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Le LITEM (EA 7363) est un laboratoire de recherche ancré dans les sciences de gestion et les sciences économiques. Il est commun à l’Université d’Evry Paris Saclay et à Institut Mines-Télécom Business School (IMT-BS). Il fait partie de la Graduate School Economics & Management de l’Université Paris-Saclay, et de son école doctorale « Droit, Economie, Management » (ED DEM, n°630)

n°269-270 Coopérations

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Editorial : « Coopérations »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe Naszalyi

Le titre de ce numéro de fin 2014, n’est pas seulement dû à la présence du cahier central consacré aux coopératives. La rédaction a entendu privilégier, en marketing ou en RSE, en finance ou en ressources humaines, en stratégie ou en organisation, des contributions qui démontrent que co-construction, collaborations, compromis même, des coopérations donc, sont un élément constitutif fondateur de l’entreprise telle que nous la concevons.

Deux jeunes auteurs, Julien Granata et Pierre Marquès(1), viennent d’ailleurs de faire connaitre au public francophone, le néologisme que constitue le mot « coopétition ». Le mot est issu de la théorie des jeux. Il entend mettre en évidence ces situations, ignorées par les théoriciens de la compétition hélas à la mode, comme Porter, mais qu’on rencontre souvent. J’entends celles où le résultat de la collaboration entre deux joueurs en compétition sera supérieur à celui qu’ils auraient pu obtenir par une pratique classique de concurrence. Il s’agit de remplacer les attitudes de type « gagnant-perdant » (l’un remporte tout et l’autre rien) par des attitudes « gagnant-gagnant » (tous les adversaires devenus ainsi partenaires, gagnent quelque chose). C’est un paradigme, né comme il se doit en gestion de la pratique, celle du P-DG de Novell, Raymond Noorda qui le premier utilise le terme « co-opetion » en 1992. Adam M. Brandenburger d’Harvard et Barry J. Nalebuff de Yale en offrent, en 1996, un développement théorique(2).

coopetiteur

Le réseau de valeur : source : Julien Granata et Pierre Marquès, page 10.

La coopétition, stratégie opportuniste ou machiavélique au sens littéral et non péjoratif, offre des voies d’application qu’il ne sera pas inutile de travailler en sciences de gestion. Les « cartes d’infidélité » que l’on rencontre aux États-Unis ou dans certains pays européens, procèdent de cette idée. En effet, pour écarter un consommateur de Starbucks, quoi de mieux que de l’habituer à fréquenter des établissements similaires au sien, certes concurrents, mais finalement dans le même esprit de qualité du café et lui offrir pour le fidéliser un dixième café gratuit. Cela crée un niveau de concurrence acceptable, celle que l’on ne peut éradiquer et amène à une union face à un géant qui lui, est mortel pour tous les « petits » cafés. C’est une véritable coopétition(3).

Dans un tout autre secteur, Romaric Servajean-Hilst et Frédéric Le Roy, dans un article du Monde, consacré à Alstom la prônent avec conviction. Les deux chercheurs en gestion y voient même l’alternative à la braderie de ce fleuron industriel hexagonal et le moyen « d’arrêter l’hémorragie des savoir-faire français ». «Les exemples de réussite » écrivent-ils « de projets industriels basés sur la coopétition sont légions. Les programmes Airbus, Eurocopter ou Ariane sont tous, à l’origine, fondés sur la coopération entre concurrents. Sans le recours à la coopétition, aucune des entreprises européennes impliquées dans ces projets n’avait la taille suffisante pour affronter les marchés mondiaux. (4) ». Louis Pouzin, ingénieur, polytechnicien, Président d’honneur de la société française de l’Internet ne dit pas autre chose. Cet homme méconnu en France, est considéré par les Anglo-américains comme l’un des pères d’Internet. Il a inventé le « datagramme », ces sortes de petits paquets d’informations circulant librement et indépendamment sur un réseau, avant d’être recomposés en bout de course. Ses travaux ont été repris par Vinton Cerf pour créer le protocole de transmission TCP/IP. S’inspirant d’arpanet, il a développé en Europe, le réseau « Cyclades » à partir de 1971. On doit évidemment au successeur de Georges Pompidou d’avoir mis un terme à cette expérience de coopération, jugée « trop universitaire » et pas assez « industrielle ». On sacrifia la recherche fondamentale comme on continue de le faire bien souvent, au profit du gain, certes important, mais immédiat et limité qu’était le minitel. « Nous aurions pu être parmi les pionniers du monde Internet (…), écrit Maurice Allègre, « nous n’en sommes que des utilisateurs, fort distants des lieux où s’élabore le futur »(5). » On sait en revanche ce qu’en ont fait les Américains. Ce projet européen, tué dans l’œuf par le « libéralisme avancé » et la cabale des ingénieurs des télécoms, était pourtant un bel exemple de coopération. Poussées par le désir gaullien d’indépendance face à l’Amérique, les firmes européennes s’unissaient en un consortium C2I. Olivetti, Philips, Siemens ou l’anglais Place s’alliaient à un CII, renforcé de Bull pour faire bonne mesure ; déjà une coopétition innovante.

