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n°306 – Homo sum et humani nihil a me alienum puto !

Homo sum et humani nihil a me alienum puto* !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Ce n’est pas sans trembler qu’après Cicéron, Sénèque, les Pères de l’Église, Montaigne, Rousseau, Voltaire, Chénier, Kant, Benjamin Franklin, et tant d’autres avant eux et depuis eux, que l’on pose en titre, ce merveilleux vers de Térence !

Depuis la scène romaine, où elle fut jouée, vers 163 avant Jésus-Christ jusqu’à nos jours, « puni par soi-même » ou « le bourreau de soi-même », cette comédie latine, inspirée du grec Ménandre[1] au titre imprononçable nous a également donné les si beaux vers de Baudelaire dans les Fleurs du Mal[2] !

On mesure alors combien nous sommes présomptueux, devant de tels devanciers de choisir d’introduire le numéro d’une revue de gestion par ce monument de la pensée mondiale.

Et pourtant, ce titre nous est venu tout simplement à la lecture des articles qui composent le sommaire de la dernière  parution, datée de cette année si particulière qu’est l’année 2020.

Il est des années comme des personnes qu’on ne regrette pas et pourtant, elles n’en sont pas moins des jalons, des souvenirs, voire des marqueurs d’une évolution qui se fait, s’est faite ou se fera, avec ou sans notre accord.

Homo sum… L’humain : le meilleur atout du gouvernement des entreprises

Gouvernement des entreprises, c’est bien le titre que nous choisissons sciemment pour éviter celui de gouvernance qui marque le triomphe de la pensée économico-financière du capitalisme depuis le milieu des années 1970, notamment dans la lignée du néo-libéralisme qui sévit toujours et dont l’emploi doit rester cantonné à la finance. Avec la gouvernance, est apparu dans la Fonction publique et en France, le New Public Management qui vient de montrer ses limites, ses échecs et pour tout dire sa totale fausseté.

On ne peut raisonner plus mal que ces hauts ou moyens fonctionnaires qui ont collaboré à déshabiller les services publics et ont rendu exsangue celui qui est le plus nécessaire en cette pandémie, la santé et avec son corollaire, l’environnement !

Ces politiques publiques catastrophiques sont dues à ces demis-savants, qui ne sont plus de vrais serviteurs du bien commun mais sont en revanche bien une caricature des vrais entrepreneurs dont ils singent sans le comprendre souvent, le vocabulaire !

On peut leur imputer la honte de ce chômage de masse endémique, cette perte des repères pour des millions de familles jetées dans la pauvreté et souvent la désespérance sociale par l’application de cet inepte concept du « chômage naturel », inventé par Milton Friedman !

Comme ils ne sont plus administrateurs et qu’il ne sont pas non plus des hommes d’entreprise, même quand le goût du lucre les entraîne dans ce que l’on appelle le « pantouflage[3] », ces hauts fonctionnaires apportent les insuffisances de leur formation au secteur privé. Ils sont parfois à l’origine même de catastrophes dans les entreprises privées ou publiques qu’ils vont servir, voire s’y servir, ou diriger !

Tout cela vient d’exploser, et ce n’est pas en changeant de nom de l’école qui stigmatise pour l’ensemble de la population, les échecs des politiques menées depuis des années en matière, économique, financière et sociale que l’on va changer quoi que ce soit aux faits. Leur nocivité s’est révélée avec acuité depuis le début de la crise sanitaire. Les aveugles n’ont pas mieux vu depuis que, sous un président qui vient de nous quitter, ils sont devenus les « non-voyants », et les sots, même devenus « non-comprenants », n’en seront pas plus intelligents après qu’avant comme le rappelle la sagesse populaire.

Il faut penser autrement, mieux et de manière moins monopolistique en rejetant ce « main stream » néolibéral qui envahit tout notre vocabulaire, ne trouve-t’on pas désormais des clients à la CAF[4] ou à la Sécurité sociale, et on n’y supprime pas des emplois, on y rend des postes !

La cause de ces maux est la LOLF[5]. Depuis son adoption sous le Gouvernement Jospin en 2001, elle s’est appliquée à toute l’administration à partir de 2006. C’est l’alliance entre la droite giscardienne, représentée par le sénateur Alain Lambert et la gauche rocardo-strausskhanienne, du député Didier Migaud.

Cette réforme constitutionnelle, en abrogeant l’ordonnance du 2 janvier 1959, s’est incrustée depuis, au cœur de tout l’appareil d’État puis de la sécurité sociale.

Didier Migaud, président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale à partir de 2007, est nommé Président de la Cour des Comptes en 2010 et il ne quitte ses fonctions qu’en 2020 pour prendre en charge la Haute Autorité de la Transparence. Comme président de la Cour des Comptes, il est désormais chargé de valider les comptes de l’État et de faire des préconisations de gestion dans l’esprit de la LOLF.

Quand on sait que le quasi recrutement de cette Cour est dans la botte de l’ENA, on n’est pas étonné des approximations qu’elle émet en matière de management.

Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale au début du processus de la LOLF, est ministre des Finances lors de son adoption et est désormais depuis 2016, le Président du Conseil Constitutionnel qui examine toutes les lois budgétaires à l’aune de cette nouvelle conception de la gestion publique fondée sur la « performance » dans les budgets publics.

La révision générale des politiques publiques (RGPP) qui se veut « programme de modernisation de l’action de l’État touchant l’ensemble des politiques publiques et l’ensemble des ministères[6] » est le bras armé de la LOLF. Elle est mise en place par le Ministre Éric Woerth, actuel président de la Commission des finances de l’Assemblée. Si elle semble bienheureusement oubliée, du fait de sa parfaite inefficacité à restaurer les finances publiques, elle n’en a pas moins gravement obéré toutes les capacités de l’État, des collectivités publiques et des grands secteurs à partir de 2007.

René Rémond y aurait peut-être vu une sorte de coalition louisphilipparde entre orléanistes unissant un Thiers, pas encore massacreur au Guizot de « l’enrichissez-vous ! » sous les auspices du banquier Laffitte !

C’est au nom de ces « Rapports Annuels de Performance » (RAP) qu’on ferme des lits d’Hôpitaux, qu’on valorise la rémunération à l’acte dans la santé (la T2A) , qu’on regroupe des services dont on réduit les effectifs, qu’on désertifie les campagnes ou les banlieues des services publics, qu’on ne renouvelle pas les matériels de la police et de l’armée ou qu’on abandonne l’entretien de centaines de ponts, de routes mais aussi qu’on songe à privatiser les infrastructures comme on l’a fait pour les autoroutes et qu’on souhaite le faire pour les barrages. Cette idéologie mortifère s’épanouit dans des Projets Annuels de Performance (PAP). Même s’il estime que la baisse du nombre de lits n’induit pas nécessairement une dégradation de la prise en charge des patients, le président du SMPS (Syndicat des managers publics de santé), on appréciera le terme qui pastiche celui de l’entreprise, reconnaît malgré tout « que l’encombrement des services d’urgences, lié au manque de lits, se traduit par des complications de prise en charge[7]. Alors que dire de ces suppressions de lit, en pleine pandémie, par des ARS comme le relève notamment le très sérieux Quotidien du Médecin[8] ?

