de notre revue et nous sommes heureux que la « comptabilité dans tous ses états », après les « diversités de la gestion » et la mise en perspective du « marketing avec les cultures », clôture cette année de l’innovation dans des domaines souvent laissés pour compte. Et pourtant, l’innovation managériale comme le présentait il y a 10 ans déjà, à la suite de sa thèse de 1992, Simon Alcouffe, trouve aussi son origine en comptabilité5…

Historiquement, la comptabilité plonge ses racines dès le IVe millénaire avant JC où l’on en retrouve les prémisses sur des tablettes d’argile et des papyrus. On en retrouve les traces d’abord en Mésopotamie et en Égypte, puis en Grèce et dans l’Empire romain. Par conséquent, comptabilité et écriture ont longtemps été intimement liées6. Pour autant, bien que l’activité comptable au sens de « décompte des valeurs » soit l’une des plus vieilles activités du monde, elle ne se limite pas seulement à l’enregistrement des actes commerciaux. Plus qu’un moyen d’écriture, elle est aussi et surtout porteuse d’une démarche politique et pour laquelle il convient d’en décrypter le sens.

Ce double numéro est donc aujourd’hui l’occasion de mettre en lumière les spécificités anciennes et nouvelles de la comptabilité.

Quatre dossiers le composent. Ils encadrent le cahier central, fruit d’un excellent colloque sur « le désordre, une vertu créatrice ? » et pose en perspective l’ordre, le désordre…

le chaos, sans bien sur le résoudre totalement7et inscrit un paradoxe dans cet « ordre » apparemment immuable qu’est la comptabilité.

Le premier dossier intitulé « Modernisation comptable et sphère publique » s’intéresse aux liens entre la comptabilité et les répercussions de sa prise en compte par la puissance publique. Différents niveaux du déploiement de la sphère publique sont analysés. Madina Rival et Olivier Vidal ouvrent ce premier dossier en s’interrogeant sur les liens nombreux et complexes entre la comptabilité et la politique. Simon Wangani explore la logique actuelle des fusions dans les organisations publiques et illustre sa recherche par l’étude au sein d’une organisation publique d’insertion professionnelle « Pôle Emploi ». El Mehdi Lamrani se focalise sur la mise en place d’une démarche ABC au sein d’une mairie française. Comme en écho avec les trois premiers articles, Sabrina Bellanca et Julien Vandernoot nous éclairent sur les réformes entamées pour moderniser la comptabilité publique belge en particulier et leurs conséquences sur l’ensemble du système comptable en général.

Le deuxième dossier intitulé « Comptabilité et réglementations » s’intéresse quant à lui aux différents impacts des nouvelles réglementations comptables et financières. Christophe Collard et Christophe Roquilly placent leur analyse au niveau des risques juridiques et réaffirment l’importance d’une collaboration étroite entre toutes les fonctions de l’entreprise. Faïza Bouguerra poursuit la problématique de la gestion du risque de défaut en réinterrogeant la responsabilité des agences de ratings et la faillibilité de leur notation. Complétant cette dimension, Xavier Brédart revient sur la multiplication des codes et des lois de gouvernance. Il rappelle leur vocation première à savoir la volonté de renforcer les mécanismes de contrôle mais souligne que leur caractère inopérant impose d’explorer des pistes alternatives fondées sur la diversité et la « compliance ».

En réponse Benoit Pigé et Robert Sangué-Fotso illustre la mise en place d’une gouvernance des transactions d’une exploitation forestière au Cameroum. Et Fabrice Roth conclut ce dossier par une réflexion d’un modèle « biologique » de l’organisation.

Le troisième dossier intitulé « Informations comptables et transparence » interroge sans concession la question de la confiance que l’on peut accorder aux procédures et résultats comptables et des possibles manipulations de l’information comptable, sous couvert de transparence. Aubry Springuel et Romain Zerbib entament ce troisième dossier. Ils pointent le rôle des médias de référence sur les marchés financiers et tout particulièrement l’influence des informations issues du Wall Street Journal sur la valeur des titres et des volumes échangés lors d’une nouvelle introduction en bourse. De la même manière, Olfa Nafti et Olfa Errais poursuivent sur les possibles manipulations du fait d’un usage discrétionnaire des informations comptables par les dirigeants dans le cadre de l’application des normes IAS-IFRS. Ce que corrobore d’ailleurs Yosr Hrichi dans son analyse sur la gestion des résultats de 100 entreprises françaises du SBF 120. De même, les innovations comptables ne sont-elles pas sans conséquence sur la perception de l’activité d’une entreprise. Comme le montre Narjess Hedhili, la méthode « du temps requis pour exécuter les opérations » ou « time driven activity based costing » (TD ABC) apporte une simplification appréciable à la méthode ABC (comptabilité à base d’activité) pour les praticiens pour peu qu’ils en maîtrisent les principales différences au niveau du cheminement pour le calcul du coût de revient. Pour autant, reste la question des divergences observées entre comptabilité et fiscalité. En contexte tunisien, Ines Bouaziz Daoud et Mohamed Ali Omri montrent que les dirigeants optent pour un comportement opportunisme où les choix comptables et fiscaux leur permettent de s’approprier de la richesse tout en réduisant si possible la charge fiscale. Il en va de même concernant la prise en compte des catastrophes de nature environnementale. Karima Bouaiss, Jean-Philippe Lafontaine et Jean-Laurent Viviani montrent à ce sujet que les accidents industriels n’ont que très peu d’impact sur les cours boursiers des grandes sociétés qui les provoquent. Concernant plus particulièrement les conséquences de deux accidents industriels imputables en partie à l’entreprise Total (Erika, 1999 et AZF, 2001), les auteurs montrent que les parties prenantes ont été plus sensibles aux conséquences humaines (i.e. l’explosion de l’usine AZF, 2001 sur Toulouse a fait 31 morts et 2500 blessés) qu’environnementales (i.e. le naufrage de l’Erika a provoqué une des plus grandes marées noires que la Bretagne ait jamais connue). Ils relativisent toutefois le réel impact sur la valeur boursière d’une entreprise comme Total.

Le quatrième et dernier dossier intitulé « Méthodes comptables et performance » clôture de ce numéro. L’article de Jonathan Bauweraerts et Olivier Colot porte sur la mesure de la performance des entreprises familiales (EF) et met en exergue les aspects de rentabilité, de solvabilité et de liquidité. Les auteurs montrent notamment qu’en contexte belge, les EF affichent des niveaux de rentabilité commerciale supérieure avec des conséquences positives en termes d’autofinancement, d’endettement et de liquidité. De son coté, Jean-Paul Méreaux analyse les processus d’intégration ou non des systèmes comptables à l’issue de fusions-acquisitions. A partir d’une étude sur les 7 dernières acquisitions d’un groupe de vins et spiritueux pour la période 1992-2007, ils montrent que le degré d’intégration dépend de la volonté chez le groupe acquéreur de ne pas uniformiser en fonction de la taille et du niveau de performance des systèmes comptables des entreprises acquises. L’article d’Azzouz Elhamma revient sur la perception des responsables d’entreprises dans un contexte marocain et confirme que le système de comptabilité par activité entraîne une meilleure performance pour les entreprises qui l’ont adopté.

Pour finir, Mouna Ben Rejeb Attia examine les déterminants de la relation entre le lissage comptable du résultat et la couverture du risque par les produits dérivés et met en avant l’importance des effets d’opportunités dans les choix comptables.

Gageons que ce numéro consacré à « la comptabilité dans tous ses états » fournisse à ses lecteurs de stimulantes et nouvelles réflexions. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà »8 comme l’écrivait Pascal, paraphrasant Montaigne9 ou poursuivant plutôt cette idée que la perception de certaines vérités reste dépendante de nombreux facteurs. Il signifiait déjà que ce qui est une vérité pour les uns à un moment ou un lieu donné ne l’est peut-être pas pour les autres. « Ce que l’Europe admire, l’Asie le punit, ce qui est un vice à Paris est une nécessité quand on a passé les Açores. Rien n’est fixe ici-bas, il n’y existe que des conventions qui se modifient suivant les climats ». Telle est la philosophie de l’argent et de ses lois qu’expose « l’illustre Gobseck10».

Ainsi, en va-t-il de la comptabilité en particulier comme de la gestion en général, plus qu’une question de culture ou de géographie, le débat est aussi sans aucun doute celui d’une époque !

À toutes et à tous, nous vous souhaitons une très bonne lecture et une très bonne année 2014 !

Dernière année avant le cinquantenaire de notre revue !

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1. Hervé Dumez (sous la dir.), Rendre des comptes : nouvelle exigence sociétale, Dalloz-Sirey, coll. Présaje, mars 2008, 149 p.

2. « L’entreprise est une chose trop sérieuse pour être confiée à des économistes ? », La Revue des Sciences de Gestion, 2006/3 (n° 219), https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RSG_219_0005.

3. Extrait de : « Les mémoires des Rockefeller », Journal Le Matin, 17 novembre 1908, cité par G. Reymondin (1909) à la page 15. 4. Georges Reymondin (1909), Bibliographie méthodique des ouvrages en langue française paru de 1543 à 1908 sur la science des comptes, Publications de la Société Académique de la Comptabilité, Réimpression de l’édition de Paris, 1909.

Ouvrage consultable : target= “_blank”>http://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=0-SopGbRjRsC&oi=fnd&pg=PA5&dq=ouvrage+sur+histoire+de+la+comptabilit%C3%A9&ots=p6-gSWPtZ0&sig=0Jx4Ok6i3xguoDPlUm2qPh2_k20#v=onepage&q=ouvrage%20sur%20histoire%20de%20la%20comptabilit%C3%A9&f=false.

5. Simon Alcouffe, (2003) « La Recherche et les innovations managériales en comptabilité et en contrôle de gestion : proposition d’un modèle théorique intégrant les perspectives de diffusion, d’adoption et de mise ne oeuvre de l’innovation », http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/58/78/23/PDF/Alcouffe.pdf.

6. Comme le rappellent François Engel et Frédéric Kletz (2007), dans leur ouvrage initiatique sur la comptabilité générale, il s’agissait à l’origine de trouver le moyen de suivre sur un compte le flux des biens entrants et sortants afin de garder trace des échanges. La comptabilité était alors l’affaire des propriétaires terriens, des marchands, des administrateurs des temples, des banquiers, et plus près de nous, des commerçants de la fin du Moyen Age et de la Renaissance. Ce sont les intendants qui ont eu pendant longtemps la charge de la comptabilité chez riches ; en étaient le plus souvent leurs esclaves, certes érudits mais esclaves tout de même. François Engel, Frédéric Kletz (2007), Comptabilité générale, Presses de l’École des Mines. Ouvrage consultable : http://direns.mines-paristech.fr/Sites/ComptaG/co/comptagenerale_ULcg01.html.

7. Colloque international ISEG Group qui s’est déroulé à la Maison de l’Europe à Paris le jeudi 11 avril 2013.

8. Pascal, Pensées 294 (1re partie, chap. De la justice. Coutumes et préjugés).

9. Montaigne, Essais, livre II, ehap. xn ; éd. Lefèvre, 1823, t. III, P, 304.

10. On notera qu’avant d’être un roman éponyme de la vaste Comédie humaine de Balzac, l’ouvrage parut dès 1830, sous le nom de « L’usurier », puis dans le Journal « Le Voleur », en 1830 !

n°285-286 – « Un trait d’Union ! »

« Un trait d’Union ! »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Au moment où de nombreux signes laissent à penser qu’enfin, notre plus fidèle ennemi, songe à prendre le large en bénéficiant de son insularité, la plus ancienne des revues francophones académiques de gestion, décide de tenter un « trait d’union » en publiant, pour la 1re fois un cahier en langue anglaise, consacré justement à « cultures and management ».
Il faut bien reconnaître que l’utilisation par l’anglais de ces deux mots d’origine latine ne peut qu’inciter à se laisser convaincre.

Le numéro précédent (284) était une porte ouverte sur la « philosophie et le management », ce numéro (285-286) ouvre une deuxième et certainement pas une seconde, porte culturelle.

J’ai tenu à ce qu’elle prenne tout son sens en enserrant ce cahier anglais, de deux dossiers où les Hommes (sans « écriture inclusive ») sont au centre des réflexions comme cela devrait l’être dans toute action humaine : « Hommes et entreprises » et « les commerces et les hommes », petit clin d’œil au magazine des anciens élèves d’HEC.

Ce cahier en langue anglaise, je l’ai confié à une femme, Mounia Benabdallah comme rédactrice en chef invitée car elle a su proposer un trait d’union entre les deux rives de la Manche ou de l’Atlantique, par la langue, mais aussi, entre les rivages lumineux de la Méditerranée. Les six articles proposés le sont au bout de la sélection assez impitoyable et longue de La RSG. C’est la cause de nos retards à publier, fréquents.

L’évaluation des papiers, avec une triple sélection constitue notre originalité. Elle est le gage que nous respectons les canons de la recherche, la vraie, pas la publiométrie.

Cette dernière est appelée à court terme à faire « flop », comme toutes les bulles malsaines. Ne dit-on pas en langage boursier : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Il y a 10 ans tout juste dans un éditorial sur la crise financière que nous pensions, mieux que les Attali, Minc et autres, devoir advenir , « la banqueroute est au coin de la rue », nous évoquions déjà cette vérité cousue au coin du bons sens[1] .