À l’instar de Richard D. Lewis qui pense que « la question vitale est de savoir comment l’esprit est culturellement conditionné…(6)», Louis Pouzin préside le conseil d’administration du Native Language Internet Consortium (NLIC) dont l’objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue du Réseau. L’ingénieur français estime ainsi que « s’attaquer au monolinguisme d’Internet, c’est s’attaquer à l’hégémonie américaine sur Internet. Voilà encore quelques années », poursuit-il, « les Américains légitimaient par un baratin technique la nécessité de faire fonctionner le système d’adresses du Réseau (le Domain Name System, ou DNS) avec des caractères latins non accentués. Il n’y a aucune nécessité technique à cet état de fait » (7). Le réseau est de fait, sous le contrôle de l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation de droit californien qui est chargée depuis 1996, de relier les noms de domaine (assigned names) et les adresses IP (numbers). « L’Icann, monopole autoproclamé, prétend qu’il n’y a qu’une seule racine, dont Verisign assure le fonctionnement, par contrat avec le département du commerce (DOC) étasunien. Toute modification de cette racine doit être approuvée d’abord par l’Icann, puis par le DOC. En réalité, il existe de nombreuses racines créées par d’autres organismes, pour permettre aux internautes d’utiliser des sites dont, pour diverses raisons, les TLD (Top Level Domain) n’existent pas dans la racine Icann » explique encore Louis Pouzin(8). L’Icann a assoupli sa position en 2014. Toutefois, il a longtemps imposé un alphabet américain (l’ASCII), inaccessible à des milliards d’êtres humains utilisant d’autres alphabets (russes, chinois, arabes, indiens, etc.) ainsi qu’un modèle économique qui reste très contestable : la location des noms de domaine. C’est à l’évidence, un sérieux avantage qui permet au Gouvernement étatsunien de disposer de la capacité technique d’espionner la toile mondiale. L’Icann et ses correspondants comme l’Afnic(9) en France, contrôlent les serveurs racines d’Internet. Cela permet aux internautes – 3,07 milliards en 2015, soit 42,4% de la population mondiale (10) – de trouver en quelques clics leur chemin sur les millions de serveurs hébergeant des données sur la toile. A l’heure des « grandes oreilles » de la NSA, de l’espionnage d’hommes ou de femmes d’État, mais aussi d’entreprises innovantes, la menace est à prendre très au sérieux et les solutions alternatives toujours à privilégier. 2015 doit être l’année de « la création d’une organisation chargée de superviser tout ou partie des fonctions de gestion de la racine à la place du gouvernement américain »(11). A 84 ans, le lauréat du prix « Queen Elizabeth for Engineering » 2013(12), le Prix Nobel de l’ingénierie, n’entend donc pas laisser à d’autres cette opportunité. Il est aujourd’hui à l’origine d’une « start up », Open Root, qui se veut une solution alternative à celle de l’Icann puisque le sujet est d’actualité.