Cette idéologie transforme un commissariat de police en un centre de profit où la sécurité des citoyens n’est plus l’objectif mais où la remontée (le reporting) des indicateurs s’accompagne de la mise en place des outils de service de leur « performance financière[9]… ». L’hôpital devient une entreprise dont le sens n’est pas le soin mais le profit comme l’explique Jean de Kervasdoué, l’un des principaux thuriféraires de la mise en place de la T2A : « plus l’activité est soutenue, plus l’hôpital gagne de l’argent, exactement comme dans une entreprise[10] » !

Cette idéologie destructrice vient d’aboutir à ce qui n’a que l’apparence d’un contresens en terme de néolibéralisme et qui est l’endettement massif des États. Des centaines de milliards d’euros ne vont pas aller aux priorités criantes comme la santé, mais vers une partie seulement de l’économie. C’est une chance pour ce capitalisme de connivence, dont nous avons à plusieurs reprises dénoncé les effets délétères. La crise Covid constitue une opportunité que décrit très bien dans son dernier ouvrage, COVID-19 : La Grande Réinitialisation, le père du forum de Davos, Klaus Schwab !

C’est l’application, déjà vue lors de la crise financière de2009, de la privatisation des profits, mais de la mutualisation des pertes qui défavorise les petits, entreprises comme particuliers.

Ainsi, toutes les statistiques démontrent qu’à l’issue de cette année de crise, les plus riches le sont encore plus[11] !

Que le lecteur ne s’inquiète pas, il ne lit pas ici un brûlot révolutionnaire, mais simplement une analyse de gestionnaire qui s’inquiète des effets de cette tendance économique sur l’avenir. En 2017, déjà, le FMI qui ne passe pas pour une officine anticapitaliste, s’inquiétait du fait que « le creusement des inégalités met en danger une croissance économique durable.

De ce fait, la lutte contre les inégalités relève pleinement de la mission du FMI qui consiste à aider les pays à améliorer leurs résultats économiques[12] »

… Et humani nihil a me alienum puto !

Bien sûr, et on le regrettera, le tirage de notre revue ne lui permet pas de faire accroire qu’elle va changer la pensée économique toujours dominante. Bien sûr, notre revue n’a pas la force de ces télévisions en continu qui pour la plupart répandent cette idéologie mortelle véhiculée par des chroniqueurs stipendiés, experts souvent en rien. Le plus honteux exemple est à l’évidence la fondation IFRAP dont la directrice qui pérore sur tous les plateaux, n’a aucune formation économique et fonde son discours sur une totale absence de travaux de recherche… l’imposture par excellence ! Les maîtres ont toujours besoin de leur cohorte de laquais !

Il faut donc proposer autre chose et vite !

D’abord parce que nous rejetons comme le site du Ministère de l’économie ose le prétendre[13] que « le gouvernement d’entreprise…

répartit les droits et les obligations des différents intervenants au sein de l’entreprise, tels que les actionnaires ou les dirigeants, et pose les règles et les procédures de prise de décision. »

L’entreprise n’est pas réductible à une simple société de capitaux où seuls compteraient actionnaires et dirigeants, ces shareholders. Il est révélateur que cette conception étroite et passéiste de l’entreprise soit celle que l’on trouve encore en 2020 sur le site du Ministère de l’Économie français. Elle illustre ce que nous venons de décrire sur l’exceptionnelle méconnaissance de l’économie réelle des hauts fonctionnaires, allaités à la dérive néolibérale du «nouveau » management public durant leurs études à l’ENA comme à l’EHESP[14] ou à l’EN3S[15] pour ne citer que ces remarquables fleurons de la formation gangrénés par ce mal de la « performance » et de la rentabilité !

En ne considérant pas toutes les parties prenantes (les stakeholders) comme l’a notamment démontré dans notre revue Astrid Mullenbach[16], on mutile toute l’entreprise ! Celle-ci est aussi, – et il est important de le souligner – et peut-être d’abord composée de salariés qui ne sont pas pour rien dans l’enrichissement de cette dernière. Richesse de ce capital humain, et non coût ! En cette année 2020, qui ne doit pas nous faire oublier qu’elle était dédiée « au plus illustre des Français[17] », le Général de Gaulle, rappelons toute la modernité de sa pensée : « C’est en effet dans l’entreprise que les travailleurs, les capitalistes, les dirigeants, collaborent d’une manière pratique. » pour mettre en place ces « contrats de société, passés sur pied d’égalité entre les divers éléments, les engagements des uns vis-à-vis des autres, mais évidemment de types très divers, suivant la nature, la dimension des entreprises[18] »…ce qui implique la démocratie au sein des entreprises et la participation des salariés pas seulement aux gains, mais à son gouvernement.

Aussi à l’évidence, choisir d’ouvrir ce numéro par :

  • la « gouvernance » coopérative, condition du référentiel durable d’une organisation est un choix emblématique que nous assumons parfaitement ;
  • la confiance au secteur des sociétés de conseil est le thème suivant ;
  • le financement bancaire des PME est ensuite passé au crible des liens sociaux ;
  • l’intention environnementale des propriétaires-dirigeants des PME enfin, s’inscrit lui aussi dans notre logique éditoriale humaniste.

Le deuxième dossier qui s’intitule naturellement gouvernance, puisqu’il traite de finance, Gouvernance : normes et bonnes pratiques, s’insère dans notre souhait de demeurer dans une vision prospective propre à une situation de remise en cause des fondements existants.

  • Le risque dans les entreprises du CAC 40.
  • Le passage des états financiers de la norme comptable OHADA en norme IFRS à la Bourse des Valeurs mobilières.

Et puisque nous avons pris le parti de commencer en latin, terminons par cette injonction que Bossuet adressait en admonestation à Louis XIV et qui est tirée du psaume ii :

Et que nous traduirons librement :

« Et maintenant, vous les grands de ce monde, comprenez instruisez-vous, vous qui décidez du sort du monde ! (Et nunc, reges, intelligite, erudimini, qui judicatis terram !)

Apprenez enfin de vos erreurs !

* « Je suis un homme et je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger », Térence (Heautontimoroumenos, ἑαυτὸν τιμωρούμενος I, 1, V, 77).

1. Ménandre (342-341 -291-292 av. J.-C.).

2. Baudelaire, Spleen et Idéal, Les Fleurs du Mal, 1857.

3. Terme emprunté à l’argot de Polytechnique, préférer la pantoufle, c’est-à-dire renoncer au service public, « la botte », pour désigner le passage dans les entreprises privées des hauts fonctionnaires !