La faute par excellence, depuis l’ὕϐρις (hybris) des tragiques grecs, la démesure,  toujours et sans cesse recommencée, amène les idiots utiles de toutes les collaborations, de tous les colonialismes, de tous les renoncements à chercher à inventer des tabourets pour essayer d’être enfin, un peu, quelque chose, puisqu’être quelqu’un leur est définitivement fermé.

Les classements, les rankings, les awards sur tous les sujets, les records, mêmes les plus stupides qui ravalent parfois l’homme à la bête, sont ces choses inutiles et dangereuses qui servent de tabourets pour ceux qui s’adjugent un pouvoir de classer les autres !

Tant que comme l’enfant, nous n’ouvrirons pas les yeux pour dire tout simplement « le roi est nu », nous continuerons, comme des sots à faire la cour ou à révérer ces monstres de vacuité que sont ces différentes « agences ou officines de notation » dont quelqu’un enfin posera t’il la question de leur légitimité.

On enseignait jadis dans les écoles publics de la République, cette célèbre réplique du vigoureux comte Adalbert de Périgord à son nouveau roi Hugues Capet « qui t’a fait roi ? »

Il manque à ce temps pas mal de vigueur et de courage !

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[1] « La banqueroute est au coin de la rue ou les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! » du n° 224-225, mars-juin 2007, pages 5 à 8,

n°284 – « Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher… »

« Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher, ni, parce qu’il est vieux, ne se lasse de philosopher  »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

« L’animal homo sapiens aurait cessé d’exister, s’il n’avait pas créé en même temps, à travers je ne sais quel processus, probablement une sorte de processus de sélection néo-darwinienne, quelque chose de radicalement nouveau dans tout le domaine naturel et biologique, à savoir la société et les institutions. Et l’institution impose à la psyché la reconnaissance d’une réalité commune à tous, régulée, n’obéissant pas simplement aux désirs de la psyché[1].

Comme toutes les sciences qui s’intéressent aux communautés humaines, la gestion (ou le management) n’est pas exempte de s’interroger sur son propre construit social et ses valeurs. Tout comme « l’homo economicus », cher aux néo-libéraux est un mythe, hélas toujours révéré par quelques idiots utiles parfois encore proches du pouvoir, il existe bien une mythologie ou des postulats en management comme James G. March [2] l’a fort bien démontré dans son excellente métaphore avec le Don Quichotte.

Dans ses enseignements, il démontre bien que le manageur ne peut pas, et loin de là, se contenter d’apprendre les techniques de gestion. Il doit se confronter aux questions fondamentales de l’existence, et celles-ci sont mieux abordées dans les grandes œuvres de la littérature que dans les manuels de gestion. Ainsi, la lecture de Guerre et Paix et de Don Quichotte permet-elle de développer une capacité d’appréciation critique qui complète les techniques.

Comme dans toute organisation politique, les cadres dirigeants rencontrent des dilemmes moraux liés au pouvoir, des questions d’équilibre entre la vie privée et les devoirs publics, entre l’habileté et l’innocence, entre la diversité et l’intégration, entre l’ambiguïté et la cohérence, entre l’expression de la sexualité et son contrôle. Ils doivent considérer les moyens d’encourager l’exploration d’idées déviantes souvent mauvaises et presque toujours inefficaces à court terme, mais qui permettent à l’organisation de s’adapter à un environnement changeant et de surmonter les crises.

Face à l’hostilité du monde et à l’insignifiance de leurs actions, les manageurs que nous montre James G. March ne sont pas mus par l’espoir de conséquences favorables et de récompenses mais par les plaisirs quotidiens de l’action qui leur permet de découvrir, d’affirmer et de faire partager une identité et une interprétation du monde enthousiasmantes [3].

C’est aussi la pensée d’un philosophe contemporain François Jullien lorsqu’il constate que « l’efficacité est d’autant plus grande qu’elle est discrète. Le sage transforme le monde parce qu’il laisse émaner de sa personnalité, de jour en jour, de proche en proche, sans avoir à se faire valoir ni à se poser en exemple [4] ».

Les 10 et 11 mai 2016 se tenait à Metz, le 4e Congrès Philosophie(s) du Management à l’ESM-IAE sur le thème « Management et philosophies de l’Antiquité ».

Parce que notre revue est curieuse de tout ce qui concerne les sciences de gestion et cela depuis plus de 52 ans, nous avons tout naturellement répondu très favorablement aux organisateurs et accepté de publier dans nos colonnes les meilleures communications.

Le Comité scientifique du colloque et nos évaluateurs, rappelons que seule de toutes les revues, nous procédons à 3 évaluations dont au moins une par un spécialiste qui n’est pas hexagonal, ont retenu 7 des 75 communications qui ont été présentées…

Qui dira plus sélectif dans ce monde du classement où la légitimité des institutions qui s’autorisent à classer les autres est plus qu’à démontrer… et il n’y a pas que Shanghai !

Pour introduire ce numéro spécial enchâssé dans La RSG, et en partenariat avec notre consœur la RIPCO [5], nous avons confié à Baptiste Rappin le soin de l’orchestrer.

Pour commencer, nous avons souhaité intégrer trois articles initiaux à cette thématique :

  • une réflexion très actuelle sur « reconnaissance de la propriété intellectuelle des enseignants-chercheurs » se complète
  • d’une étude de « l’impact de l’acculturation sur le changement de matérialisme » et s’achève
  • par une analyse éthique sur les déterminants de la communication responsable sur internet… pour les entreprises françaises.

Défendre une autre idée de la publication en management et son excellence, la vraie, pas celle de la bibliométrie et quelqu’autre re-construction du gigantisme de l’Armée rouge au nom de l’insertion dans des classements bidons, est bien notre « génome » !

Empruntons encore au philosophe et sinologue qu’est François Jullien, la morale de ce numéro lorsqu’il répondait à une question de journaliste : « « D’autre part, « défendre », je l’ai dit, s’entend de façon active. Y compris sur des points qui paraîtront minimes : le subjonctif, la classe de philosophie et le latin. On a abandonné le latin et le grec par paresse et complaisance idéologique. Pourtant, il y a là une ressource essentielle, qu’on a expérimentée aussi en banlieue. L’épreuve de philosophie au bac me paraît aussi ressource. Non au nom d’une singularité française mais parce qu’apprendre à disserter, en envisageant le pour et le contre, forme à la citoyenneté. Une ressource n’a pas besoin d’être vantée, elle se mesure au profit que l’on peut en tirer. »

Décidément, avec Aristote, nous pouvons conclure « s’il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher [6] ».

______________________

* Épicure, Lettre à Ménécée (122) : Μήτε νέος τις ὢν μελλέτω φιλοσοφεῖν͵ μήτε γέρων ὑπάρχων κοπιάτω φιλοσοφῶν. ; Ἐπίκουρος ; ΕΠΙΣΤΟΛΗ ΠΡΟΣ ΜΕΝΟΙΚΕΑ.

[1] Cornélius Catosriadis (1986), Les carrefours du labyrinthe II, Le Seuil, 1986, p 40

[2] James G. March. (1999), Les mythes du management », Gérer et comprendre, n°57, p. 4-12.

[3] Thierry Weil (2004), Le leadership dans les organisations : Un cours de James March, préface de JC Thoenig, Les presses de l’Ecole des Mines de Paris

[4] François Jullien, (1992), La Propension des Choses, Paris, Le Seuil, 320 pages

[5] Revue Internationale de Psychosociologie et de Gestion des Comportements Organisationnels

[6] [pour démontrer qu’il ne faut pas philosopher]. Protreptique, Frag. 2 Ross

n°289-290 – « Objets inanimé, avez-vous donc une âme »

« Objets inanimé, avez-vous donc une âme », ou Psyché en sciences de gestion

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Faire cohabiter Lamartine avec John Venn est en quelque sorte le pari de ce numéro qui inaugure 2018. Il y a bien longtemps que les sciences de gestion utilisent le diagramme que ce mathématicien britannique mit au point et publia en 1881 [1]. Pour mémoire, et sans aucun rapport apparent, c’est cette même année que le Législateur français instituait enfin, la liberté de la presse.

Il y a malgré tout plus d’un lien entre les deux. D’abord, La RSG est, depuis sa création en 1965, ce qui en fait la plus ancienne revue académique francophone de gestion, un organe de presse. Cela en fait une rareté au milieu du paysage des autres publications.

Certains évaluateurs ont tendance à ne pas prendre en considération cette particularité lorsqu’ils s’avisent de classer les revues. C’est à coup sûr une grave méconnaissance des réalités ou plus grave, une volonté de les ignorer. Respecter depuis 52 ans les obligations qu’on exige, et de plus en plus, de la presse, est un facteur qui garantit déontologie et indépendance. Nous ne sommes pas l’excroissance plus ou moins cachée d’une quelconque institution, si honorable soit-elle. Si nous devons notre naissance en partie à l’Institut de contrôle de gestion (ICG), devenu Institut français de gestion (IFG), nous en sommes séparés depuis 1985 et sommes, fait encore plus rarissime, une société et non une association, une entreprise donc qui remplit là aussi les obligations de transparence que l’on exige d’elle.

Connaître la gestion de l’intérieur et répondre au cahier des charges de la Commission paritaire des publications et agence de presse (CPPAP) qui tous les 5 ans vérifie que La RSG est bien organe de presse, est bien notre caractère propre.

C’est cette indépendance qui amène nombre d’auteurs à nous soumettre par priorité leurs papiers pour que nos TROIS évaluateurs, dont l’un est hors de l’Hexagone, valident leur recherche. Qui d’autres ?

C’est cette volonté de qualité que nous avons imposée à toute contribution acceptée, d’être l’objet d’une double relecture pour que toutes les sources citées soient vérifiées. Qui d’autres ?

Publier à La RSG, est donc un long chemin, plus long que chez nombre de nos consœurs, et en tout cas plus difficile aussi que chez plusieurs revues anglo-américaines, dont le seul fait d’être publié en anglais, est considéré comme un critère qualifiant, alors qu’il n’est qu’un aveu de veulerie de ces classeurs. « La trahison des Clercs » n’est plus celle que J. Benda dénonçait en 1927, mais elle est toujours la tentation devant l’apparent plus puissant devant lequel s’agenouille toujours le colonisé en esprit.

C’est cette indépendance qu’en France ou hors de France, ceux qui entendent se tourner vers une recherche originale ou innovante, que demandent les institutions qui sollicitent notre partenariat pour organiser un colloque ou des journées d’études. Nous sommes parcimonieux et c’est gage de qualité pour nos lecteurs.

Nous sommes heureux et fiers, par exemple d’avoir compris avant bien d’autres, l’importance de la RSE et d’avoir été les seuls à ouvrir nos colonnes à l’ADERSE pour publier les actes de son premier congrès[2].

Indépendance et qualité sont donc congénitalement notre marque de fabrique. C’est pour cela que nous sommes toujours inquiets que l’on cherche à restreindre cette liberté de la presse déjà pas mal entamée depuis 30 ans sous des prétextes plus spécieux les uns que les autres !

Indépendance et qualité sont aussi un challenge qu’il faut relever à chacune de nos parutions et sont les épreuves qu’à l’instar de Psyché, mais sans l’aide d’Aphrodite, de l’aigle de Zeus ou de Perséphone, nous devons accomplir.

Cette parution qui ouvre 2018, placé sous le signe de Psyché, le « principe pensant » pour Aristote, confronte les sciences de gestion avec les horizons des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité. Ouvert par le travail sur le contrat psychologique, fondamental en RH, de François Renon et d’Anne Goujon-Belghit, chercheurs à la Chaire de Capital Humain et de Performance Globale de l’Université de Bordeaux, ce numéro présente deux dossiers thématiques : Psyché et la consommation et Psyché et la gouvernance.

Le poids des seniors grandissant en économie touristique qu’étudient Amélie Clauzel et Caroline Riché, les tensions identitaires et les stratégies de résolution des consommateurs responsables confrontés à leur comportement réel d’achat, analysées par Naouel Makaoui et Ludovic Taphanel, la mesure de l’insatisfaction des consommateurs des prestataires de formation que présente Bruno Samba, et la peur de mourir face aux médicaments contrefaits des populations à faible revenu, décrite, par Bertrand Sogbossi Bocco, sont les quatre chapitres de ce dossier constitué d’études de terrain.

La gouvernance est d’abord un terme qui nous vient de la finance. À partir d’un échantillon international de 730 banques entre 2008 et 2012, Renald Guiselin et Jérôme Maati, étudient l’influence des mécanismes de gouvernance d’entreprise confrontée aux normes de la transparence de l’information comptable. Cette compatibilité en juste valeur pourrait bien être court-termiste, c’est la question que posent Samira Demaria et Sandra Rigot. Janus, autre référence mythologique, est évoqué par Tawhid Chtioui et Stéphanie Thiéry Dubuisson, pour démontrer, à travers une revue exhaustive de la littérature, que maîtriser une organisation ne peut se limiter aux aspects formels du contrôle (hard controls). Mettre à mal la « théorie de l’agence », est le résultat d’une étude sur 300 entreprises familiales (Chypre, Égypte, Jordanie, Liban, Turquie), que présentent Catherine Mercier-Suissa, Laura Salloum et Charbel Salloum, Nous ne pouvons que nous en réjouir. Nejib Fattam et Gilles Paché à partir dans études de 47 entreprises, définissent 3 modèles d’affaires dans le cadre d’une étude des services 4PL, enfin, véritable intégration de parties prenantes logistiques. Très rare est l’analyse que fait Simon Wangani sur ces PME que sont les cabinets médicaux libéraux confrontés à la problématique de la mise en place d’un système de contrôle de gestion stratégique.