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Cela suscite comme toujours, la résistance des « titulaires de la rente », agrippés à leur pré-carré et les moqueries des suiveurs, ces « matons de panurge », selon la formule de Philippe Muray. Les mauvais choix français et de ce fait, européens, des années 1975 et suivantes sont lourds de conséquences. « Ce sont les rentes académiques (qui) induisent des rentes financières. » (13) et la baisse des crédits à la recherche fondamentale aboutit toujours à terme, à la régression et à l’obsolescence. « Innovation » comme le parcours de Louis Pouzin le rappelle, rime évidemment avec « coopération », car « Internet n’aurait pas été aussi mondial s’il n’avait pas été conçu et développé par une multiplicité d’équipes issues de divers domaines »(14). C’est l’un des credo de notre revue depuis 50 ans. « Pour faire changer les choses, pour inciter les scientifiques à réfléchir au système, il faut créer un journal, sinon la communauté scientifique n’existe pas. La presse scientifique a un rôle de connaissance sociale. Si vous voulez rendre le changement possible, il faut créer un journal. La science est un monde ouvert. Si vous êtes isolés des autres, ce n’est pas favorable au développement des innovations, de la créativité collective »(15). Il est toujours bon de le rappeler tant les vents contraires soufflent toujours de très mauvaises solutions. Nous appartenons à ceux qui « en France et à l’étranger… pensent qu’il y a des voies fécondes en dehors du mainstream américain. »(16) Les articles de ce numéro double de nouveau, tant il y avait matière à publier, s’articulent autour d’un cahier central et de deux dossiers thématiques. Nous avons confié à des chercheurs du jeune laboratoire LITEM(17) dont le cœur de la recherche est l’innovation, Sandrine Ansart, Stéphane Jaumier, Séverine Le Loarne et Virginie Monvoisin de Grenoble École de Management, le soin de sélectionner et d’ordonnancer un dossier sur les coopératives, à partir des travaux d’un workshop dont notre revue était partenaire en décembre 2012, à Grenoble. Comme nous aimons à le faire, cette réflexion, née des communications et des échanges au cours d’une journée de réflexion, a maturé pour aboutir à ce travail en six articles, qui est présenté ; finis coronat opus. Mon prédécesseur, Jean-Pierre Gravier, disparu il y a bientôt dix ans, et qu’en ce cinquantenaire de notre revue il convient plus particulièrement de ne pas oublier le rôle fondateur, avait coutume de dire qu’un article soumis à notre revue et qui ne peut attendre plus d’un an, n’est pas un article pour elle, car elle privilégie la solidité de la recherche à l’information immédiate qui s’apparente de plus en plus à la communication et son asservissement aux commanditaires. « La presse spécialisée s’inscrit dans la durée. C’est une presse qui va tranquillement, dans le bon sens du terme, vers la durabilité. »(18) Les « coopératives » sont enchâssées, si j’ose la métaphore, dans deux puissantes thématiques liées : « constructions et collaborations entrepreneuriales » qui réunit quatre contributions pluridisciplinaires et « comportements et responsabilité sociale » que nous avons ordonné autour de six approches territoriales ou sectorielles. Le Réseau des Pays du groupe de Vysegrad (PGV), partenaire de notre revue, célèbre le 20e anniversaire de sa création. Coopération de chercheurs et coopération de pays, il est à lui seul emblématique de ce numéro. L’article qui interroge « La cohésion européenne », proposé par son fondateur, Claude Martin qui, depuis 1977, accompagne notre revue de recherche, nous paraissait symbolique de l’esprit que nous entendions donner à ce numéro. Il l’introduit donc. « Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun ; en s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant » est l’ambitieux programme, l’utopique programme que le Contrat social assigne, c’est celui à n’en pas douter des coopérations !