4. CAF : Caisse d’allocations familiales.

5. La loi organique relative aux lois de finances (LOLF).

6. Source www.rgpp.modernisation.gouv.fr.

7. https://www.lci.fr/sante/hopital-69-000-lits-ont-ils-ete-supprimes-ces-15-dernieres-annees-2137618.html

8. https://www.lequotidiendumedecin.fr/hopital/politique-hospitaliere/fermer-des-lits-en-pleine-epidemie-tolle-apres-des-propos-du-directeur-de-lars-grand-est-veran

9. Présentation de la démarche de pilotage à la Police nationale : https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/files/documents/performance/controle_gestion/fonctions_support/SI/26_Performance_a_la_DGPN.pdf

10. L’opinion, 11 février 2018, https://www.lopinion.fr/edition/economie/il-faut-controle-bien-fonde-prescriptions-a-l-hopital-143087

11. « Selon une étude réalisée par la banque suisse UBS et le cabinet d’audit et de conseils PwC, la fortune des milliardaires a passé un nouveau sommet pendant la pandémie de Covid-19, et a ainsi franchi la barre des 10 000 milliards de dollars ». 7/10/2020 https://www.capital.fr/economie-politique/comment-lapandemie-a-encore-plus-enrichi-les-milliardaires-1382576.

12. https://www.imf.org/external/french/np/blog/2017/022217f.htm

13. https://www.economie.gouv.fr/facileco/gouvernement-ou-gouvernancedentreprise

14. École des Hautes Études en santé publique de Rennes qui forme l’essentiel des directeurs d’Hôpitaux.

15. École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale, de Saint-Etienne qui forme les cadres dirigeants des organismes de sécurité sociale : URSSAF, CPAM, MSA, CAF…

16. Mullenbach Astrid, « L’apport de la théorie des parties prenantes à la modélisation de la responsabilité sociétale des entreprises », La Revue des Sciences de Gestion, 2007/1 (n° 223), p. 109-120. DOI : 10.3917/rsg.223.0109. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-1-page-109.htm

17. « Le premier des Français est désormais le premier en France », mot d’accueil du Président René Coty au Général de Gaulle à l’Élysée, lors de son installation comme premier Président de la Ve République, le 8 janvier 1959.

18. Charles de Gaulle, Discours au vélodrome de Paris, 14 décembre 1948.

n°305 – Lyssenko est de retour !

Lyssenko est de retour !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Il n’est pas certain que ce retour-là, contrairement au retour de Michaël, tant attendu dans la chanson de la regrettée Rika Zaraï, nous incite à chanter « alléluia[1] » ! Ceux qui lisent nos éditoriaux depuis quelques années, savent que nous ne manquons jamais de mettre en parallèle, la logique qui inspirait les régimes de derrière le « rideau de fer » et celle qui porte le néolibéralisme, plus ou moins monétariste, qui prend son inspiration en Ayn Rand (1905-1982). Le même matérialisme fondateur, tient pour rien l’Homme et ses aspirations spirituelles !

Ces derniers temps, le scientisme dont nous évoquions le retour[2] a tendance à profiter de la crise pandémique pour s’épanouir dans la caste « Mba-isée » que fustigeait H. Mintzberg et qui tient les rênes des différents états. Il faut ne rien connaître à rien pour s’étonner ou s’émerveiller qu’ils appliquent, sauf très rares exceptions, les mêmes politiques autoritaires, inspirées par la peur et la certitude d’appartenir aux « élus » puisqu’ils sont formés sur ce même modèle désincarné ! Ils se sont adjoint, depuis la pandémie, une coterie de Diafoirus, plus ou moins galonnés, parfois au passé prestigieux, mais « la vieillesse est un naufrage[3] », disait déjà le Général ! Quelques carriéristes, et ce mot est aussi bien féminin que masculin, quelques chevaux de retour, quelques « utilités » du moins pour elles-mêmes, et l’on vous bâtit un « conseil scientifique » qui va à peu près, tout dire et son contraire, depuis mars 2020, avec la docte suffisance que garantit la méconnaissance des choses et des gens !

Lyssenko est bien de retour !

Car rappelons-le, le biologiste soviétique qui inspira les théories les plus absurdes ne détruisit pas seulement la génétique soviétique et celle des malheureux pays satellites, mais il fut considéré comme un maître par nombre de sommités scientifiques en Europe de l’Ouest et tout particulièrement en France[4] ! Notre malheureux pays est donc doté d’une prédisposition naturelle à considérer que l’idéologie est plus importante que les faits ! Imposer la science prolétarienne à la science bourgeoise, c’était une belle victoire y compris au CNRS dans les années 1950. La biologie « progressiste et matérialiste », pouvait enfin triompher de la « réactionnaire », idéaliste et mystique ! Car évidemment, s’il y a victoire, il y a donc vainqueurs et vaincus ! Depuis mars 2020, nous avons tous assisté à ces débats, ces combats, ces invectives, ces condamnations définitives voire ces mises-à-mort de celui qui ne pense pas comme la meute, de ceux que l’ « on » a appelés les « experts » ! Les populations ébahies, ont ainsi découvert que le monde de la science n’est pas un long fleuve tranquille, que les « médecins » dont ils pensaient que leur premier but était de les guérir ou du moins de les soigner, ne connaissant pas ce nouveau mal, prenaient des positions très personnelles, et pour le moins, dominantes et autoritaires voire pire sur les contemporains qui les écoutaient avec stupéfaction, étonnement ou effroi. Parfois, si l’on croit les vaticinations de ces nouvelles Pythies que sont ces instituts de sondage, c’est même la soumission qui a répondu : « Punissez-moi plus, et surtout punissez plus mon voisin indocile que je vous dénonce, pour que nous soyons sauvés de ce mal » ! Encore que l’on ne soit même pas sûr que c’est « nous », mais bien plutôt « je » sois sauvé, qu’il faudrait écrire tant « la vertu d’égoïsme[5] » ou « l’égoïsme rationnel » contre « l’altruisme », qui fonde la thèse néolibérale, a façonné les modes de comportements individualisés à l’extrême par la segmentation marketing qui nous a même valu le vainqueur de la dernière élection présidentielle française. Imposer à l’autre le silence est bien ce qui prévaut et a, prévalu depuis quelques mois. La nouveauté est que cela se passe c oram populo et non plus seulement dans le silence des « labos » et le secret des salles de conseil plus ou moins feutrées des universités et institutions de recherche, où le poignard dans le dos et l’ostracisme sont depuis longtemps un jeu quotidien entre « chers collègues » ! Pour corser le tout, et pour bien ressusciter les pratiques de Lyssenko, le pouvoir politique s’est bien engagé dans cette opération où le traditionnel « caviardage » de la presse, habituel en temps de guerre, est remplacé par un matraquage gouvernemental destiné à décrédibiliser toute voix discordante ! Qui n’a pas entendu, la Porte-parole du Gouvernement ou le ministre de la Santé, user de l’argument de l’autorité sanitaire pour fustiger les porteurs de masque, qui n’a pas entendu le Directeur Général de la santé déclarer devant le Sénat que le masque en extérieur ne sert à rien, n’a pas compris combien a été instrumentalisée la connaissance scientifique pour justifier des politiques insanes. Bien plus, à l’injure verbale contre tous ceux qui estimaient qu’il existe une autre voie, s’est doublée, non pas de la conduite au Goulag, mais de l’interdiction de prescrire voire d’exercer sa responsabilité hospitalière car les laquais administratifs sont souvent plus cruels que les maîtres. Jamais, on n’avait vu un ministre s’emparer d’un article qu’il n’avait certainement pas lu, pour ordonner au Haut Conseil en Santé publique de proposer « sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription » de divers traitements comme l’hydroxychloroquine quelqu’opinion qu’on puisse avoir sur l’efficacité de ce traitement[6] ! Faire taire un confrère plus brillant que soi en se fondant sur ce qui est apparu comme une farce scientifique, aurait dû conduire le même ministre et ses affidés à la démission honteuse, mais pas si l’on comprend ce qu’est l’esprit lyssenkiste qui prévaut désormais avec le scientisme ambiant dans notre pays qui n’a rien à envier aux tentatives d’encadrer la recherche médicale qu’on a vu se développer sous Trump. La même idéologie scientiste et répressive produit toujours les mêmes politiques qui imposent au nom d’idéologies politiques, économiques et parfois religieuses, un embrigadement de la recherche, une persécution des « dissidents » et au final une forme d’arriération mentale qui ne favorise ni l’innovation, ni la science, ni le progrès humain. « Le phénomène Lyssenko est un exemple extrême de la perversion de la science par l’idéologie, souvent avec l’assentiment de la communauté scientifique. Est-il aussi certain que ce type d’événement ne puisse arriver aujourd’hui ? » est la question que posait en 2005 Michel Garbarz[7]. À l’évidence, 2020 vient de lui apporter une réponse dans le champ d’expertise qui est le sien et qui gère désormais nos vies, et même parfois nos pensées : le secteur sanitaire !