Rationalité selon J. Venn, notamment et variétés des cultures, ici symbolisés par les alphabets grecs, latins et cyrilliques, et si loin du main stream sclérosant, nous semblent résumer psyché et ses nombreuses déclinaisons en sciences de gestion.

Tout n’est-il pas symbole ?

Diagramme de Venn


[1] Venn, John (1881), Symbolic Logic, London, Macmillan and Company. ISBN 1-4212-6044-1.

[2] La Revue des Sciences de Gestion, n°205, janvier-février 2004, pages 59-142.

n°291-292 – Au service des entrepreneurs !

Au service des entrepreneurs

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Quel est l’impact de la recherche sur les managers ? Telle était la question que cherchait à élucider l’enquête FNEGE [1] sur l’influence de la recherche en management réalisée par Michel Kalika [2], Sébastien Liarte [3], et Jean Moscarola [4], à partir de ces questions :

  • Quels sont les auteurs et les connaissances que les managers considèrent comme utiles pour leurs pratiques ?
  • Sont-ils informés sur la recherche en management ?
  • Comment et qu’en pensent-ils ?

L’étude des 1557 réponses obtenues [5], a permis d’appréhender la manière dont l’impact de la recherche est perçu par les managers.

La RSG se place en 4e position du TOP 10 des revues les plus reconnues par les entrepreneurs : pas mal pour la seule revue indépendante d’une fondation ou d’une association, et la seule gérée comme une entreprise ! L’étude ne mesure pas l’impact à l’étranger qui nous aurait renforcés encore.

Il y a plus de 10 ans, à l’occasion de la parution de la traduction française de l’ouvrage de deux professeurs de Stanford aux Presses de Harvard Business School, Jeffrey Pfeffer et Robert Sutton, nous regrettions avec le préfacier de « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense » que les « pratiques managériales ne font qu’un usage très limité des connaissances accumulées par la recherche en management [6] » ?

Les choses auraient-elles donc changé et la recherche académique inspirerait-elle enfin, un peu… beaucoup ou guère, sinon pas du tout, les actions des entrepreneurs ?

L’enquête ne va pas jusqu’à apporter une réponse construite et étayée à cette question existentielle ? En effet, publier pour publier comme le souligne pour en dénoncer la pratique Sylvie Chevrier [7] qui est aussi membre de notre Conseil de rédaction, n’est ni de la recherche ni d’un quelconque apport pour la gestion des organisations… en fait, un enseignement qui « n’estoit que besterie, et leur sapience que moufles, abastardissant les bons esperitz et corrompant toute fleur de jeunesse » pour reprendre avec son style, la critique que Rabelais faisait déjà en son temps à ces connaissances hors-sol et inutiles !

Être scientifiquement promoteur et pouvoir influer le cours des activités des entreprises en inspirant les entrepreneurs, est une forme de quadrature du cercle qui nécessite sans cesse une interrogation sur le pourquoi de nos choix, sur la pérennité des articles et l’apport réel de ces contributions.

Le vrai principe n’est pas de se faire gloire d’éliminer un très fort pourcentage de propositions. C’est à la portée de tous et c’est être bien présomptueux sur son propre jugement. Partir du principe que plus que de modélisation, cette technique qui a tué la science économique, comme les sophismes dénoncés déjà par Rabelais, c’est l’approche humble du terrain qui permet, comme l’historien le fait, de fonder des connaissances et d’apporter un éclairage utile à tous, à commencer par les entrepreneurs.

Elie Cohen a déjà répondu à notre interrogation : « En fin de compte, l’affirmation de la gestion dans ses développements cognitifs, comme dans ses réalisations instrumentales est sans doute vouée à s’accomplir dans une tension permanente entre l’ambition généralisante et la recherche de relations causales stables d’une part, et le souci de prendre en compte, sinon en charge, les problèmes réels auxquels sont confrontées les entreprises et les organisations d’autre part [8]. »

Cette « tension permanente » est ce qui préside au choix de nos publications : « Avec l’apport des diverses disciplines scientifiques, et des techniques nouvelles qui en sont résultées, ces méthodes de gestion tendent à se multiplier en se spécialisant. Ce faisant, elles deviennent plus hermétiques et plus disparates.

Il est de plus en plus difficile de les relier entre elles, d’en délimiter les champs d’application, d’en apprécier les possibilités d’utilisation.

Or, tout Cadre de Direction (manager) doit être en mesure, de situer dans une perspective globale, non seulement les problèmes de l’entreprise, mais également, les méthodes permettant de les résoudre.

C’est pourquoi, il nous a paru nécessaire, à côté des revues spécialisées consacrées à ces différentes méthodes, d’offrir à l’ensemble des Cadres de Direction une publication qui en fasse une synthèse, utile également pour le spécialiste », c’était déjà le propos de notre revue lors de la parution de son 1er numéro en 1965.

Être la plus ancienne revue francophone, avoir reçu du grand universitaire et homme d’État, Raymond Barre, la qualification de « 1re revue francophone de management » oblige et fixe la ligne de crête pour « être au service des entrepreneurs ».

Voilà pourquoi exceptionnellement, à côté des recensions bibliographiques de nos collaborateurs attitrés (page 157), nous présentons brièvement en clin d’œil, un ouvrage sur le parcours de 20 entrepreneurs (page 101).

Trois dossiers thématiques entendent répondre également à cette préoccupation permanente par leur diversité et leur lien avec le terrain, d’étude, d’expertise, de synthèse.

  • « Géographie et entreprises »,ouvre ce numéro double du cœur de l’été, en privilégiant l’environnement territorial, régional voire immatériel.
  • « Collaborations et coopérations», ce dossier découle naturellement du fait des contraintes des évolutions des technologies notamment de l’information, et de la nécessaire utilité de trouver des fondements économiques et sociologiques aux défis de la mondialisation.
  • « Mesures et contrôles »,est le dernier dossier. Il aborde par des cas souvent très orignaux, une logique d’évaluation nécessaire à tout acte d’« administration » pour reprendre le vocabulaire du père du management qu’est Henri Fayol dont l’objectif était déjà de placer sa publication « au service des entrepreneurs » !

 

Notes

[1] FNEGE : Fondation nationale pour les études de gestion.

[2] Professeur à l’IAE Lyon, BSI.

[3] Professeur à l’Université de Lorraine.

[4] Professeur à l’Université de Savoie.

[5] Enquête FNEGE, menée en partenariat avec Sphinx Institute, http://www.lesphinx-developpement.fr/wp-content/uploads/2016/05/Communiqu%C3%A9_Enqu%C3%AAte_FNEGE-Sphinx-Institute_OK.pdf.

[6] Naszályi Philippe, « Faits et Foutaises dans le Management » ou « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense », La Revue des Sciences de Gestion, 2007/6 (n°228), p. 5-6. DOI : 10.3917/rsg.228.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-6-page-5.htm.

[7] Chevrier Sylvie, « Publish… and perish ! », Annales des Mines – Gérer et comprendre, 2014/1 (N° 115), p. 18-21. DOI : 10.3917/geco.115.0018. URL : https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre1-2014-1-page-18.htm.

[8] Elie Cohen, (1997), Épistémologie de la gestion, article 59 dans Encyclopédie de la gestion, Simon, Yves et Joffre, Patrick (dir.) Paris, Economica. page 1059.

n°266 Management stratégique

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Editorial : « Pas plus loin que le bout de son nez… »

par Aude d’Andria – Rédactrice en chef
et Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

aude d andriaPhilippe NaszalyiQui ne s’est pas entendu dire cette réplique ironique dans sa prime jeunesse, voire pour les moins matures, un peu plus tardivement ? Normalement, avec l’expérience que l’âge permet d’acquérir, cette incapacité à « voir plus loin que le bout de son nez » s’estompe ou disparaît. Du moins, cela devrait être !

Ce n’est hélas pas le cas de nombre de nos dirigeants. Et notamment de ceux qui mesurent tout à l’aune de leur « pouvoir » et qui pensent que tout commence avec eux et prennent pour rien ce qui a été fait par d’autres. On les nomme souvent réformateurs car ils ne s’attaquent pas au fond des choses, mais juste à leur apparence. Cette extrême faiblesse, que le beau mot venu du latin qualifie d’« imbécillité » au sens physique est bien là où se conjuguent cécité et surdité. Elle leur fait oublier que nous ne sommes que « des nains juchés sur les épaules de géants », selon l’excellente formule attribuée à Bernard de Chartres, un penseur toujours actuel, du XIIe siècle !1

On rencontre ces modernes Trissotins à tous les postes du pouvoir et souvent même lorsqu’ils ont réussi l’épreuve de « culture générale » des concours d’entrée des Grandes Écoles.

D’autres, encore plus Trissotins, et qui n’ont pas lu La Princesse de Clèves, entendent supprimer au nom d’une forme d’égalitarisme que donne l’ignorance, cette culture générale qui permet de ne pas cantonner les hommes à l’utilitarisme immédiat de la consommation. Il est vrai que dans le même temps, Patrick Lelay qui fut le patron de la 1re chaîne de télévision française, résumait ainsi la pensée « moderne » : « soyons réalistes, à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…). Pour que le message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible.

Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.2 »

Or, vouloir du temps de cerveau humain qui ne penserait désormais qu’à court-terme, c’est prôner la « décérébrarisation ». Le contexte, il est vrai est peu favorable à ces femmes ou hommes qui entendent voir au-delà de trois semaines, voire plus court encore.

Nos lecteurs l’ont compris, c’est bien de tout le contraire que traite ce numéro, puisqu’il entend aborder la stratégie et le management stratégique. La vision d’avenir est ce qui manque le plus à la gestion qu’elle soit celle d’un État, d’une organisation ou d’une entreprise.

Les scientifiques depuis Hubble, savent que « voir loin, c’est voir dans le passé » et comprendre ainsi l’expansion de notre monde car « l’homme, qui croit à partir d’un passé complexe, est tourné vers l’avenir et il est en même temps préoccupé par son propre avenir, par l’avenir du monde.3 »

Plus préoccupés de son propre avenir que de l’avenir du monde, telle pourrait être la caractéristique de la seconde catégorie de ces « courts termistes » ou stratèges à l’envers qui garnissent les places des directions des groupes publics et privés dans cette endogamie mortifère que l’Étranger nous reproche. Dans les régions reculées jadis, ces pratiques entraînaient des retards physiques voire pire. Ce fut le « crétin des Alpes », cher au capitaine Haddock ! Il n’est pas sûr que de nos jours, cela n’entraîne pas aussi une malformation congénitale qui atteigne la pensée libre et ouverte. Cela s’étend du monde politique ou des affaires à celui des médias guère différents, mais aussi et de manière plus grave, à celui des universités ou de la recherche. Après de nombreux éditoriaux de notre revue4, après des études dont celles menées depuis 2000 par l’AFEP5 sur le recrutement des enseignants d’économie, deux rapports6 viennent de faire le constat amer de l’absence de pluralisme dans la pensée des économistes français. Ce que l’on peut appeler le « mainstream » est si fort qu’il ne permet même plus de voir ce qui, au premier abord, est incohérent pour tous ceux qui ont conservé un grain de « bon sens ».

Prenons quelques exemples qui, loin d’être exhaustifs, en sont pourtant éclairants !

Le sous-investissement

Droite ou gauche tombent en pâmoison devant le Rapport Gallois pompeusement intitulé « pacte pour la compétitivité de l’industrie française » publié le 5 novembre 20127. Tout le monde oublie que, président de la SNCF de 1996 à 2006, la politique de « sous-investissement persistant » de son auteur visait à verser des dividendes à l’État actionnaire selon la doxa néo-libérale toujours en vogue. Ce n’est donc pas seulement « le tout TGV », c’est le « tout monétariste à court terme » qu’il faut lui reprocher par capitulation au courant dominant ! Et pourtant en 2005 déjà, l’École polytechnique de Lausanne dans un audit, pointait du doigt la dégradation continue des voies ferrées et estimait que, faute d’entretien, 60 % des lignes devaient être inutilisables en 20258. La Cour des Comptes qu’on préfère, comme ici, dans son véritable rôle qui est de « s’assurer du bon emploi de l’argent public et d’en informer les citoyens » (selon l’article 47-2 de la Constitution) que dans celui qu’elle s’adjuge de croire qu’elle a une compétence de gestionnaire (depuis quand apprend-on la Gestion à l’ENA ?), rapportait en 2010 que « Les difficultés récurrentes de qualité du service rendu sur le réseau Transilien (…) résultent surtout d’un sous-investissement persistant sur le réseau existant »9.

Certes la sagesse populaire prétend que « les conseilleurs ne sont pas les payeurs », mais quand même ! Il y a eu un accident mortel (7 morts) en 2013 sur ce Transilien ! Heureusement, ce sympathique représentant de la caste court-termiste s’investit personnellement dans la réparation des fruits des politiques qu’il prône. Il est devenu le président de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), qui regroupe 870 associations de solidarité et organismes qui vont vers et accueillent les plus démunis10. Cela ne s’invente pas !