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  1. Julien Granata et Pierre Marquès (2014), Coopétition : s’allier à ses concurrents pour gagner, Pearson, 215 pages.
  2. Adam M. Brandenburger and Barry J. Nalebuff (1996), Co-opetition by, Currency/Doubleday, 290 pages.
  3. http://www.merkapt.com/entrepreneuriat/business_model/la-coopetitioncomme-strategie-dinnovation-de-sa-concurrence-4800.
  4. Romaric Servajean-Hilst, et Frédéric Le Roy, Alstom : la « coopétition », une alternative à la vente. Il faut arrêter l’hémorragie des savoir-faire français, Le Monde Editions, 20/06/2014.
  5. Courrier des lecteurs du Monde, en 1999 cité dans http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html#pf78Hgu3W14exuTv.99
  6. Richard D Lewis. (1996), When Cultures Collide : Managing Successfully Across Cultures; published by Nicholas Brealey, London, 2nd edition (2001).
  7. http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html
  8. http://www.silicon.fr/open-root-louis-pouzin-internet-gouvernance-79985html#IJFHoIdmcdy51xuT.99
  9. Association française pour le nommage Internet en coopération.
  10. http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/le-nombre-d-internautesdans-le-monde-en-2015-1114.shtml
  11. Mathieu Weill (Afnic) : « Nous restons préoccupés par les dysfonctionnements de l’Icann », propos recueillis par Pascal Samama, 01net, 31 octobre 2014. http://www.01net.com/editorial/630234/mathieu-weill-afnic-nous-restonspreoccupes-par-les-dysfonctionnments-de-licann
  12. Le prix Queen Elizabeth for Engineering, en 2013 récompense cinq ingénieurs, créateurs d’Internet et du Web pour leur innovation qui a révolutionné la manière de communiquer et permis le développement de nouvelles industries. Ce sont : Louis Pouzin, Robert Kahn, Vinton Cerf, Tim Berners-Lee et Marc Andreesen.
  13. Jean-Claude Thoenig : Décider, gérer, réformer. Les voies de la gouvernance. Revue Sciences humaines, n° 44 (hors série), mars-avril-mai 2004.
  14. http://www.01net.com/editorial/589033/le-francais-louis-pouzin-recompense-par-le-prix-queen-elizabeth-for-engineering
  15. Prononcé par Marion Guillou, Polytechnicienne, Ingénieur Général des Ponts, eaux et Forêts et docteur en Sciences de l’aliment, Présidente d’Agreenium, établissement Public de Coopération pour l’enseignement et la recherche, en agriculture, alimentation et environnement, ancienne présidente de l’Inra, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.
  16. Michel Berry, (2003), Classement des revues : le CNRS va-t-il perdre son âme ? Lettre ouverte au CNRS.
  17. Laboratoire en Innovation, Technologie, Economie et Management, créé en juillet 2013.
  18. Prononcé par Thierry Jeantet, directeur Général d’Euresa (Groupement européen d’Intérêt économique rassemblant 14 mutuelles et coopératives d’assurance européennes rassemblant 23 millions de sociétaires). Il est Président de l’association des rencontres du Mont-Blanc-Forum International des dirigeants de l’économie Sociale depuis octobre 2005, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.

n°273-274 « Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

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« Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe Naszalyi LaRSG

Ce numéro double du cœur de l’année du cinquantenaire et qui paraît avec retard, est symbolique de ce que notre revue depuis sa création en 1965, a toujours essayé de faire : Produire une recherche et non pas des publications.

C’est une lourde de tâche que de « tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne quoiqu’on ne voit pas toujours par où l’enchaînement se continue » pour reprendre la formule célèbre de Bossuet[1].

Telle est la tâche de la rédaction, et notamment de sa rédactrice en chef qui, après trois ans pleins de travail bénévole, est appelée à nous quitter, pour de nouvelles fonctions au sein de son université[2]. Remercions Aude d’Andria qui a bâti les numéros de cette année 2015 qui s’égrène devant nous.

Mais que sont donc ces « deux bouts de la chaîne » ?

La réponse est simple et masque le travail à accomplir. En cette année du cinquantenaire, la revue a souhaité démontrer qu’elle est toujours, la première revue francophone de management.

De par la date de sa création, elle l’est par l’âge. Mais ce n’est pas seulement par l’ancienneté qu’elle entend le rester.

Lorsque « le meilleur économiste de France », Raymond Barre, alors Premier ministre, lui a décerné ce titre, c’était parce qu’elle se distinguait de ces consœurs, par une originalité, une liberté de ton et un choix de faire de la gestion une matière vivante en phase avec les évolutions des entreprises – rappelons qu’elle s’appelait alors : direction et gestion des entreprises.

Depuis 1989, je veille à tenir ces « deux bouts de la chaîne » qui en font parfois crisser certains, mais nous maintiennent dans le peloton de tête des revues à l’étranger.

Cette année particulière, la Rédaction a entendu que chacun des numéros qui paraissent à partir du cœur de l’année, celui-ci est donc le premier, comporte à la fois les articles sélectionnés par trois évaluateurs, dont un étranger, et un cahier, issu d’un colloque.

Il ne s’agit pas ici de la publication de colloques comme certains le font, par manque de matières, mais bien d’une volonté de s’inscrire dans la meilleure part de la production vive que donne un lieu où s’expose et se débat la recherche en action, mais avec les filtres que nous imposons à tout article avant sa publication.