La gestion sous influence des règles et normes sanitaires, voilà bien ce qui est nouveau et devrait susciter nombre de recherches. Pour le moment, nous marquons notre résistance à la pensée serve et affirmons notre conviction que la recherche doit être libre, en consacrant le dossier liminaire qui invite à « Repenser l’organisation » et en dédiant un cahier spécial à « l’entreprise libérée ».

Repenser l’organisation avant, deviendra plus qu’un objectif à l’issue de la Crise de la Covid-19.  « Changement organisationnel innovant et institution publique » ouvre notre réflexion grâce à Laurie Marrauld, Claude Sicotte de l’EHESP et Stéphane Bourez de l’Institut Curie, et traite évidemment des systèmes de santé publique. La crownd delivery est un enjeu déterminant de l’organisation de ce dernier kilomètre avant le client final. Le confinement a rendu plus actuel encore de s’interroger sur la livraison. Cette innovation à développer, est traitée dans l’article qu’Oumalma Belhaj et Gille Paché consacrent à « une lecture collaborative de la logistique ». Repenser l’enseignement du management : 10 ans après sa publication, les Français vont-ils (enfin) lire le rapport Carnegie ? est la question que pose à juste titre Yoann Bazin aux institutions d’enseignement afin d’engager des réformes solides et d’avenir !

Remercions enfin, les professeurs Annabelle Jaouen et Sylvie Sammut de l’Université de Montpellier d’avoir animé et dirigé la publication du cahier sur « l’entreprise libérée » ! Comme elles, nous pensons que « l’adoption de l’entreprise libérée exige une transformation majeure des pratiques traditionnelles de l’entreprise » et qu’il nous faut trouver « comment l’on peut éveiller, dès les bancs de l’université ou des business schools, les futurs managers à devenir des leaders libérateurs ».

Voilà sans doute l’un des moyens d’éviter, du moins dans notre domaine, le retour de Lyssenko !


1. « Michaël », paroles et musique de Jacques Plante (1963), chanson interprétée par Rika Zaraï, (1938-2020) https://www.youtube.com/watch?v=gUYDrVzKU8k

2. Naszályi Philippe, « Au secours le « scientisme » est de retour ! », La Revue des Sciences de Gestion , 2019/2 (n° 296), p. 1-2. DOI : 10.3917/rsg.296.0001. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2019-2-page-1.htm

3. Charles de Gaulle (1890-1970), Mémoires de guerre , tome I, L’Appel , 1940-1942 (1954).

4. Walter Gratzer, The Lysenko affair : the eclipse of reason, Medecine sciences : M/S 21(2):203-6, march 2005,

5. The Virtue of Selfishness: A New Concept of Egoism, 19 essais de Ayn Rand et Nathanaël Branden, 1964.

6. Tweet d’Olivier Véran : « Suite à la publication dans The Lancet d’une étude alertant sur l’inefficacité et les risques de certains traitements du Covid-19 dont l’hydroxychloroquine, j’ai saisi le HCSP pour qu’il l’analyse et me propose sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription » 23 mai 2020.

7. L’affaire Lyssenko, une éclipse de la raison, traduit par Michel Garbarz, https://www.erudit.org/fr/revues/ms/2005-v21-n2-ms870/010555ar/

n°303-304 – Du scientisme à l’imposture scientifique

Du scientisme à l’imposture scientifique

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Telle est bien ce qui marque la gestion de la crise pandémique par les autorités de santé, y compris les médecins et chercheurs embarqués dans une spirale dirigiste qui méconnait les principes de la Santé selon la définition de l’OMS, notamment en France et par les grandes revues scientifiques dont The Lancet. Voilà pourquoi notre modeste revue entend s’intéresser à la Responsabilité dans ce numéro double de l’été 2020.

La responsabilité est d’abord, personnelle et donc incessible. Elle est le fruit même de la Liberté et du discernement à l’exercer qui va jusqu’au droit de « résister à l’oppression », le quatrième de nos droits naturels depuis 1789[1], c’est-à-dire de ne pas exécuter un ordre injuste et de s’opposer même à la loi… De ce droit personnel découle bien entendu celui de l’exercice du pouvoir. C’est cette thématique qui s’illustre dans un cahier central que le Professeur Medhi Nekhili et Eric Bidet de l’université du Mans ont intitulé : « Gouvernance responsable ». « Ce que nous apprend la finance », en deux articles achève et renforce notre réflexion entamée par le premier dossier consacré aux « Organisations responsables ». En cette période où la crise économique, découlant de la pandémie, sévit, qu’il me soit permis de citer juste le premier article « consacré aux accords de Ruptures Conventionnelles Collectives ». Il allie les sciences juridiques et de gestion. Il illustre notre souci constant de ne pas nous limiter à la « gestion gestionnaire », mais de la confronter, comme cela se fait dans les entreprises, aux réalités des circonstances. Notre riche et internationale équipe d’évaluateurs a seule permis cette complémentarité des disciplines qui nous rappelle combien notre revue est estimée par les décideurs eux-mêmes[2]. C’est finalement cette renommée-là qui nous importe et nous évite comme Cyrano « d’avoir son encensoir, toujours… »

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1. Article 2 de la Déclarations des Droits de l’Homme et du Citoyen, 26 août 1789

2. Etude FNEGE 2016 “L’impact de la recherche en management”

n°301-302 – Merci à nos relecteurs, réviseurs et correcteurs ! ou Comment fonctionnons-nous

Merci à nos relecteurs, réviseurs et correcteurs ! ou Comment fonctionnons-nous

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

La crise mondiale a frappé notre publication comme tout le reste de la presse ou de l’économie.