Les méthodes archaïques

Nul doute que l’actuel président de La Poste ne se range aussi dans cette catégorie. La vieille dame créée par Louis XI doit être inoculée de ce que nous appelions déjà en 1996, la « gestionite »11. Cette maladie est imposée par tous ceux qui se croient gestionnaires sans n’avoir jamais rien dirigé d’autre que ce que la brigue ou la naissance leur ont apporté.

La compétence de Philippe Wahl en matière de courrier, est celle que l’on attribue à un camarade de promotion du ministre qui l’a nommé. Chaque jour, l’on en mesure les méfaits et les entreprises comme les particuliers souffrent de sa pratique idéologique déconnectée des réalités, mais sûre d’elle-même !

Quant à la finance, ce « patron » de la banque postale l’a apprise à la meilleure source. Dès 2007, il est directeur général à la Royal Bank of Scotland (RBS). Dans la tourmente financière, l’antique banque ne dut son salut qu’à la nationalisation par le gouvernement de Sa Majesté. Ce dernier depuis, envisage de loger les actifs toxiques dans une structure de défaisance (« badbank ») interne en vue d’en céder la majeure partie et d’accélérer la privatisation12. Toujours le vieux principe néo-libéral : « privatiser les profits et mutualiser les pertes » ! Ils appellent cela la bonne gestion du privé !

Rappelons que mêlée au scandale du Libor, révélé fin juin 2012 qui avait été constitué de ces manipulations des taux interbancaires entre 2005 et 2009, la RBS a reconnu avoir dû se séparer de salariés mêlés à cette affaire13. En 2011, notre sympathique énarque passait donc de ces « actifs toxiques » aux antiques chèques-postaux, rebaptisés pour « faire genre », mais pas seulement hélas, la Banque postale. Il lui infligeait un traitement destiné à en faire une vraie banque, comme la RBS, sans doute, sur les fonds publics préexistants cette fois. Déjà dans un ouvrage prémonitoire, en 1999, le Sénateur Gérard Delfau14 s’inquiétait pour cette entreprise publique « que Bercy ne cesse de sacrifier, sous la pression du lobby bancaire » !

Pas plus loin que le bout de son nez !

Faut-il chercher plus loin ce qui est la plaie des entreprises et de cette économie où la micro ignore ce que fait la macro et inversement. Ceux qui en appellent aux charges excessives le matin après quelques licenciements, débattent entre pairs de la baisse des dépenses publiques à midi et s’époumonent le soir, au collège, sur le manque de moyens de l’école de leurs enfants !

La doxa qui veut que « l’égoïsme rationnel » d’Ayn Rand permette de faire avancer une société, est dans l’impasse.

Penser à court terme ne mène qu’aux errements comptables des pseudo-gestionnaires à la petite semaine qui peuplent les allées des pouvoirs et se propagent partout. La boutique et surtout l’esprit boutiquier, sont aux affaires !

Un film américain sorti en 2011, Moneyball que l’on a traduit par le « Stratège », résume bien par son titre et son histoire (pitch) ce que ce numéro 266, entend apporter.

Billy Beane, incarné par Brad Pitt, le responsable des Oakland Athletics, est confronté à une situation difficile : sa petite équipe a encore perdu ses meilleurs joueurs, attirés par les grands clubs et leurs gros salaires. Bien décidé à gagner malgré tout, il cherche des solutions qui ne coûtent rien et auxquelles personne n’aurait pensé avant… Il engage un économiste amateur de chiffres, Brand, issu de Yale.

Ensemble, contre tous les principes, ils reconsidèrent la valeur de chaque joueur sur la base des statistiques et réunissent une brochette de laissés-pour-compte oubliés par l’establishment du baseball. Trop bizarres, trop vieux, blessés ou posant trop de problèmes, tous ces joueurs ont en commun des capacités sous-évaluées. Avec leurs méthodes et leur équipe de bras cassés, Beane et Brand s’attirent les moqueries et l’hostilité de la vieille garde, des médias et des fans, jusqu’à ce que les premiers résultats tombent…

On pourra nous objecter que le cinéma n’est justement pas la réalité et qu’il est bien loin de la gestion. En est-on sûr ?

Le spécialiste du cinéma qu’est Emmanuel Ethis rappelle que « décider de « partager » un film signifie également que l’on prend le risque de « se partager » à propos du film »15.

Assumons donc notre conviction profonde en la valeur réaffirmée de l’intelligence collective.

On la trouve ailleurs qu’au cinéma. L’expérience de Foldit (« plie-là », en anglais), est organisée tous les deux ans depuis 1994 par le Centre de prédiction de la structure des protéines de l’université de Californie. Ce concours a pour but de déterminer le meilleur outil de prédiction de structures protéiques tridimensionnelles. Les résultats ont dépassé les espérances des initiateurs « devant tous les laboratoires académiques travaillant de manière traditionnelle ». Ce travail sous la forme d’un jeu, a permis trois grandes avancées scientifiques qui ont été publiées dans Nature (2010), les Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (2011) et Nature Biotechnology (2012). « C’est la faculté de raisonner en sortant du cadre prédéfini, propre à l’être humain, celle-là même que nous utilisons pour résoudre des puzzles, visualiser des structures dans l’espace, ou reconnaître des motifs, qui permet le succès du jeu » qui est « la clé (…) de « la capacité des joueurs à anticiper les modifications prometteuses ».16.

Cela démontre que la prospective naît de la coopération qui est là encore, plus enrichissante que la concurrence effrénée, chère à nos court-termistes. Le management stratégique, la réflexion à moyen et long terme pour faire mieux, plus, avec des équipes ouvertes dans un environnement maîtrisé et respecté… tel est le sujet de ce numéro que la rédactrice en chef a ordonné autour des valeurs quinquagénaires de La RSG. Deux dossiers composent ce numéro.

Le premier dossier intitulé « Stratégies du dedans ou du dehors ? » aborde la question de la territorialité en organisation. Où produire ? Faire ou faire faire ? Contrôler ou accompagner l’émancipation ? Maîtriser l’information ou faire confiance ?.. Autant de choix décisifs auxquels sont confrontés responsables et managers et qui les engagent à moyen et long terme. Ouvrant ce dossier, l’étude de Nicolas Dufour et Gilles Teneau apporte dès lors un éclairage sur les pratiques d’externalisation des centres de services sur site et hors site. Au-delà de la convergence entre qualité et maîtrise du risque, ils montrent que c’estle choix du niveau de contrôle ou du transfert de la responsabilité qui importe. Vient ensuite la recherche de Manuelle Guechtouli qui met en avant la nécessité d’une formalisation structurée du système de veille stratégique afin de gagner en efficacité et en légitimité. Comme en écho à la formalisation, Salma Fattoum et Sophie Vallet s’intéressent ensuite aux motivations et enjeux de l’essaimage de dix grands groupes français. Elles montrent comment ce dispositif entrepreneurial dans lequel se retrouvent trois politiques distinctes mais complémentaires liées à l’innovation, la GRH et la RES, est porteur de synergies en interne et ouvre des opportunités en externe entre partenaires.

Poursuivant dans cette voie, Foued Cheriet et Laure Dikmen Gorini mettent en avant qu’un mode de gouvernance mêlant une instabilité dynamique (contrôle-confiance) peut aider au maintien de la relation dans le temps dans les alliances stratégiques asymétriques dues à un effet de taille entre partenaires.

Addelilah Yassine aborde ensuite les effets des manœuvres stratégiques lorsque les entreprises sont rivales. Dans son étude sur le marché de la presse « people », il montre que plus les changements sont porteurs d’innovation et plus les délais de réactions des concurrents pour y répondre sont longs.

Le deuxième dossier est consacré aux : « Comportements d’ici et d’ailleurs ». Au fil des cinq articles qui ont été sélectionnés, les lecteurs chemineront de thèmes en thèmes à travers les continents. Après une synthèse de la littérature sur les motivations entrepreneuriales, Sabrina Bellanca et Olivier Colot propose une typologie des entrepreneurs belges. Dans un registre différent, l’article de Sophie Nivoix et Prateek Gupta nous proposent une analyse comparée des caractéristiques économétriques de trois marchés des actions en Asie : Chine, Inde et Japon. Il fournit des résultats intéressants pour la connaissance de la dynamique de ces marchés et pour les investisseurs qui y interviennent. Pour la troisième recherche de ce dossier, La RSG se félicite de pouvoir présenter la recherche venue du Brésil, vers lequel par ailleurs, sont tournés tant de regards au travers des travaux de Marcos Ferasso et Lilia Maria Vargas (page 89). Leur contribution est une proposition théorique stimulante du processus de création de la connaissance au sein des stratégies de clusters industriels. Vient ensuite l’étude d’Amel Chaabouni et Abdelfattah Triki qui se focalise sur l’usage d’un système de gestion intégrée (de type ERP) en montrant que se diffuse progressivement la capitalisation des connaissances au sein de deux PMI tunisiennes. Pour finir, l’article de Salah Koubaa analyse les relations coopétitives issues des interactions compétitives et coopératives. À partir d’une étude de 110 PME au Maroc, l’auteur met en évidence l’importance des coopérations inter et intra-organisationnelles dans la capacité d’absorption et le partage des connaissances favorisant alors l’innovation en contexte de PME.

Depuis cinquante ans, La Revue des Sciences de Gestion (de son premier titre Direction & Gestion des entreprises) vise à offrir une tribune à des recherches originales en gestion. Sans se limiter à une thématique, sans exclusivité disciplinaire, sans parti-pris méthodologique, La RSG privilégie les articles innovants et s’attache à toujours essayer de « voir plus loin que le bout de son nez ».

C’est pourquoi, à l’occasion de l’anniversaire de la parution du 1er numéro (mars-avril 1965), une journée d’étude organisée le jeudi 26 mars 2015 sur le campus de Télécom École de Management (Évry, France) abordera les enjeux et les perspectives de la publication en français en sciences de gestion (voir page 8). Les recherches réflexives sur les pratiques professionnelles de la communauté académique seront particulièrement bienvenues. En outre, à l’image de la politique éditoriale de La RSG, toute recherche innovante peut être proposée dès lors qu’elle se fonde sur des réflexions stimulantes et rigoureuses.

À vos agendas et à vos plumes !

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1. Nani gigantum humeris insidentes

2. Patrick Le Lay, PDg de TF1, « The digital Deluge », « The Harold Innis lecture », Innis College, Université de Toronto, 16 novembre 2000, cité par Mario Cardinal : « Il ne faut pas toujours croire les journalistes », Bayard Canada, Montréal 2005, page 49.

3. Jean-Paul II, Action de grâce.

4. Ph. Naszalyi, (2006) « L’entreprise est une chose trop sérieuse pour être confiée à des économistes ! », n° 219.

5. AFEP http://www.assoeconomiepolitique.org/spip.php?article503

6. « Sortir de la crise de l’enseignement supérieur d’économie », Rapport Idies 2014, par Philippe Frémeaux (Idies-Alternatives Économiques), Gérard Grosse (Idies-Apses) et Aurore Lalucq (Idies-Institut Veblen) http://www.idies.org/public/Publications/1406RapportEnssupEcoIDIESFinal2.pdf

« L’avenir des sciences économiques à l’Université en France », Rapport à Monsieur le ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et à Madame la secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, remis par Monsieur Pierre-Cyrille Hautcoeur, Président de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, le 5 juin 2014 http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Formations_et_diplomes/05/1/Rapport_Hautcoeur2014_328051.pdf

7. http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20121105/1786014_53da_rapport_de_louis_gallois_sur_la_competitivite.pdf

8. Localtis.info, le quotidien en lignes des collectivités territoriales et de leurs partenaires, 8 juillet 2014, http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250267463727&cid=1250267459531

9. Cour des Comptes, Rapport public thématique : les Transports ferroviaires régionaux en Ile de France, La Documentaion française, 2010, 210 pp. page 89

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapportspublics/104000612/0000.pdf,

10.  http://www.fnars.org/images/stories/nous_connaitre/organisation/IS001-Membres-du-Bureau-federal.pdf

11. « La Gestionite » direction et gestion des entreprises n° 155-156.

12. Le Monde économie, 1er novembre 2013. http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/11/01/royal-bank-of-scotland-va-creer-une-badbank_3506727_3234.html

13. Le Monde économie, 3 août 2012. http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/08/03/libor-rbs-reconnait-avoir-renvoye-un-certain-nombre-d-employes_1742242_3234.html

14. Gérard Delfau, « La Poste, un service public en danger, Constat et propositions. », 172 p., L’Hramattan, 1999.

15. Emmanuel Ethis, Sociologie du cinéma et de ses publics, Armand Colin, coll. « 128 Paris », 2005, 128 pages, page 8

16. Notre source pour ce paragraphe se trouve dans l’article de Fanny Bernardon, Maxime Borry et Maria Pothier : « Foldit, un jeu pour faire de la recherche » La Recherche, n° 467, septembre 2012, page 68

n°265 Ressources humaines (RH)

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Pré-éditorial

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe NaszalyiAude d’Andria, notre rédactrice en chef vient brillamment de se voir diplômée de l’HDR, «habilitation à diriger des recherches» qui «sanctionne la reconnaissance du haut niveau scientifique du candidat, du caractère original de sa démarche dans un domaine de la science, de son aptitude à maîtriser une stratégie de recherche dans un domaine académique suffisamment large et de sa capacité à encadrer de jeunes chercheurs…»[1].