Nous avons un peu, présumé de nos forces, car ce long travail d’évaluation, ne permet pas le respect des dates précises de publication. Nous présentons pour cela nos excuses aux auteurs et à vous, lecteurs !

Nous sommes toutefois rassérénés de faire en conscience, un travail qui ne se fait nulle part ailleurs.

En effet, pour assurer la qualité de la production, aux trois évaluateurs, nous ajoutons deux réviseurs. Ils vérifient et contrôlent chacune des références bibliographiques de chaque article.

Nos auteurs publiés le savent bien, lorsqu’ils reçoivent un courriel assez impératif de ma part, pour valider et vérifier les remarques des réviseurs !

La qualité que nous vous devons, ne l’est pas au nom de normes ou de procédés d’évaluation externes, mais bien au nom du respect que l’on doit à celui qui nous fait confiance, qu’il soit auteur ou lecteur.

Nous ne sommes toutefois pas à l’abri de quelques mystifications ou indélicatesses ! Grâce à des lecteurs attentifs, venus de Tunisie, nous venons de faire supprimer de la base de Cairn, deux articles qui avaient considéré des masters d’étudiants, comme pouvant être empruntés partiellement, mais sans citation des auteurs réels.

C’est une chose particulièrement lâche et écœurante que de s’approprier le travail d’autrui, surtout lorsqu’il est en position de dépendance comme l’est un étudiant face à un enseignant. Nous laissons ainsi à de « grands penseurs », Alain M… ou Jacques A….., « conseillers des princes » qui nous gouvernent, le redoutable écueil moral du plagiat !

Ce numéro 273-274 présente donc en troisième partie, un cahier de recherche, fruit d’un colloque. Nous le devons à une collaboration entre un laboratoire universitaire jeune, le Litem, ici sa branche Tem, conduite par Jean-Luc Moriceau et Isabela Paes et un laboratoire privé, Umalis sous la conduite de Julien Billion et de Géraldine Guérillot. Il traite de La déconstruction créatrice du travail : Innovations, opportunités et pièges. Les six articles sélectionnés, émanent de jeunes chercheurs, et sont à bien des égards, décoiffants. Ils apportent une réflexion pluridisciplinaire que nous ne cessons d’appeler de nos vœux pour sortir de la « scolastique » éculée, néo-libérale ou néo-marxiste.

L’on peut même ajouter qu’on y trouve dans ce cahier et chez un jeune auteur, ce qui ne peut que ravir « un amateur de cabinet de curiosités » cette suprême délectation de l’académicien, ou ce plaisir indicible de sentir un fumet raffiné. En un mot, ce goût du travail bien fait qui sait interroger « la racine noble : ἔργον », avec son accentuation grecque, et qui ne réduit sûrement pas à la moderne « ergonomie », ou qui se plonge dans la « racine sombre : tripalium » qui ne peut se résumer à des délices recherchés par les sectateurs du divin marquis !

En un mot, un travail profond et éclairant, encore possible, mais pour si peu de temps, puisque nous n’avons pas encore été complètement inféodés à l’inculture que les programmes qui vont être imposés aux collégiens, nous promettent. En privant, les jeunes « têtes blondes », de ce qui fut l’honneur de l’école de République, on coupe un enracinement classique, réellement démocratisé puisqu’il était offert à toutes et à tous !

Quand on invoque tant ces valeurs, il vaut mieux ne pas en détruire les assises, si l’on veut rester crédible !

Clin d’œil également, car ces articles innovants, se placent à la fin d’un numéro dont le premier dossier, est justement consacré aux normes et mesures. Aucune contradiction dans ce choix, mais l’application des « deux bouts de la chaîne ». Cinq forts articles charpentent cette réflexion où « normes et mesures » valident ou non, la performance dans le cadre multipolaire des économies régionales du monde.

Le lien entre les « deux bouts de la chaîne », que sont le dossier initial et le cahier final, est naturellement constitué par une transition sur l’entreprise. Entreprendre et environnement turbulent est un petit bijou enchâssé. Les trois articles que l’on doit à des auteurs éprouvés, traitent successivement de l’entrepreneuriat dans son concept, de problèmes de finance notamment dans ce qui constitue la base de l’entrepreneuriat que sont les TPE, et « finis coronat opus », assure la transition avec le cahier final, par une remarquable analyse de discours…pour les plans dits de sauvegarde de l’emploi. L’initiative créatrice, les moyens et les hommes pour la mettre en action, c’est bien l’entreprise !