Certes beaucoup de relations se font par Internet et le confinement qui frappait nombre de nos collègues et confrères comme nous-mêmes, n’entravait pourtant pas les liaisons, objectera-t-on !

En effet, mais notre revue contre vents et marées depuis 1965,

  • pense que la recherche en gestion n’est pas le monopole des anglo-américains,
  • refuse les contributions, qu’acceptent pourtant des revues encore francophones et souvent mieux « rankées « que nous, qui ne sont que de mauvais « remakes » souvent mal traduits d’ailleurs de pensées américanisées,
  • favorise les jeunes auteurs et les auteurs aux cultures et pratiques différentes du « main stream », et de ce fait a permis de faire émerger nombre de respectables « professeurs »,
  • ne publie pas les articles d’un soir mais une réflexion rigoureuse et durable,
  • a tenu, durant cette crise à ne pas modifier sa rigueur unique et son fonctionnement international.

En effet, rappelons-le : toutes les propositions qui nous sont adressées, sont analysées par TROIS évaluateurs dont au moins, un n’est pas hexagonal.

Après les différents échanges entre auteur(s) et évaluateurs, le texte définitif est ensuite adressé à DEUX RELECTEURS pour :

  • la langue,
  • l’orthographe,
  • la vérification de toutes les sources et références bibliographiques contenues par chaque article.

Je mets au défi les évaluateurs, rankeurs, classeurs de revues de trouver une telle rigueur ailleurs !

En effet, ami lecteur, cadre d’entreprise, chercheur, universitaire, étudiant, nous pensons que « tu » mérites le mieux !

Permettez-moi alors tous simplement de dire merci à tous ceux qui interviennent aux différentes étapes de ce processus (souvent trouvé long par nos auteurs) qui aboutit à la publication d’un numéro de cette revue qui, depuis 1965, souhaite promouvoir recherche et pratiques dans toute ce qui est le champ des sciences de gestion en toute liberté et honnêteté intellectuelle !

n°299-300 – L’incompétence est-elle seulement le fruit de l’idéologie ? Kakistocratie, cleptocratie et cacocratie

L’incompétence est-elle seulement le fruit de l’idéologie ? Kakistocratie, cleptocratie et cacocratie

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Dans un article de 1953, Karl Loewenstein défendait la thèse que « toute idéologie doit pour se réaliser en tant qu’action politique et sociale, créer et utiliser des institutions et des techniques adaptées à ses principes[1]. Staline dirigeait alors l’empire soviétique et il faut bien reconnaître que l’idéologie était sans nul doute le fruit « des actions-non logiques », comme Pareto le prétendait.

L’apparente disparition, du moins en Europe, de la terreur qu’inspirait le communisme, a fait croire à nombre de nos contemporains que nous sortions de l’« âge idéologique » pour entrer dans un monde sans histoire où la rationalité du système de production capitaliste serait contrôlée par ce nouveau dieu qu’est le marché.

Il s’agit là d’une nouvelle croyance propagée par un cercle d’initiés, formés aux mêmes sources, et se prenant pour une élite mondialisée. Elle a pour fondement la croyance en « l’intérêt du consommateur » comme valeur suprême. Ni le travailleur, cher au modèle socialo-communiste, ni le pauvre, éminent parmi tous, dans la foi catholique, ni le citoyen, valeur suprême de la république, ne pouvaient désormais servir de référence à cette toute-puissance, au sens psychanalytique, qu’est l’acte d’acheter.

La sécularisation de l’Europe principalement, a favorisé la « réceptivité » de cette nouvelle religion qui, en conditionnant les masses, après avoir conquis les dirigeants, l’emporte désormais en vidant l’Occident de son passé religieux.

C’est justement parce que la religion ne va plus de soi que se dressent les conflits qu’on observe un peu partout, et en France un peu plus que partout. Même les entreprises y sont confrontées ! Notre revue dans son numéro précédent a traité fort justement de ce sujet grâce à deux articles de fond[2].

Ce n’est toutefois pas cet aspect que nous entendons ici, rapidement mettre en avant. C’est plutôt celui qui, a contrario du talent que requiert l’entrepreneur, place la caste politico-affairiste à la tête interchangeable des grands postes de gouvernement comme des grandes entreprises.

Le fait d’avoir fait croire à l’ensemble de la planète qu’une seule voix désormais menait le monde, est une idéologie qui génère tout autant de serviteurs zélés et incompétents que l’on trouvait jadis à la tête des organisations du Gosplan. Cette foi des croyants en absolu indiscutable et indépassable a été, nous l’avons dit maintes fois, théorisé si l’on ose accoler ce noble mot à cet « archevêque de la pensée unique[3] qu’est Alain Minc. Ce promoteur du « cercle de la raison » semble avoir triomphé. Depuis 2012, l’establishment de « gauche raisonnable et de droite raisonnable », pour reprendre ici, les propos de l’inénarrable, lecteur de « Zadig & Voltaire » qu’est l’ancien député et ancien ministre sarkozyste devenu macroniste, Fréderic Lefebvre, en est convaincu !

Cette bourde culturelle, peut-être malencontreuse, illustre pourtant bien ce qui nous semble être la véritable caractéristique de ces gens du « nouveau monde ». lls croient dur comme fer, qu’ils vont réformer, un verbe transitif qu’ils transforment en absolu, avec les recettes éculées du libéralisme des xviiie et xixe siècles, que leur ignorance du passé, leur fait prendre pour nouvelles. Le film de Terrence Malick, Le Nouveau Monde, sorti en 2006, contient déjà toute la désillusion de ce qui est alors une rencontre entre « la civilisation » et la nature. C’est le viol des sanctuaires, le vol du territoire et la destruction des pratiques qui concluent cette confrontation. Par-delà l’aspect symbolique, ce film se révèle prémonitoire de ce qui se vit aujourd’hui. Ce n’est bien sûr pas la représentation des Indiens de l’empire brisé de Powhatan en Amérique au moment de sa conquête par les Européens qui est en jeu désormais, mais la vieille Europe. C’est le retour d’une idéologie, dominante outre-Atlantique, assimilée comme credo, par notre caste inculte et prête à tout « larguer » pour apparaître, comme jadis le père du « libéralisme avancé »[4] : « moderne » !