Le jury prestigieux qui lui a conféré ce diplôme qui assez spécifique à la France, a reconnu une double spécialisation (voir page 60 de ce numéro) : Gestion des ressources humaines et entrepreneuriat…

Parce que ce couronnement n’est pas un achèvement, bien au contraire, mais la reconnaissance par ses pairs de ses qualités à développer, encourager, sélectionner, corriger…, il m’aurait paru incongru de ne pas lui passer la main pour l’édito de ce 1er numéro de 2014 qui, justement, et après plusieurs années un peu pauvres en contributions sur cette matière, est consacré à la GRH.

«Le management des ressources humaines, un travail de Sisyphe?» telle est bien la question que fort judicieusement, pose Aude d’Andria en introduisant ces huit articles sélectionnés par la triple évaluation que nous pratiquons désormais dont au moins un évaluateur étranger! Nous entendons justifier toujours, la distinction conférée naguère par Raymond Barre à nos prédécesseurs d’être la «Première revue francophone de Management».

Je m’associe aux remerciements de notre Conseil Restreint de Rédaction et de la Rédactrice en chef pour tous les évaluateurs (voir page 10) qui prennent une part primordiale au maintien de nos engagements à toujours privilégier la compétence la plus pointue et la plus acérée, signe de travaux originaux, innovants et internationaux que nous sélectionnons pour les publier et ainsi les valoriser.

C’est notre marque, depuis bientôt 50 ans… (1965-2015)


Editorial : Le management des ressources humaines, un travail de Sisyphe ?

par Aude d’Andria – Rédactrice en chef

aude d andriaPrésenté tour à tour comme un voleur, un traître et un criminel, le personnage de Sisyphe apparaît comme un incontournable de la mythologie grecque[2]. Fils d’Eole, le dieu du vent et de Mérope, la fille d’Atlas, il serait le fondateur de la ville de Corinthe. Décrit comme rusé, son nom signifie d’ailleurs «homme sage». Son épopée raconte comment il trahit les dieux, et pas des moindres: Zeus lui-même, en révélant des secrets divins. Puis comment, il enchaîna et séquestra Hadès, le dieu des Enfers, l’empêchant de «gérer» son royaume… Finalement, c’est seulement à sa mort qu’il reçoit son châtiment: pousser indéfiniment un énorme rocher jusqu’au sommet d’une montagne. Dès que le but est atteint, le rocher roule de nouveau en bas et Sisyphe doit alors tout recommencer. Ainsi, pour les Grecs anciens, ce mythe rappelait aux hommes que quiconque défiait les dieux encourrait tôt ou tard non seulement leur implacable justice mais également un châtiment éternel.

Dès lors, et avec des conséquences moins dramatiques sans doute, l’expression passée maintenant dans le langage courant de «travail de Sisyphe» est utilisée pour qualifier une tâche difficile dont le résultat mitigé, voire incertain, nécessite de recommencer sans cesse. Par un rapprochement, certes rapide, n’en serait-il pas ainsi de la gestion des ressources humaines (GRH) ? C’est l’objet de ce premier numéro 2014 de La Revue des Sciences de Gestion.

Si l’on se rapporte à une approche communément diffusée, la GRH est «l’ensemble des activités qui permettent à une organisation de disposer des ressources humaines correspondant à ses besoins en quantité et en qualité». Mais comme le soulignent L. Cadin, F. Guérin, F. Pigeyre et J. Pralong dès le début de leur ouvrage à la page 5, «cette définition ne dit rien sur la manière dont la ressource humaine est ou non convoquée/invitée/associée pour participer à l’ajustement besoins/ressources. (…) La question du statut de la ressource fait débat»[3]. En effet, si l’on considère que la ressource humaine est de nature «conditionnable», il convient de définir les objectifs et de déployer des «bons» outils pour y parvenir. Mais si la ressource est un acteur relativement autonome, comme nous le croyons, son management doit être reconsidéré et réinterrogé sans cesse. Ce changement de perspective nous invite alors à beaucoup de circonspection face à une ressource qui est tout sauf uniforme et homogène. Loin d’être un choix rationnel de politiques sociales en réponse à des objectifs internes ou à des environnements contraignants, le management des ressources humaines est surtout le résultat du jeu entre les acteurs[4], à partir des rôles, des intérêts ou des objectifs que chacun poursuit. Par conséquent, «pour comprendre une GRH locale, il est utile de passer par les acteurs. Car si la gestion des hommes est un compromis entre des rationalités de divers ordres (sociales, juridiques, économiques, opératoires), c’est aussi le résultat d’un équilibre entre individus et groupes représentant des identités professionnelles, des intérêts collectifs ou des ambitions privées» (P. Louart, 2006, p.579)[5].

Dans ces conditions, s’intéresser au management des ressources humaines peut se montrer une tâche ardue et vaine tant ses tenants sont la plupart du temps implicites et ses aboutissements parfois confus… sauf évidemment pour celles et ceux qui sont animés par le désir de progresser pour comprendre et accompagner le formidable potentiel des êtres humains en situation de travail.

Deux dossiers composent ce numéro.

Le premier dossier intitulé «la gestion différenciée des ressources humaines» se focalise tout d’abord sur le management des ressources humaines dans une conception plutôt arbitrale[6]. La ressource humaine est ici perçue comme fortement orientée par les dispositifs mis en œuvre pour sa gestion. Postulant que l’efficacité économique repose sur une efficacité sociale (et vice versa), les pratiques de management des ressources humaines visent à accompagner les décisions stratégiques des responsables tout en ménageant les enjeux sociaux. C’est dans cette démarche que s’inscrivent les cinq articles de ce dossier. Tout d’abord, celui de Delphine François-Philipp de Saint-Julien dans lequel elle aborde la démarche des plans de sauvegarde de l’emploi. Elle montre comment les accords de méthode sont des «codes de bonne conduite» indispensables à la mise en œuvre de cette procédure délicate et douloureuse pour les salariés. Vient ensuite l’article de Michèle Van De Portal sur les apports des dispositifs d’auto-évaluation des salariés pour un management par les compétences comme des éléments positifs qui donnent sens à la démarche d’un management par les compétences. Comme en écho à ce management par les compétences, l’article de Monique Pontier se focalise sur les modalités de contrôle dans des cadres de travail reposant sur l’autonomie des acteurs. Du contrôle à la norme, le pas est franchi avec l’article d’Anne Maurand-Valet T qui s’intéresse tout à la fois au langage issu des formations et à son impact quant à la diffusion de l’image des normes qu’il véhicule. Enfin l’article de Soufyane Frimousse et d’Abdelaziz Swalhi nous invite à réinterroger les conceptions managériales des ressources humaines, trop souvent encore oublieuses, des contextes culturels et organisationnels et proposent une réflexion pour plus d’hybridation des pratiques de RH.

Le second dossier s’organise autour des dirigeants, des acteurs sous contraintes? Abordant le management des ressources humaines sous un angle moins instrumental mais plus instrumentalisé, ce dossier aborde concrètement ce que «le jeu des acteurs» signifie. Évaluant les risques et les opportunités que représentent les politiques de GRH, ils œuvrent et manœuvrent en fonction de leurs stratégies, négociant en permanence leur degré de coopération. Benjamin Chapas nous propose alors un article particulièrement éclairant sur la justification de la rémunération des dirigeants et explique comment celle-ci perdure venant nourrir leurs désirs de voir se réaliser leurs espérances. Dorsaf Ben Taleb poursuit sur cette voie et montre, en contexte tunisien, les interconnexions qui s’établissent au fil du temps entre le contrôle institutionnel et le pouvoir des dirigeants en place, tandis qu’Anis Jarboui et Jamel Chouaibi s’intéressent quant à eux à l’apport cognitif des actionnaires dans la mise en place des stratégies d’innovation technologique.

Last but not least, et dans le droit fil du thème général de ce premier numéro de l’année 2014, nous voudrions rappeler qu’une revue académique comme La Revue des Sciences de Gestion ne pourrait fonctionner sans le soutien, l’aide et l’investissement de ses relecteurs. Nous le soulignions dans notre dernier éditorial[7], «La Revue des Sciences de Gestion doit faire face à un flux quotidien d’articles pour évaluation, révision, et publication. (…) Chacune de ces étapes repose sur des valeurs qui mobilisent des ressources, d’abord et surtout humaines, des compétences et des expertises, de l’investissement en temps de relecteurs désintéressés et si peu valorisées…» (p.2). Aussi, le comité éditorial adresse-t-il à toutes celles et ceux qui contribuent au processus d’évaluation des manuscrits ses sincères remerciements. Nous leur sommes gré de nous accompagner dans notre démarche fondée sur le partage à la collectivité et une diffusion originale et féconde de nouvelles connaissances.

Gageons que ce nouveau numéro de l’année 2014 vous apporte une nouvelle fois un éclairage de la richesse et du dynamisme de la recherche en gestion.

Sans cesse recommencés et renouvelés, tous les travaux n’ont qu’un sens: aider Sisyphe à remonter son rocher!

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[1]. Extrait de l’arrêté interministériel du 23 novembre 1988 relatif à l’habilitation à diriger des recherches.

[2]. Claude Pouzadoux (2010), La mythologie grecque, Collection Contes et légendes, Nathan.

[3]. Loïc Cadieux, Francis Guérin, Frédérique Pigeyre et Jean Pralong (2012), Gestion des Ressources Humaines. Pratiques et éléments de théorie, Dunod, 4e édition, 726 p.

[4]. En référence à l’indémodable notion de stratégie d’acteurs telle que développée par Michel Crozier et Erhard Friedberg (1977) dans leur ouvrage L’acteur et le système. Le Seuil, coll. Sociologique politique.

[5]. Pierre Louart (2006), Les acteurs de la GRH, in José Allouche (coord.), Encyclopédie des ressources humaines, 2e édition,Vuibert, p.579-591.

[6]. En référence à Julienne Brabet (1993), La gestion des ressources humaines en trois modèles», in Julienne Brabet (dir.), Repenser la GRH?, Economica, p.69-141.

[7]. Aude d’Andria et Philippe Naszályi (2013) «Comptez sur moi ! Count on me ou trust me ?», La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion, Editorial du n°263-264, p.1-3.

n°269-270 Coopérations

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Editorial : « Coopérations »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe Naszalyi

Le titre de ce numéro de fin 2014, n’est pas seulement dû à la présence du cahier central consacré aux coopératives. La rédaction a entendu privilégier, en marketing ou en RSE, en finance ou en ressources humaines, en stratégie ou en organisation, des contributions qui démontrent que co-construction, collaborations, compromis même, des coopérations donc, sont un élément constitutif fondateur de l’entreprise telle que nous la concevons.

Deux jeunes auteurs, Julien Granata et Pierre Marquès(1), viennent d’ailleurs de faire connaitre au public francophone, le néologisme que constitue le mot « coopétition ». Le mot est issu de la théorie des jeux. Il entend mettre en évidence ces situations, ignorées par les théoriciens de la compétition hélas à la mode, comme Porter, mais qu’on rencontre souvent. J’entends celles où le résultat de la collaboration entre deux joueurs en compétition sera supérieur à celui qu’ils auraient pu obtenir par une pratique classique de concurrence. Il s’agit de remplacer les attitudes de type « gagnant-perdant » (l’un remporte tout et l’autre rien) par des attitudes « gagnant-gagnant » (tous les adversaires devenus ainsi partenaires, gagnent quelque chose). C’est un paradigme, né comme il se doit en gestion de la pratique, celle du P-DG de Novell, Raymond Noorda qui le premier utilise le terme « co-opetion » en 1992. Adam M. Brandenburger d’Harvard et Barry J. Nalebuff de Yale en offrent, en 1996, un développement théorique(2).

coopetiteur

Le réseau de valeur : source : Julien Granata et Pierre Marquès, page 10.

La coopétition, stratégie opportuniste ou machiavélique au sens littéral et non péjoratif, offre des voies d’application qu’il ne sera pas inutile de travailler en sciences de gestion. Les « cartes d’infidélité » que l’on rencontre aux États-Unis ou dans certains pays européens, procèdent de cette idée. En effet, pour écarter un consommateur de Starbucks, quoi de mieux que de l’habituer à fréquenter des établissements similaires au sien, certes concurrents, mais finalement dans le même esprit de qualité du café et lui offrir pour le fidéliser un dixième café gratuit. Cela crée un niveau de concurrence acceptable, celle que l’on ne peut éradiquer et amène à une union face à un géant qui lui, est mortel pour tous les « petits » cafés. C’est une véritable coopétition(3).