Deux autres cahiers de recherche suivront. Mais d’ores et déjà, nous vous confions ces « deux bouts de la chaîne » !

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[1] Jacques Bénigne Bossuet, « du Libre arbitre », chapitre IV, Paris 1677.

[2] Aude d’Andria a été nommée « chargée de mission entrepreneuriat » à l’Université d’Evry-val d’Essonne et notamment dans le cadre de l’entrée de cette université dans l’Université Paris-Saclay.

Journée LITEM – Enjeux et perspectives de la publication en français en sciences de gestion

Journée LITEM
L
aboratoire en Innovation, Technologies, Economie et Management

Recherche organisée dans le cadre de la Journée LITEM

Telecom Ecole Management, Grenoble Ecole Management et Université d’Evry-Val d’Essonne

jeudi 26 mars 2015
sur le Campus de Télécom Ecole de Management (Evry) 

PROGRAMME
Inscription obligatoire
Plan Vigipirate – une pièce d’identité sera demandée à l’entrée

Enjeux et Perspectives
de la publication en français en sciences de gestion

en partenariat avec

la revue des sciences de gestion

50 ans d’innovations

Depuis cinquante ans, La Revue des Sciences de GestionDirection & Gestion des entreprises vise à offrir une tribune à des recherches originales en gestion. Sans se limiter à une thématique, sans exclusivité disciplinaire, sans parti-pris méthodologique, LaRSG privilégie les articles innovants.
A l’occasion de l’anniversaire de la parution du 1er numéro (mars-avril 1965), cette journée d’étude aborde les enjeux et les perspectives de la publication en français en sciences de gestion.
Elle accueille à dessein des communications originales qui ne trouvent pas nécessairement leur place dans les canaux académiques traditionnels de diffusion. Qu’elles se situent à la frontière de plusieurs disciplines, qu’elles concernent des thématiques émergentes pour lesquelles les champs institutionnels ne sont pas encore constitués, qu’elles fassent entendre des voies dissidentes par rapport aux théories bien établies, les propositions de communication sont considérées avec bienveillance, dès lors qu’elles sont stimulantes et rigoureuses.
Les recherches réflexives sur les pratiques professionnelles de la communauté académique sont particulièrement bienvenues mais, à l’image de la politique éditoriale de La RSG, toute recherche innovante peut être proposée.

Programme provisoire

8h30 – 9h00 Accueil des participants

9h00 – 9h30 50 ans de publication francophone en gestion

Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion-direction et gestion des entreprises)

  • « Le dogmatisme, voilà l’ennemi ! »

Aude d’Andria (Rédactrice en Chef de La Revue des Sciences de Gestion – LITEM – UEVE)

Chantal Ammi (Directrice du LITEM – TEM)

9h45 – 11h15 Sessions parallèles : Ateliers 1-2-3 et 4

Atelier 1 : Publications et référencements
Présidente : Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)

  • Droit et gestion : la pluridisciplinarité à l’épreuve de la non reconnaissance des publications juridiques d’enseignants-chercheurs rattachés aux départements de gestion
    Emmanuel Bayo (ESSCA Ecole de Management)
  • La publication au Maroc
    Hayat El Adraoui (Université Hassan II, Casablanca)
  • La recherche et la publication francophone en management stratégique
    Mouhoub Hani (IRG – Université Paris-Est Créteil)
  • L’Afrique, un continent en marche vers une constitution de bases de données d’entreprises : une application aux entreprises camerounaises
    Nadège Ingrid Gouanlong Kamgang (Université de Ngaoundéré-Cameroun)

Atelier 2 : Quelles nouvelles pistes en entrepreneuriat ?
Présidente : Aude d’Andria (LITEM-UEVE-rédactrice en chef de LaRSG)

  • Etude de la motivation entrepreneuriale des jeunes entrepreneurs de la génération Y
    Inès Gabarret (EDC Paris Business School) et Pascal Etzol (EDC Paris Business School)
  • Bricolage et effectuation dans les pratiques d’accompagnement des petits incubateurs
    Annabelle Jaouen (Montpellier Business School), Walid A. Nakara (Montpellier Business School), Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)
  • Sur l’intrapreneuriat dans le champ de la stratégie : quelques implications épistémologiques
    Aurélie Ewango-Chatelet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
  • Le projet est mort, vive le projet ! Le rôle de l’effectuation dans la survie des entreprises en création
    Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management), Florence Law (EDC Paris Business School) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)