Mais cette caste est aussi souvent, très étatique, ce qui n’est pas le moindre de ses paradoxes. Le financier Charles Gave qui préside aux destinées de « l’Institut des Libertés » qu’il a créé dénonce cette palinodie. Plus sérieusement, Sebastián Pérez Sepúlveda défend l’idée que le niveau de précarité du travail ainsi que son invisibilité comme objet de la critique collective, au Chili, premier pays à avoir appliqué sous Pinochet, les effets du monétarisme friedmanien par l’action des « Chicago boys », correspondent à un désarmement radical des sens normatifs associés au travail [5]. C’est ce à quoi nous avons assisté ces dernières années lors des coups de boutoir donnés contre la protection sociale et le Code du travail. C’est ce à quoi nous avons assisté par les débuts de l’étatisation de la sécurité sociale lors des ordonnances Juppé de 1995. Son successeur idéologique à Matignon s’emploie à soviétiser le chômage (ASSEDIC) et les retraites avec la même volonté destructrice du vieux monde que ses devanciers bolcheviques, tant leur conception du néo-libéralisme marie si bien Lénine et Elstine : violences et accaparement !

Les effets, comme au Chili d’ailleurs, sont favorables aux Grandes firmes et n’apportent à peu près aucun avantage au véritable tissu économique et de l’emploi que constituent les PME et TPE qui assurent 95% des embauches.

C’est ce que l’on pourrait appeler la « cleptocratie » où, le copinage de formation et l’interchangeabilité des carrières, font qu’en gouvernant, on favorise, par le vol des deniers publics, les entreprises des copains de promotion, allés « pantoufler », et qui se montreront accueillants, lors des changements de pouvoir. Il est intéressant de voir que la Cour des comptes, constate qu’en 2018, un tiers seulement des élèves sortant de Polytechnique, choisissent la fonction d’État, alors qu’ils ont été rémunérés pendant toutes leurs études par ce même État ! Petite cleptocratie… encore que, ce sont bien les mêmes qui dirigeront nos grands Corps d’État et les grandes entreprises : Certains, comme Erwan Le Noan, parlent alors de relations incestueuses et de « capitalisme de copinage »[6] !

Mais cette cleptocratie qui n’a pas empêché, un Richelieu ou un Mazarin d’être de très grands ministres pour la France, se double désormais du règne des médiocres : la Kakistocratie est une nuance certaine de la cacocratie (Kakocratie), ce cinquième système socio-technico-économique qu’André Maïsseu voit se développer sous nos yeux. Il y voit la confiscation des pouvoirs du peuple par les représentants de la démocratie représentative voulue par Siéyès, ce gouvernement des plus mauvais au détriment de la démocratie directe telle qu’appliquée en Suisse[7] !

La kakistocratie correspond bien à ce que nous constatons, du moins en France. La caste dirigeante formée pour l’essentiel dans les mêmes écoles, dites « Grandes », est bien une sorte d’aristocratie inversée. L’ampleur du phénomène touche toutes les grandes administrations de l’État comme des régions ou des départements. Brigue, ou pour le dire plus communément, copinage, préside aux nominations. Point n’est besoin de connaître le système de santé, pour se trouver à la tête de la plus grande agence de santé du pays, tout comme il n’est pas nécessaire d’avoir jamais enseigné pour se trouver, grâce à un corps électoral irrégulièrement constitué, élu président d’une université. De toutes manières, les juges administratifs qui auraient à examiner la chose, sont issus des mêmes origines endogamiques et font carrière dans les mêmes réseaux !

Ce n’est pas pour rien que de petits chefs d’entreprise se sont retrouvés aux côtés d’authentiques ouvriers, de chômeurs en fin de droit ou de retraités appauvris à partir de novembre 2018, sur des ronds-points, avec des gilets jaunes. Cette désespérance d’une partie des populations résulte directement de ce mirage qu’est cette religion de la consommation qui s’enfonce dans une financiarisation incontrôlable des rapports économiques et sociaux. Cette absence de repère se double des scandales connus, et parfois supposés, d’une caste dirigeante qui oscille entre la cleptocratie et la kakistocratie. Cette idéologie néolibérale a vidé le débat démocratique et intellectuel de tout contenu au nom de la vérité indépassable du « main stream » qui refuse toute alternative. Cette « seule voie possible » crée elle-même les angoisses et les rejets dès que le déclassement économique et social, du fait des inégalités croissantes, montre aux populations l’inanité de son efficacité et de ses promesses d’une consommation sans fin !

Loin de cette « société des individus »[8] au narcissisme mortifère, s’il faut vraiment parler d’une seule voie possible, retenons celle que Kofin Annam proposait au monde, celle « qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat, où toutes les forces sociales – les États, le secteur privé, les institutions de savoir et de recherche, et la société civile sous toutes ses formes – conjuguent leurs efforts en vue d’atteindre des objectifs concrets et réalisables. »[9]

On pourra objecter que l’on est loin des problèmes qu’une revue de gestion doit traiter et à coup sûr, on aura tort. Comme Térence, nous faisons nôtre cette sentence qu’étant hommes, « rien de ce qui est humain ne nous est étranger ! » et que c’est l’oubli de cette vérité qui est la cause de bien des problèmes économiques et sociaux qui concernent au premier chef les gestionnaires.

C’est dans cet esprit qu’a été organisé ce numéro autour de ces quatre dossiers :

  •  L’entrepreneur, un métier ou des pratiques ?
  •  Le changement : un moyen de survie ?
  •  La RSE et l’Éthique !
  •  Digitalisation : clef de la performance ?

[1] Les systèmes, les idéologies, les institutions politiques et le problème de leur diffusion. Revue française de science politique Année 1953 3-4 pp. 677-698

[2] Olivier Guillet et Martine Brasseur, « Le comportement des managers face au fait religieux. Apports de la théorie du comportement planifié », pp11-18, La Revue des Sciences de Gestion, n°297, mai-août 2019,
Hugo Gaillard et Thierry Jolivet, « L’entreprise émancipatrice. Dépasser la « régulation » du fait religieux au travail par le disputatio, » pp. 89-102, La Revue des Sciences de Gestion, n°297, mai-août 2019

[3] Raphaël Stainville, Alain Minc : l’archevêque de la pensée unique, https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/alain-minc-larcheveque-de-la-pensee-unique-104654, publié le 08/03/2019 à 11 : 02

[4] Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981

[5] Pérez Sepúlveda, S. (2019) « La précarité du travail à l’ère du néo-libéralisme avancé », Emulations – Revue de sciences sociales, 0 (28), p. 63-77. doi : 10.14428/emulations.028.05.

[6] Erwan Le Noan, « Mettre fin aux relations incestueuses entre Medef et Etat », l’Opinion, 1er juillet 2008.

[7] André Maîsseu, (2019), De la féodalité à la cacocratie – Tome 1 : Le Paradigme Médiéval, les éditions Persée, 574 pages.