Dans un tout autre secteur, Romaric Servajean-Hilst et Frédéric Le Roy, dans un article du Monde, consacré à Alstom la prônent avec conviction. Les deux chercheurs en gestion y voient même l’alternative à la braderie de ce fleuron industriel hexagonal et le moyen « d’arrêter l’hémorragie des savoir-faire français ». «Les exemples de réussite » écrivent-ils « de projets industriels basés sur la coopétition sont légions. Les programmes Airbus, Eurocopter ou Ariane sont tous, à l’origine, fondés sur la coopération entre concurrents. Sans le recours à la coopétition, aucune des entreprises européennes impliquées dans ces projets n’avait la taille suffisante pour affronter les marchés mondiaux. (4) ». Louis Pouzin, ingénieur, polytechnicien, Président d’honneur de la société française de l’Internet ne dit pas autre chose. Cet homme méconnu en France, est considéré par les Anglo-américains comme l’un des pères d’Internet. Il a inventé le « datagramme », ces sortes de petits paquets d’informations circulant librement et indépendamment sur un réseau, avant d’être recomposés en bout de course. Ses travaux ont été repris par Vinton Cerf pour créer le protocole de transmission TCP/IP. S’inspirant d’arpanet, il a développé en Europe, le réseau « Cyclades » à partir de 1971. On doit évidemment au successeur de Georges Pompidou d’avoir mis un terme à cette expérience de coopération, jugée « trop universitaire » et pas assez « industrielle ». On sacrifia la recherche fondamentale comme on continue de le faire bien souvent, au profit du gain, certes important, mais immédiat et limité qu’était le minitel. « Nous aurions pu être parmi les pionniers du monde Internet (…), écrit Maurice Allègre, « nous n’en sommes que des utilisateurs, fort distants des lieux où s’élabore le futur »(5). » On sait en revanche ce qu’en ont fait les Américains. Ce projet européen, tué dans l’œuf par le « libéralisme avancé » et la cabale des ingénieurs des télécoms, était pourtant un bel exemple de coopération. Poussées par le désir gaullien d’indépendance face à l’Amérique, les firmes européennes s’unissaient en un consortium C2I. Olivetti, Philips, Siemens ou l’anglais Place s’alliaient à un CII, renforcé de Bull pour faire bonne mesure ; déjà une coopétition innovante.

À l’instar de Richard D. Lewis qui pense que « la question vitale est de savoir comment l’esprit est culturellement conditionné…(6)», Louis Pouzin préside le conseil d’administration du Native Language Internet Consortium (NLIC) dont l’objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue du Réseau. L’ingénieur français estime ainsi que « s’attaquer au monolinguisme d’Internet, c’est s’attaquer à l’hégémonie américaine sur Internet. Voilà encore quelques années », poursuit-il, « les Américains légitimaient par un baratin technique la nécessité de faire fonctionner le système d’adresses du Réseau (le Domain Name System, ou DNS) avec des caractères latins non accentués. Il n’y a aucune nécessité technique à cet état de fait » (7). Le réseau est de fait, sous le contrôle de l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation de droit californien qui est chargée depuis 1996, de relier les noms de domaine (assigned names) et les adresses IP (numbers). « L’Icann, monopole autoproclamé, prétend qu’il n’y a qu’une seule racine, dont Verisign assure le fonctionnement, par contrat avec le département du commerce (DOC) étasunien. Toute modification de cette racine doit être approuvée d’abord par l’Icann, puis par le DOC. En réalité, il existe de nombreuses racines créées par d’autres organismes, pour permettre aux internautes d’utiliser des sites dont, pour diverses raisons, les TLD (Top Level Domain) n’existent pas dans la racine Icann » explique encore Louis Pouzin(8). L’Icann a assoupli sa position en 2014. Toutefois, il a longtemps imposé un alphabet américain (l’ASCII), inaccessible à des milliards d’êtres humains utilisant d’autres alphabets (russes, chinois, arabes, indiens, etc.) ainsi qu’un modèle économique qui reste très contestable : la location des noms de domaine. C’est à l’évidence, un sérieux avantage qui permet au Gouvernement étatsunien de disposer de la capacité technique d’espionner la toile mondiale. L’Icann et ses correspondants comme l’Afnic(9) en France, contrôlent les serveurs racines d’Internet. Cela permet aux internautes – 3,07 milliards en 2015, soit 42,4% de la population mondiale (10) – de trouver en quelques clics leur chemin sur les millions de serveurs hébergeant des données sur la toile. A l’heure des « grandes oreilles » de la NSA, de l’espionnage d’hommes ou de femmes d’État, mais aussi d’entreprises innovantes, la menace est à prendre très au sérieux et les solutions alternatives toujours à privilégier. 2015 doit être l’année de « la création d’une organisation chargée de superviser tout ou partie des fonctions de gestion de la racine à la place du gouvernement américain »(11). A 84 ans, le lauréat du prix « Queen Elizabeth for Engineering » 2013(12), le Prix Nobel de l’ingénierie, n’entend donc pas laisser à d’autres cette opportunité. Il est aujourd’hui à l’origine d’une « start up », Open Root, qui se veut une solution alternative à celle de l’Icann puisque le sujet est d’actualité.

open-root-Eurolinc

Cela suscite comme toujours, la résistance des « titulaires de la rente », agrippés à leur pré-carré et les moqueries des suiveurs, ces « matons de panurge », selon la formule de Philippe Muray. Les mauvais choix français et de ce fait, européens, des années 1975 et suivantes sont lourds de conséquences. « Ce sont les rentes académiques (qui) induisent des rentes financières. » (13) et la baisse des crédits à la recherche fondamentale aboutit toujours à terme, à la régression et à l’obsolescence. « Innovation » comme le parcours de Louis Pouzin le rappelle, rime évidemment avec « coopération », car « Internet n’aurait pas été aussi mondial s’il n’avait pas été conçu et développé par une multiplicité d’équipes issues de divers domaines »(14). C’est l’un des credo de notre revue depuis 50 ans. « Pour faire changer les choses, pour inciter les scientifiques à réfléchir au système, il faut créer un journal, sinon la communauté scientifique n’existe pas. La presse scientifique a un rôle de connaissance sociale. Si vous voulez rendre le changement possible, il faut créer un journal. La science est un monde ouvert. Si vous êtes isolés des autres, ce n’est pas favorable au développement des innovations, de la créativité collective »(15). Il est toujours bon de le rappeler tant les vents contraires soufflent toujours de très mauvaises solutions. Nous appartenons à ceux qui « en France et à l’étranger… pensent qu’il y a des voies fécondes en dehors du mainstream américain. »(16) Les articles de ce numéro double de nouveau, tant il y avait matière à publier, s’articulent autour d’un cahier central et de deux dossiers thématiques. Nous avons confié à des chercheurs du jeune laboratoire LITEM(17) dont le cœur de la recherche est l’innovation, Sandrine Ansart, Stéphane Jaumier, Séverine Le Loarne et Virginie Monvoisin de Grenoble École de Management, le soin de sélectionner et d’ordonnancer un dossier sur les coopératives, à partir des travaux d’un workshop dont notre revue était partenaire en décembre 2012, à Grenoble. Comme nous aimons à le faire, cette réflexion, née des communications et des échanges au cours d’une journée de réflexion, a maturé pour aboutir à ce travail en six articles, qui est présenté ; finis coronat opus. Mon prédécesseur, Jean-Pierre Gravier, disparu il y a bientôt dix ans, et qu’en ce cinquantenaire de notre revue il convient plus particulièrement de ne pas oublier le rôle fondateur, avait coutume de dire qu’un article soumis à notre revue et qui ne peut attendre plus d’un an, n’est pas un article pour elle, car elle privilégie la solidité de la recherche à l’information immédiate qui s’apparente de plus en plus à la communication et son asservissement aux commanditaires. « La presse spécialisée s’inscrit dans la durée. C’est une presse qui va tranquillement, dans le bon sens du terme, vers la durabilité. »(18) Les « coopératives » sont enchâssées, si j’ose la métaphore, dans deux puissantes thématiques liées : « constructions et collaborations entrepreneuriales » qui réunit quatre contributions pluridisciplinaires et « comportements et responsabilité sociale » que nous avons ordonné autour de six approches territoriales ou sectorielles. Le Réseau des Pays du groupe de Vysegrad (PGV), partenaire de notre revue, célèbre le 20e anniversaire de sa création. Coopération de chercheurs et coopération de pays, il est à lui seul emblématique de ce numéro. L’article qui interroge « La cohésion européenne », proposé par son fondateur, Claude Martin qui, depuis 1977, accompagne notre revue de recherche, nous paraissait symbolique de l’esprit que nous entendions donner à ce numéro. Il l’introduit donc. « Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun ; en s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant » est l’ambitieux programme, l’utopique programme que le Contrat social assigne, c’est celui à n’en pas douter des coopérations !

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  1. Julien Granata et Pierre Marquès (2014), Coopétition : s’allier à ses concurrents pour gagner, Pearson, 215 pages.
  2. Adam M. Brandenburger and Barry J. Nalebuff (1996), Co-opetition by, Currency/Doubleday, 290 pages.
  3. http://www.merkapt.com/entrepreneuriat/business_model/la-coopetitioncomme-strategie-dinnovation-de-sa-concurrence-4800.
  4. Romaric Servajean-Hilst, et Frédéric Le Roy, Alstom : la « coopétition », une alternative à la vente. Il faut arrêter l’hémorragie des savoir-faire français, Le Monde Editions, 20/06/2014.
  5. Courrier des lecteurs du Monde, en 1999 cité dans http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html#pf78Hgu3W14exuTv.99
  6. Richard D Lewis. (1996), When Cultures Collide : Managing Successfully Across Cultures; published by Nicholas Brealey, London, 2nd edition (2001).
  7. http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html
  8. http://www.silicon.fr/open-root-louis-pouzin-internet-gouvernance-79985html#IJFHoIdmcdy51xuT.99
  9. Association française pour le nommage Internet en coopération.
  10. http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/le-nombre-d-internautesdans-le-monde-en-2015-1114.shtml
  11. Mathieu Weill (Afnic) : « Nous restons préoccupés par les dysfonctionnements de l’Icann », propos recueillis par Pascal Samama, 01net, 31 octobre 2014. http://www.01net.com/editorial/630234/mathieu-weill-afnic-nous-restonspreoccupes-par-les-dysfonctionnments-de-licann
  12. Le prix Queen Elizabeth for Engineering, en 2013 récompense cinq ingénieurs, créateurs d’Internet et du Web pour leur innovation qui a révolutionné la manière de communiquer et permis le développement de nouvelles industries. Ce sont : Louis Pouzin, Robert Kahn, Vinton Cerf, Tim Berners-Lee et Marc Andreesen.
  13. Jean-Claude Thoenig : Décider, gérer, réformer. Les voies de la gouvernance. Revue Sciences humaines, n° 44 (hors série), mars-avril-mai 2004.
  14. http://www.01net.com/editorial/589033/le-francais-louis-pouzin-recompense-par-le-prix-queen-elizabeth-for-engineering
  15. Prononcé par Marion Guillou, Polytechnicienne, Ingénieur Général des Ponts, eaux et Forêts et docteur en Sciences de l’aliment, Présidente d’Agreenium, établissement Public de Coopération pour l’enseignement et la recherche, en agriculture, alimentation et environnement, ancienne présidente de l’Inra, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.
  16. Michel Berry, (2003), Classement des revues : le CNRS va-t-il perdre son âme ? Lettre ouverte au CNRS.
  17. Laboratoire en Innovation, Technologie, Economie et Management, créé en juillet 2013.
  18. Prononcé par Thierry Jeantet, directeur Général d’Euresa (Groupement européen d’Intérêt économique rassemblant 14 mutuelles et coopératives d’assurance européennes rassemblant 23 millions de sociétaires). Il est Président de l’association des rencontres du Mont-Blanc-Forum International des dirigeants de l’économie Sociale depuis octobre 2005, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.

n°273-274 « Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

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« Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe Naszalyi LaRSG

Ce numéro double du cœur de l’année du cinquantenaire et qui paraît avec retard, est symbolique de ce que notre revue depuis sa création en 1965, a toujours essayé de faire : Produire une recherche et non pas des publications.

C’est une lourde de tâche que de « tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne quoiqu’on ne voit pas toujours par où l’enchaînement se continue » pour reprendre la formule célèbre de Bossuet[1].

Telle est la tâche de la rédaction, et notamment de sa rédactrice en chef qui, après trois ans pleins de travail bénévole, est appelée à nous quitter, pour de nouvelles fonctions au sein de son université[2]. Remercions Aude d’Andria qui a bâti les numéros de cette année 2015 qui s’égrène devant nous.

Mais que sont donc ces « deux bouts de la chaîne » ?

La réponse est simple et masque le travail à accomplir. En cette année du cinquantenaire, la revue a souhaité démontrer qu’elle est toujours, la première revue francophone de management.

De par la date de sa création, elle l’est par l’âge. Mais ce n’est pas seulement par l’ancienneté qu’elle entend le rester.

Lorsque « le meilleur économiste de France », Raymond Barre, alors Premier ministre, lui a décerné ce titre, c’était parce qu’elle se distinguait de ces consœurs, par une originalité, une liberté de ton et un choix de faire de la gestion une matière vivante en phase avec les évolutions des entreprises – rappelons qu’elle s’appelait alors : direction et gestion des entreprises.

Depuis 1989, je veille à tenir ces « deux bouts de la chaîne » qui en font parfois crisser certains, mais nous maintiennent dans le peloton de tête des revues à l’étranger.

Cette année particulière, la Rédaction a entendu que chacun des numéros qui paraissent à partir du cœur de l’année, celui-ci est donc le premier, comporte à la fois les articles sélectionnés par trois évaluateurs, dont un étranger, et un cahier, issu d’un colloque.