Atelier 3 : Recherche et action
Président : Chantal Ammi (LITEM-TEM)

  • Une démarche innovante de recherche-action : le voyage apprenant
    Elizabeth Poutier (ESSCA Ecole de Management) et Valérie Billaudeau (Université d’Angers)
  • Une approche philosophique de la responsabilité sociale du chercheur
    Jean-Jacques Pluchart (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Réflexivité et éthique du chercheur dans la conduite d’une recherche intervention
    Pascale Château-Terrisse  et al. (Université Paris-Est Marne-la-Vallée, IRG)
  • L’évaluation des compétences orthographiques lors du processus de recrutement : une analyse expérimentale des décisions et des discours d’un échantillon de recruteurs
    Christelle Martin-Lacroux (Université de Toulon)

Atelier 4 : La finance, toujours des questions ?
Président : Fredj Jawadi (LITEM-UEVE)

  • La contagion des crises financières à travers l’interdépendance de long terme des marchés des actions
    Nadhem Selmi (Université de Sfax) et Nejib Hachicha (Université de Sfax)
  • Une refonte des enseignements et de la recherche en finance
    Catherine Karyotis (Neoma Business School), Denis Dupré (Université de Grenoble), Emmanuel Raufflet (HEC Montréal) et Sharam Alijani (Neoma Business School)
  • La relation entre la politique d’endettement et la gestion du résultat
    Safa Lazzem (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis)

11h30 – 13h00

Table ronde n°1 : Publication et évaluation de la recherche
animée par Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)

Participants :

  • Jean-François Chanlat (Université Paris-Dauphine)
  • Claude Martin (Président du réseau PGV, Université Pierre Mendès France deGrenoble)
  • Eric Pezet (Université Paris Ouest, Nanterre La Défense)
  • Eric Séverin (IAE de Lille, Ecole universitaire de Management)

13h00 – 14h15 Buffet-Déjeuner

14h30 – 16h30

Table ronde n°2 : La publication scientifique francophone et la vie des entreprises
animée par Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion– LITEM-UEVE)

Participants :

  • Gérard Chevalier (président de Cybel)
  • Lionel Ferraris (Directeur du Développement Durable, des Achats et de l’Immobilierde l’UCANSS)
  • Patrice Noailles (auteur et ancien conseiller du Ministre de la Recherche, Seillans Investissement)
  • Thierry Perdereau (Président de l’Association des Acteurs Economiques de l’Arpajonnais)

16h30 Clôture de la journée par M. Denis Guibard, directeur de Télécom Ecole de management et pot du cinquantenaire

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Comité d’organisation : Chantal Ammi, Aude d’Andria, Sylvie Chevrier, Philippe Naszályi, Eric Séverin, Yves Soulabail, Thibaut Daudigeos, Romain Zerbib

Comité scientifique :
– Amina Bécheur, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Sami Ben Larbi, Université de Toulon/Kedge Business School
– Martine Brasseur, Université Paris Descartes
– Didier Chabaud, Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse
– Amélie Clauzel Charbaut, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
– Andrée De Serres, ESG, Université du Québec à Montréal,   GIREF
– Delphine François-Philip de Saint-Julien, Université Versailles St Quentin
– Inès Gabarret, Ecole des Dirigeants & Créateurs d’entreprise, Paris La Défense
– Fredj Jawadi, Université d’Evry Val d’Essonne
– Annabelle Jaouen, Groupe Sup de Co Montpellier-Montpellier Business School
– Vassili Johannidès,  Grenoble École de Management / Queensland University of Technology
– Catherine Léger-Jarniou, Université Paris Dauphine
– Jérôme Maati,  IAE de Lille, Ecole universitaire de Management
– Olivier Mamavi, ICD/LARA, groupe IGS
– Olivier Meier, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Maria Mercanti-Guérin, Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris
– Gilles Paché,  Aix-Marseille Université
– Serge Raynal, Université du Québec à Chicoutimi
– Evelyne Rousselet, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Michel Roux, Groupe international de recherche en éthique financière et  fiduciaire (GIREF)
– Sylvie Scoyez, IAE de Valenciennes
– Pascale Terrisse, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Benjamin Vedel, IAE de Lille, Ecole universitaire de Management

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