[8] Norbert Elias (1991), La Société des individus, Fayard, 301 pages[9] Kofi Annan, Discours à l’Assemblée générale de l’ONU, 24 septembre 2001.

n°297-298 – LaRSG.fr

LaRSG.fr

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Depuis 2005, grâce à Yves Soulabail, notre société d’édition avait mis en place un site que connaissent tous ceux pour qui la recherche et les informations en sciences de gestion veut dire quelque chose dans l’espace académique et des entreprises francophone.

Notre rédaction a décidé en juin de passer une étape et de faire de ce site une publication à part entière aux côtés de la revue papier qui elle, existe depuis 1965, 54 ans.

En France, pour bénéficier du régime de la presse, il faut que la CPPAP, une instance composée à parité de représentants de l’administration de l’État et de professionnels de la presse, reconnaisse au demandeur « la qualité la qualité de service de presse en ligne (SPEL) »[1].

Appuyés sur les conseils de notre Fédération de presse (FNPS) nous avons déposé un dossier et La RSG.fr a été agréé le 4 juillet 2019…

Comme « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », selon la formule célèbre de la pièce « Bruis et Palaprat » de Charles-Guillaume Etienne[2], il nous semble important de présenter rapidement LaRSG.fr, car cette reconnaissance ne constitue que les prémisses d’un projet éditorial d’une plus grande envergure et sur lequel désormais nous travaillons. Nous y associerons toutes les bonnes volontés.

LaRSG.fr est née de cette idée de partir d’une revue académique et internationalement reconnue de recherche, pour présenter une information destinée à un public plus diversifié et plus vaste. En effet, on le voit tous les jours « Tout se gère »[3].

C’est cette réalité profonde et ancienne qui a constitué l’idée que, par-delà les limites socio-culturelles et sémantiques, le terme « gestion », concerne bien toutes les actions de l’information dans une société économique développée. On gère certes les entreprises, mais aussi les associations, les administrations, les collectivités territoriales et même l’Etat (et souvent très mal d’ailleurs) … On voit fleurir partout des masters de gestion des activités sportives, des activités culturelles, de la santé …

En en mot, la gestion concerne bien la politique, la société en général. On fait de la gestion comme M. Jourdain faisait de la prose.

LaRSG.fr, est déjà un site qui totalise 2 369 textes en accès gratuit, ainsi que deux années d’articles téléchargeables de la revue, bien entendu payants et sous format PDF, en dehors des éditoriaux de la publication qui sont en accès libre.

LaRSG.fr à la mesure des moyens qui sont les siens souhaite étendre son rôle pour devenir une, voire la passerelle c’est-à-dire ce passage entre un monde de la gestion (enseignement comme entrepreneurial) et des activités dans toutes les domaines : diffuser de manière large dans tous les champs de la société pour informer et distraire, mais aussi pour contribuer à faire prendre en compte des réalités et forger un esprit critique et citoyen sur des problèmes généralement laissés aux spécialistes ou ignorés du plus grand nombre.

Une source d’innovations pour que la pensée francophone de management !

C’est ce vaste chantier qui va occuper la rédaction élargie durant les mois qui viennent. Il fait de notre revue qui est déjà pratiquement la seule à être une publication répondant aux normes et aux exigences de la presse, une source d’innovations pour que la pensée francophone de management ne soit pas enfermée dans les combines de copinages que sont les pseudo classements qui ont paru eux-aussi cet été. On reviendra dans un numéro prochain sur celui de Shanghai.

Depuis des années, ces manœuvres lilliputiennes, « je crée une « association de recherche », qui imprime une revue et je deviens de cette sorte membre d’un comité Théodule qui attribue un classement aux revues » sont la pratique du classement des revues de gestion en France. C’est la magnifique ritournelle enfantine, « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».

Notre revue n’appartient pas à ce petit cénacle de l’entre soi et ne grouillotte donc pas pour s’y faire reconnaître.

Elle avance des arguments sérieux : une triple évaluation des articles, puis s’ils sont acceptés une double relecture pour vérifier toutes les sources bibliographiques. Aucune autre revue n’a ce degré de qualité. Notre revue est reconnue par la Commission paritaire des publications, aucune des autres revues ne l’est. Est-il utile de conclure sur ces classements et leur légitimité ?

Déjà pratiqué par nombre de « comités de sélection », ces pratiques incestueuses ont été dénoncée par nombre d’entre nous sans que la puissance publique qui pourtant sait mettre en place des instances de régulation à la hauteur, la CPPAP que nous citions plus haut en est un exemple, ne s’en émeuvent.

C’est sans doute que dans l’esprit d’une partie de la caste aux affaires, la publication en français n’est pas digne d’intérêt.

Contre cette nouvelle « trahison des clercs », nous prétendons que penser et publier dans la 3e langue la plus parlée au monde, n’est en rien dépassé.

Robert Aron, journaliste et chercheur, disait qu’ « il n’y aura jamais de repos sur la terre pour les hommes de bonne volonté ![4] »

C’est un encouragement pour LaRSG.fr


[1] http://www.cppap.fr/

[2] Bruis et Palaprat, comédie en un acte, Masson Libraire,1807

[3] Philippe Naszalyi, Editorial Direction et gestion des entreprises n°159-160, mai-août 1996.

[4] https://www.ina.fr/video/CPF86655907

n°296 – Au secours le ‘scientisme’ est de retour !

Au secours le « scientisme » est de retour !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Il fallait s’y attendre, mais est réapparu dans les bagages des idées néolibérales, habitées toujours au fond par le mythe de l”homo economicus, le scientisme et sa volonté de tout expliquer par une raison qui n’a que de très loin rapport avec une méthodologie cartésienne bien comprise.

Ad veritatem per scientiam, lisait-on au fronton de l’observatoire de Camille Flammarion, il y a deux siècles. Être moderne désormais, du moins en France, consiste donc à ressasser les idées développées par quelques physiocrates de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et quelques rationalistes du siècle suivant !

Les attendus et arguments qui justifient les récentes ordonnances réformant le droit du travail en France, sont à peu de chose près les mêmes que ceux de l’Édit de Turgot de février 1776 puisque comme de nos jours, les « codes sont obscurs » ! À l’instar de nos juges prud’homaux, les jurés d’alors ont besoin d’être encadrés pour éviter que des sommes importantes soient dilapidées dans des procès (sic).

Bien entendu la liberté de circulation de la main-d’œuvre est une bonne chose et il ne faut pas craindre « que l’affluence subite d’une multitude d’ouvriers nouveaux ruine les anciens, et occasionne au commerce une secousse dangereuse ». L’accueil des travailleurs anglais, non pas chassés par le Brexit, mais alors par l’Indépendance des colonies américaines, est une opportunité du moment qui justifie des mesures particulières… « S’il y a un moment où l’on puisse espérer d’attirer en France beaucoup d’ouvriers anglais, et avec eux une multitude de procédés utiles inconnus dans nos fabriques, c’est celui-ci ! ».