Il ne s’agit pas ici de la publication de colloques comme certains le font, par manque de matières, mais bien d’une volonté de s’inscrire dans la meilleure part de la production vive que donne un lieu où s’expose et se débat la recherche en action, mais avec les filtres que nous imposons à tout article avant sa publication.

Nous avons un peu, présumé de nos forces, car ce long travail d’évaluation, ne permet pas le respect des dates précises de publication. Nous présentons pour cela nos excuses aux auteurs et à vous, lecteurs !

Nous sommes toutefois rassérénés de faire en conscience, un travail qui ne se fait nulle part ailleurs.

En effet, pour assurer la qualité de la production, aux trois évaluateurs, nous ajoutons deux réviseurs. Ils vérifient et contrôlent chacune des références bibliographiques de chaque article.

Nos auteurs publiés le savent bien, lorsqu’ils reçoivent un courriel assez impératif de ma part, pour valider et vérifier les remarques des réviseurs !

La qualité que nous vous devons, ne l’est pas au nom de normes ou de procédés d’évaluation externes, mais bien au nom du respect que l’on doit à celui qui nous fait confiance, qu’il soit auteur ou lecteur.

Nous ne sommes toutefois pas à l’abri de quelques mystifications ou indélicatesses ! Grâce à des lecteurs attentifs, venus de Tunisie, nous venons de faire supprimer de la base de Cairn, deux articles qui avaient considéré des masters d’étudiants, comme pouvant être empruntés partiellement, mais sans citation des auteurs réels.

C’est une chose particulièrement lâche et écœurante que de s’approprier le travail d’autrui, surtout lorsqu’il est en position de dépendance comme l’est un étudiant face à un enseignant. Nous laissons ainsi à de « grands penseurs », Alain M… ou Jacques A….., « conseillers des princes » qui nous gouvernent, le redoutable écueil moral du plagiat !

Ce numéro 273-274 présente donc en troisième partie, un cahier de recherche, fruit d’un colloque. Nous le devons à une collaboration entre un laboratoire universitaire jeune, le Litem, ici sa branche Tem, conduite par Jean-Luc Moriceau et Isabela Paes et un laboratoire privé, Umalis sous la conduite de Julien Billion et de Géraldine Guérillot. Il traite de La déconstruction créatrice du travail : Innovations, opportunités et pièges. Les six articles sélectionnés, émanent de jeunes chercheurs, et sont à bien des égards, décoiffants. Ils apportent une réflexion pluridisciplinaire que nous ne cessons d’appeler de nos vœux pour sortir de la « scolastique » éculée, néo-libérale ou néo-marxiste.

L’on peut même ajouter qu’on y trouve dans ce cahier et chez un jeune auteur, ce qui ne peut que ravir « un amateur de cabinet de curiosités » cette suprême délectation de l’académicien, ou ce plaisir indicible de sentir un fumet raffiné. En un mot, ce goût du travail bien fait qui sait interroger « la racine noble : ἔργον », avec son accentuation grecque, et qui ne réduit sûrement pas à la moderne « ergonomie », ou qui se plonge dans la « racine sombre : tripalium » qui ne peut se résumer à des délices recherchés par les sectateurs du divin marquis !

En un mot, un travail profond et éclairant, encore possible, mais pour si peu de temps, puisque nous n’avons pas encore été complètement inféodés à l’inculture que les programmes qui vont être imposés aux collégiens, nous promettent. En privant, les jeunes « têtes blondes », de ce qui fut l’honneur de l’école de République, on coupe un enracinement classique, réellement démocratisé puisqu’il était offert à toutes et à tous !

Quand on invoque tant ces valeurs, il vaut mieux ne pas en détruire les assises, si l’on veut rester crédible !

Clin d’œil également, car ces articles innovants, se placent à la fin d’un numéro dont le premier dossier, est justement consacré aux normes et mesures. Aucune contradiction dans ce choix, mais l’application des « deux bouts de la chaîne ». Cinq forts articles charpentent cette réflexion où « normes et mesures » valident ou non, la performance dans le cadre multipolaire des économies régionales du monde.

Le lien entre les « deux bouts de la chaîne », que sont le dossier initial et le cahier final, est naturellement constitué par une transition sur l’entreprise. Entreprendre et environnement turbulent est un petit bijou enchâssé. Les trois articles que l’on doit à des auteurs éprouvés, traitent successivement de l’entrepreneuriat dans son concept, de problèmes de finance notamment dans ce qui constitue la base de l’entrepreneuriat que sont les TPE, et « finis coronat opus », assure la transition avec le cahier final, par une remarquable analyse de discours…pour les plans dits de sauvegarde de l’emploi. L’initiative créatrice, les moyens et les hommes pour la mettre en action, c’est bien l’entreprise !

Deux autres cahiers de recherche suivront. Mais d’ores et déjà, nous vous confions ces « deux bouts de la chaîne » !

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[1] Jacques Bénigne Bossuet, « du Libre arbitre », chapitre IV, Paris 1677.

[2] Aude d’Andria a été nommée « chargée de mission entrepreneuriat » à l’Université d’Evry-val d’Essonne et notamment dans le cadre de l’entrée de cette université dans l’Université Paris-Saclay.

n°287-288 – « Une Macédoine »

« Une Macédoine »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovationsSe référer à Philippe et à son fils, le grand Alexandre, n’est évidemment pas pour nous déplaire ! Rappeler que sous une même langue, la diversité culturelle des peuples qui connurent la puissance des rois macédoniens, est restée riche et variée et non uniformément monochrome, est à l’évidence ce qui caractérise notre revue.Comment nos traducteurs en anglais et en espagnol[1], vont-ils traduire ce titre à la fois simple et énigmatique ?

Six articles clôturent ce numéro. Ils ont été intégrés comme des « Études de cas multiculturelles ». Ils constituent cette « macédoine » au sens littéraire[2] du terme comme Bachaumont en a utilisé le vocable, pour la première fois en 1786. Il traitait alors du Bayard de Monvel. « Sans peur et sans reproche » à l’instar du célèbre chevalier, vainqueur des Suisses à Marignan, est un clin d’œil qui n’échappera pas aux esprits les plus affûtés de nos lecteurs.

Ce ne sont pas seulement les deux rives de la Méditerranée qui se trouvent ainsi réunies comme le prime abord croirait le résumer, mais ce sont les fruits d’une variété d’organisations qui enseignent la gestion qui se trouvent ainsi dans ce « mélange » au sens le plus académique du terme et aux thématiques diverses :

– Finance, bien sûr avec la première étude de cas, présentée par Ikram Radhouane, Mehdi Nekhili, Haithem Nagati et Gilles Paché sur la « divulgation environnementale et (la) performance financière des grandes entreprises françaises » (page 89). L’université du Maine, y cotoie une école de commerce, l’ICD, et se fondent au même creuset qu’Aix-Marseille université !

– De l’autre côté de la Méditerranée, deux chercheuses tunisiennes, Safa Dargachi et Hajer Ben Lallouna Hafsia attestent à leur manière, d’une forme de « globalisation » des comportements déviants des usagers dans le « secteur hospitalier ». Ce dernier en effet, en France comme en Tunisie, souffre considérablement des réformes des comptables béotiens et aveugles, ces fameux malades atteints de la « gestionite[3] », qui sont la cause de la « mauvaise qualité de service » (page 99). Voilà qui pourrait être donné à méditer à ces faux-sages de la rue Cambon, notamment !

– L’étude de cas suivante due à Amir Louizi, enseignant-chercheur à l’IDRAC Business School (page 107) appliquée à l’analyse de la gouvernance d’entreprises françaises, me ravit par l’une de ses conclusions : « les entreprises performantes n’ont pas forcément une bonne gouvernance. […] les entreprises performantes ont tendance à avoir une structure diffuse. » Sans résumer par cet extrait, l’analyse de l’auteur, son étude, avec des perspectives d’approfondissement et de diversification des échantillons nécessaires, constitue malgré tout une bouffée d’ouverture face à ceux, souvent dans les enceintes académiques, qui pensent que modélisation homogénéisée est la voie unique. Cela évoque immédiatement quelqu’économiste récemment propulsé à la chancellerie des universités de Paris et dont la nomination augure très mal d’un « nouveau monde » proclamé, mais qui s’éclaire aux plus vieilles lucarnes de la pensée morte et mortelle !

– L’étude de marketing sensoriel qui suit, nous situe toujours dans la recherche de qualité culturelle que notre revue place au cœur de ses valeurs, lorsque Rabiaa Daghrir et Azza Frikha dans leur conclusion constatent que « le phénomène de la madeleine de Proust, longuement évoqué dans les recherches interdisciplinaires, est peu exploité dans les recherches marketing » (page 128). On peut comme ces enseignantes de l’ISC-Tunis, auteures de cette étude sur « les senteurs d’ambiance… », (page 119) le regretter !

– L’entrepreneuriat est le thème des deux dernières études de cas de ce dernier dossier :

  • Yassine Laib et Rédha Benredjem, chacun enseignant de part et d’autre de la Mare nostrum, l’un à Lyon, capitale des Gaules et l’autre venu de l’ancienne Cirta, devenue Constantine par la volonté d’un empereur romain, se penchent sur « la promotion de l’entrepreneuriat en Algérie ».
  • Tandis que l’étude finale réside en un compendium du « contexte institutionnel dans les économies émergentes ». On le doit à un auteur marocain Salah Koubaa et une chercheuse française, Mounia Benabdallah.

On pourra s’étonner que nous ayons commencé par la fin, c’est-à-dire le 3e dossier de ce numéro, avant que de souligner les apports des deux premiers.

C’est l’avantage de la macédoine, qu’elle soit de fruits ou de légumes, que de pouvoir être dégustée, et les plus grands cuisiniers s’y sont consacrés, sans qu’aucun ordre ne s’impose !

De plus, insister sur la richesse des enseignements que peuvent apporter par leurs études de cas les entreprises et les organisations, nous semble une excellente introduction au 1er dossier qui, proche des sciences de l’éducation, propose trois études originales qui caractérisent bien que rien de ce qui concerne la gestion ne nous est étranger, si j’ose paraphraser Terence[4].

L’apprentissage n’est pas encore bien entré dans l’esprit de tous les universitaires dont certains s’y opposent par une idéologie surannée et mortifère ou, pour les moins courageux, par prétérition. C’est notamment le cas de notre économiste entré, on ne sait toujours pas au nom de quoi dans la chancellerie des universités parisiennes ! Discours « pro business » et structure du pouvoir sont donc des choses bien différentes, toujours !

Il n’est pas sûr non plus, à force de mesures dispersées, contradictoires et archaïques durant le quinquennat précédent que toutes les organisations qui devraient massivement concourir à la formation diplômante des jeunes ne soient pas encore bien méfiantes.

En 1992, direction et gestion déjà, sous la plume de René Hugonnier[5], dressait un constat : « les plus hautes autorités de l’État s’inquiètent de notre déficit en qualification professionnelle et dénoncent l’inadaptation de nos moyens de formation professionnelle. Il s’agirait là d’une faiblesse grave, d’un handicap majeur dans la compétition économique de plus en plus vive à laquelle nous conduit l’abaissement et, dans certains cas, la disparition des frontières.

On nous a répété que nous sommes engagés dans une guerre économique. Celle-ci, moins douloureuse qu’une guerre véritable, est sans doute aussi inexorable, et peut-être plus grave dans ses conséquences à terme. On peut d’ailleurs penser que dans certains secteurs professionnels les déclarations officielles ne témoignent que partiellement d’une réalité plus sévère.

Si nous sommes en guerre, il faut s’en donner les moyens. Si l’apprentissage est un des facteurs-clés de la bataille il faut, dans les délais les plus brefs reconstruire des structures et des méthodes dignes d’un tel effort[6]. » C’était, il y a 35 ans et l’article que le jeune directeur de la revue que j’étais alors, avait choisi de publier, a gardé toute son acuité.

Jean d’Ormesson, qui vient de nous quitter, lui qui dirigea l’un des grands journaux français, constate que « ce qui sépare le journaliste de l’écrivain, c’est le mystère du temps. Le temps passe et il dure. Le temps du journaliste (j’ajouterais aussi du mauvais homme politique) est tout entier du côté du temps qui passe. L’écrivain est tout entier du côté du temps qui dure[7] ».

Sans nous hausser au rang d’écrivains, gageons que notre revue, véritable organe de presse en faisant émerger la recherche actuelle, entend ne retenir que des auteurs durables. C’est ambitieux, mais je constate à la lecture de tous ces noms qui ont confié, souvent à leurs débuts, une contribution à notre revue… que nous sommes bien dans notre ambition !

Les auteurs du dossier « Enseignement et entreprise » poursuivent donc notre volonté de travailler sur les questions originales et de fond en sciences de gestion : Dominique Siegel aborde « le recours à des apprentis du supérieur » (page 13), Alexandra Couston et Isabelle Pignatel s’interrogent sur « l’adéquation de la formation doctorale en France aux besoins de l’entreprise » (page 23) et Aurélien Rouquet et Jean-Baptiste Suquet, à l’instar d’Alfred Carrard[8], modèle s’il en est de la formation des formateurs, s’inquiètent de la pauvreté de la réponse académique sur l’immersion dans une organisation de l’enseignant-chercheur de gestion (page 31).

Enfin, le deuxième dossier de ce numéro : « Innovations et finance ». Dans ce domaine à la fois si classique et si décrié qu’est, du fait de sa place devenue omniprésente, la finance, il nous a semblé utile de souligner quelques avancées ou étapes novatrices. « Les IAS/IFRS apportent-elles une amélioration ? » est la question que posent Gaëlle Lenormand et Lionel Touchais (page 43) tandis que Marion Goffin dresse un très utile état des lieux du marché des obligations callables des firmes américaines durant les 40 années qui viennent de s’écouler (page 51). Loredana Cultrera, Mélanie Croquet et Jérémy Jospin apportent un appareil d’analyse pour « la prédiction des faillites » grâce à leur étude des PME belges (page 63).

Situé de fait, au cœur de ce numéro, le dernier article de ce dossier de finance traite d’un sujet à la fois d’une ardente actualité « le microcrédit personnel » destiné à des publics fragilisés et d’une interrogation de fond sur la pauvreté qui ne cesse de s’accroître du fait de l’innommable inégalité d’un système économique injuste et donc inefficace ! Valérie Billaudeau, Elizabeth Poutier, Pascal Glémain et Emmanuel Bioteau, (page 79) venus d’horizons différents, présentent cette réponse innovante de « Ma tante[9] » et du Crédit Municipal de Nantes, institution datant de 1813 qui « proposent des produits et services résolument différents des autres banques… » !

Les chroniques bibliographiques sont ouvertes à l’un de nos partenaires traditionnel, le Cercle Turgot, aux sympathies libérales connues et qui doit tant à son président Jean-Louis Chambon. Nous les ouvrons une deuxième fois, en souhaitant que cela ne soit pas une seconde, à Jean-Michel Servet, Professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève pour présenter son analyse de l’ouvrage de Pierre Dockès : « Comment une histoire des crises peut/doit (re)constituer un enseignement pour notre temps »

« Diversité c’est ma devise » est le vers de La Fontaine[10], que Pigault-Lebrun place en exergue de son ouvrage « Une Macédoine », publié en 1811… Qu’écrire de plus ?

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[1]. Nos lecteurs auront remarqué que l’indigne comportement, qui rappelle ceux d’avant 1975, du Gouvernement actuel de l’Espagne, nous a fait retirer le drapeau de la couverture de ce numéro, mais bien entendu en conserver la langue qui est celle de nombreux peuples amis.

[2]. Louis Petit de Bachaumont, (1788), « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours : ou, Journal d’un observateur », chez J. Adamson, page 251.

[3]. Philippe Naszályi, (1996), « La Gestionite », direction et gestion des entreprises, n° 155-156, pp. 6-7.

[4]. Homo sum, nihil humani a me alienum puto.

[5]. Né en 1921, apprenti à 16 ans, ouvrier ajusteur, licencié en psychologie et diplômé de la Business School de Cornell (États-Unis), il est devenu président du Groupe Convergence et conseil d’entreprises en 1958. Auteur de divers ouvrages, dont Former des chefs, promouvoir les hommes (Dunod, 1964), il a également enseigné à l’Institut de contrôle de gestion (ICG) le cours de direction des entreprises et été conférencier à l’École supérieure de Guerre.

[6]. René Hugonnier, (1992), « Quand nous savions mieux que les Allemands, former les apprentis… », Direction et gestion des entreprises, n° 134, pp. 9-14.

[7]. Jean d’Ormesson, « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle », Nrf, Galllimard, 2015, 485 p., page 341.

[8]. Alfred Carrard, Ingénieur suisse (Montreux 1889-Lausanne 1948), fondateur de l’Institut de psychologie appliquée de Lausanne, il a largement contribué à développer les méthodes et les techniques de formation professionnelle et de perfectionnement des adultes. On pourra lire avec intérêt : Alfred Carrard (1940), « Méthode de formation professionnelle : pour la spécialisation rapide de manœuvres à former pour des travaux définis d’ajustage, de fraisage et de tournage », Institut de psychologie appliquée de Lausanne, 64 pages.

[9]. On doit ce surnom du « Mont-de-piété », créé en 1637, et devenu depuis 1918, le Crédit municipal de Paris au Prince de Joinville qui, refusant d’avouer à sa mère, la reine Marie-Amélie qu’il avait « mis au clou » sa montre » pour payer ses dettes de jeu, préféra indiquer qu’il l’avait oubliée chez « sa tante » !

[10]. Jean de La Fontaine, Contes et nouvelles en vers (1665-1674), Pâté d’anguille.

Journée LITEM – Enjeux et perspectives de la publication en français en sciences de gestion

Journée LITEM
L
aboratoire en Innovation, Technologies, Economie et Management

Recherche organisée dans le cadre de la Journée LITEM

Telecom Ecole Management, Grenoble Ecole Management et Université d’Evry-Val d’Essonne

jeudi 26 mars 2015
sur le Campus de Télécom Ecole de Management (Evry) 

PROGRAMME
Inscription obligatoire
Plan Vigipirate – une pièce d’identité sera demandée à l’entrée

Enjeux et Perspectives
de la publication en français en sciences de gestion

en partenariat avec

la revue des sciences de gestion

50 ans d’innovations

Depuis cinquante ans, La Revue des Sciences de GestionDirection & Gestion des entreprises vise à offrir une tribune à des recherches originales en gestion. Sans se limiter à une thématique, sans exclusivité disciplinaire, sans parti-pris méthodologique, LaRSG privilégie les articles innovants.
A l’occasion de l’anniversaire de la parution du 1er numéro (mars-avril 1965), cette journée d’étude aborde les enjeux et les perspectives de la publication en français en sciences de gestion.
Elle accueille à dessein des communications originales qui ne trouvent pas nécessairement leur place dans les canaux académiques traditionnels de diffusion. Qu’elles se situent à la frontière de plusieurs disciplines, qu’elles concernent des thématiques émergentes pour lesquelles les champs institutionnels ne sont pas encore constitués, qu’elles fassent entendre des voies dissidentes par rapport aux théories bien établies, les propositions de communication sont considérées avec bienveillance, dès lors qu’elles sont stimulantes et rigoureuses.
Les recherches réflexives sur les pratiques professionnelles de la communauté académique sont particulièrement bienvenues mais, à l’image de la politique éditoriale de La RSG, toute recherche innovante peut être proposée.

Programme provisoire

8h30 – 9h00 Accueil des participants

9h00 – 9h30 50 ans de publication francophone en gestion

Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion-direction et gestion des entreprises)

  • « Le dogmatisme, voilà l’ennemi ! »

Aude d’Andria (Rédactrice en Chef de La Revue des Sciences de Gestion – LITEM – UEVE)

Chantal Ammi (Directrice du LITEM – TEM)

9h45 – 11h15 Sessions parallèles : Ateliers 1-2-3 et 4

Atelier 1 : Publications et référencements
Présidente : Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)

  • Droit et gestion : la pluridisciplinarité à l’épreuve de la non reconnaissance des publications juridiques d’enseignants-chercheurs rattachés aux départements de gestion
    Emmanuel Bayo (ESSCA Ecole de Management)
  • La publication au Maroc
    Hayat El Adraoui (Université Hassan II, Casablanca)
  • La recherche et la publication francophone en management stratégique
    Mouhoub Hani (IRG – Université Paris-Est Créteil)
  • L’Afrique, un continent en marche vers une constitution de bases de données d’entreprises : une application aux entreprises camerounaises
    Nadège Ingrid Gouanlong Kamgang (Université de Ngaoundéré-Cameroun)

Atelier 2 : Quelles nouvelles pistes en entrepreneuriat ?
Présidente : Aude d’Andria (LITEM-UEVE-rédactrice en chef de LaRSG)

  • Etude de la motivation entrepreneuriale des jeunes entrepreneurs de la génération Y
    Inès Gabarret (EDC Paris Business School) et Pascal Etzol (EDC Paris Business School)
  • Bricolage et effectuation dans les pratiques d’accompagnement des petits incubateurs
    Annabelle Jaouen (Montpellier Business School), Walid A. Nakara (Montpellier Business School), Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)
  • Sur l’intrapreneuriat dans le champ de la stratégie : quelques implications épistémologiques
    Aurélie Ewango-Chatelet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
  • Le projet est mort, vive le projet ! Le rôle de l’effectuation dans la survie des entreprises en création
    Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management), Florence Law (EDC Paris Business School) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)

Atelier 3 : Recherche et action
Président : Chantal Ammi (LITEM-TEM)

  • Une démarche innovante de recherche-action : le voyage apprenant
    Elizabeth Poutier (ESSCA Ecole de Management) et Valérie Billaudeau (Université d’Angers)
  • Une approche philosophique de la responsabilité sociale du chercheur
    Jean-Jacques Pluchart (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Réflexivité et éthique du chercheur dans la conduite d’une recherche intervention
    Pascale Château-Terrisse  et al. (Université Paris-Est Marne-la-Vallée, IRG)
  • L’évaluation des compétences orthographiques lors du processus de recrutement : une analyse expérimentale des décisions et des discours d’un échantillon de recruteurs
    Christelle Martin-Lacroux (Université de Toulon)

Atelier 4 : La finance, toujours des questions ?
Président : Fredj Jawadi (LITEM-UEVE)

  • La contagion des crises financières à travers l’interdépendance de long terme des marchés des actions
    Nadhem Selmi (Université de Sfax) et Nejib Hachicha (Université de Sfax)
  • Une refonte des enseignements et de la recherche en finance
    Catherine Karyotis (Neoma Business School), Denis Dupré (Université de Grenoble), Emmanuel Raufflet (HEC Montréal) et Sharam Alijani (Neoma Business School)
  • La relation entre la politique d’endettement et la gestion du résultat
    Safa Lazzem (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis)

11h30 – 13h00

Table ronde n°1 : Publication et évaluation de la recherche
animée par Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)

Participants :

  • Jean-François Chanlat (Université Paris-Dauphine)
  • Claude Martin (Président du réseau PGV, Université Pierre Mendès France deGrenoble)
  • Eric Pezet (Université Paris Ouest, Nanterre La Défense)
  • Eric Séverin (IAE de Lille, Ecole universitaire de Management)

13h00 – 14h15 Buffet-Déjeuner

14h30 – 16h30

Table ronde n°2 : La publication scientifique francophone et la vie des entreprises
animée par Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion– LITEM-UEVE)

Participants :

  • Gérard Chevalier (président de Cybel)
  • Lionel Ferraris (Directeur du Développement Durable, des Achats et de l’Immobilierde l’UCANSS)
  • Patrice Noailles (auteur et ancien conseiller du Ministre de la Recherche, Seillans Investissement)
  • Thierry Perdereau (Président de l’Association des Acteurs Economiques de l’Arpajonnais)

16h30 Clôture de la journée par M. Denis Guibard, directeur de Télécom Ecole de management et pot du cinquantenaire

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Comité d’organisation : Chantal Ammi, Aude d’Andria, Sylvie Chevrier, Philippe Naszályi, Eric Séverin, Yves Soulabail, Thibaut Daudigeos, Romain Zerbib

Comité scientifique :
– Amina Bécheur, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Sami Ben Larbi, Université de Toulon/Kedge Business School
– Martine Brasseur, Université Paris Descartes
– Didier Chabaud, Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse
– Amélie Clauzel Charbaut, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
– Andrée De Serres, ESG, Université du Québec à Montréal,   GIREF
– Delphine François-Philip de Saint-Julien, Université Versailles St Quentin
– Inès Gabarret, Ecole des Dirigeants & Créateurs d’entreprise, Paris La Défense
– Fredj Jawadi, Université d’Evry Val d’Essonne
– Annabelle Jaouen, Groupe Sup de Co Montpellier-Montpellier Business School
– Vassili Johannidès,  Grenoble École de Management / Queensland University of Technology
– Catherine Léger-Jarniou, Université Paris Dauphine
– Jérôme Maati,  IAE de Lille, Ecole universitaire de Management
– Olivier Mamavi, ICD/LARA, groupe IGS
– Olivier Meier, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Maria Mercanti-Guérin, Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris
– Gilles Paché,  Aix-Marseille Université
– Serge Raynal, Université du Québec à Chicoutimi
– Evelyne Rousselet, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Michel Roux, Groupe international de recherche en éthique financière et  fiduciaire (GIREF)
– Sylvie Scoyez, IAE de Valenciennes
– Pascale Terrisse, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Benjamin Vedel, IAE de Lille, Ecole universitaire de Management

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en partenariat avecr2ie revue internationale d'intelligence économique revue internationale de management et de stratégie

Nouveau site pour la Revue de Management et de Stratégie

Nous avons le plaisir de vous annoncer la mise en ligne de la Revue de Management et de Stratégie.
La Revue de Management et de Stratégie est une revue académique, 100% en ligne, éditée par le groupe VAPRESS. L’ambition majeure de la revue est de reconnecter la recherche académique en sciences de gestion avec la pratique en publiant des articles scientifiques originaux et opérationnels n’excédant pas 15.000 signes. Les contributions sont soumises à un protocole d’évaluation à triple aveugle mené par deux académiques et un praticien reconnu.  Les arbitrages sont rendus dans un délai maximum de 30 jours.
La Revue de Management et de Stratégie a ainsi pour objet de devenir une référence, tant académique que professionnelle, en matière de publication des meilleures analyses et propositions d’innovations managériales et stratégiques.
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