L’innovation n’est pas non plus en reste dans cet argumentaire contre l’organisation du travail qu’on veut disqualifier car il existe des « difficultés multipliées que rencontrent les inventeurs auxquels différentes communautés disputent le droit d’exécuter des découvertes qu’elles n’ont point faites ». Même aussi et déjà, sont remises en cause certaines formations professionnelles jugées inutiles, en 2016 c’était notamment celles des coiffeurs[1], car « fermant la porte à tout ouvrier qui n’a pas passé par de longues épreuves, et en général aux étrangers » écrit Turgot. Quant à Madame de La Fayette, elle n’a qu’à bien se tenir[2] !

On pourrait s’en arrêter là, dans ce rapide et instructif comparatif entre les textes dits modernes et leurs devanciers d’il y a trois siècles que l’on vient de citer. Ce serait oublier cette croyance, cette conviction même et affirmée en la régulation optimale par le marché : « dans les lieux où le commerce est le plus libre, le nombre des marchands et des ouvriers de tout genre est toujours limité et nécessairement proportionné au besoin, c’est-à-dire à la consommation ».

L’étude de l’actualité est devenue un bain de jouvence pour un « moderniste » voire pour un « contemporanéiste » au sens des historiens français, et qui les change de l’habituelle référence aux années 1930, toujours largement exploitées par une caste politique qui ignore généralement ce qui s’est passé avant. Les imbéciles et les ignares croient toujours que leurs idées sont neuves et qu’ils sont des innovateurs ! Les plus cyniques exploitent la méconnaissance générale et la crédulité publique grâce à la complicité des médiocrates que l’information en continu devenue un produit à vendre et donc une communication, a érigé en arbitre d’un prêt à penser réduit aux émotions et aux lynchages.

À ce plagiat des idées libérales initiées notamment par un Clicquot de Blervache dont le mémoire sur les « obstacles que les corps de métiers apportent au travail et à l’industrie, avait été primé par l’Académie d’Amiens », (l’histoire offre quelques clins d”œil) en 1757, ce que l’on nomme néolibéralisme de nos jours, s’ajoute naturellement car ils sont fils d’une même pensée, cet autre sophisme qu’est le « scientisme » ! Même si l’école autrichienne en économie a essayé de faire passer cette doctrine pour celle du clan haï des « planificateurs » ou « collectivistes », il faut bien constater, tout en restant le plus impartial qui soit, que les justifications « scientistes » se trouvent le plus souvent dans ceux qui apportent de l’eau au moulin des produits les moins défendables des firmes industrielles ! Car c’est effectivement dans le domaine de la santé que cette alliance contre nature fleurit le plus et depuis bien longtemps. Les comités Théodule dits de déontologie sont aussi myopes que des taupes (celui de l’administration française semble vouloir s’illustrer par son aveuglement) et sauf très rares exceptions, les déclarations obligatoires de liens d’intérêts sont autant d’inutiles prétextes à une bonne conscience pharisaïque.

Mais les scientistes en santé, ne sont pas seulement des affidés plus ou moins stipendiés des grands groupes ou leurs dévots soumis par une mauvaise compréhension du « doute méthodique », ils professent en outre « qu’en dehors de la connaissance scientifique, aucune autre forme de connaissance n’est légitime[3] ». L‘on est confondu devant tant de suffisance et de prétention alors que le cerveau humain est encore si vaste à explorer, les interactions entre molécules si inconnues qu’elles permettent une crise sanitaire comme celle du Levothyrox[4], que les pratiques médicales des autres civilisations échappent pour beaucoup à nos perceptions comme celles des médecines « dites alternatives » dont fait partie l’homéopathie…

L’appel des 124 « médecins et professionnels de santé[5] » contre les médecines alternatives, appelées « fake médecines » vaut son pesant de suffisance, de vision limitée à un scientisme qui exclut toute ouverture à des pistes à venir et des découvertes dans des champs jusqu’ici inconnus. Ce relent de « vraie foi », qui en fait de véritables émules de Torquemada, nous rappelle avec sourire que le Dr Georges Clemenceau, fier de son titre de médecin, fut avec nombre de professionnels de santé, y compris de l’Académie de Médecine, un virulent propagandiste de la « théorie de la génération spontanée » contre la « découverte » des microbes de Pasteur, à qui on reprochait de n’être même pas médecin ! Contre ces nouveaux inquisiteurs agissant au nom des vérités qu’il faudrait démontrer avec une seule méthode, c’est un rejet de tout découverte hors du connu.

Devant les plaies, Saint Thomas a cru, mais un scientiste ne l’aurait pas fait car son présupposé l’aurait empêché de faire même le constat puisqu’il va contre la vérité scientifique du moment !

On est affligé devant tant de suffisance qui démontre tant de vacuité et qui empêche en fait l’expérimentation, le doute et la marche en avant. « Nous n’avons pas le droit d’avoir un désir, quand la raison parle ; nous devons écouter, rien de plus ; prêts à nous laisser traîner pieds et poings liés où les meilleurs arguments nous entraînent » disait déjà Renan[6].

Ce n’est évidemment pas cette religion de substitution qui rend serf que nous avons voulu développer dans ce numéro en plaçant l’Intelligence comme principe, l’« intelligence des choses » est bien autre et bien plus riche que ces quelques 124 Diafoirus devenus Trissotin et il y a fort à parier que quelque ministre ou Haute Autorité ne serve de Vadius !

Ce qui est indémontré avec nos modestes connaissances du moment ne peut être voué aux gémonies par quelque pédant ou quelque ayatollah !

C’est donc avec cette approche ouverte sur la multiplicité que nous continuerons à rejeter cette science-là en ne séparant pas ce qui la connaissance du laboratoire et celle du terrain ce que dénonce comme nous, Boris Cyrulnik car « Il n’y a pas d’intelligence froide. Il n’y a d’intelligence qui si elle est éveillée. Pour cela, il faut qu’il y ait des émotions et une relation ».

C’est ce que les deux dossiers de ce numéro présentent :

– « Intelligence et perceptions » entend intégrer différentes approches fondées sur la diversité des points de vue pour pouvoir appréhender cette part essentielle dans les organisations que sont :

– « Investissements et gouvernance », un lien ténu, lui-aussi circonstanciel du fait des différentes cultures entrepreneuriales dans le temps et dans l’espace.

« Je crois que 2 et 2 sont 4 et 4 et 4 sont 8 » répond Don Juan à Sganarelle[7] qui demandait à son maître à quoi il croyait.

Eh bien, en ce qui nous concerne et parce que pour paraphraser Térence tout ce qui est humain ne nous est pas étranger, et est aussi sciences de gestion, nous pensons aussi que 1 et 1 sont parfois 3 et que 2 et 2 sont parfois 5, et que tout cela est Intelligere : comprendre, penser, réfléchir, estimer, évaluer, percevoir… en fait tout sauf rejeter l’altérité !

Et nunc, reges, intelligite, erudimini, qui judicatis terram[8] !


[1]. https://www.ladepeche.fr/article/2016/03/14/2303393-macron-defrise-les-coiffeurs.html

[2]. https://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/03/29/et-nicolas-sarkozy-fit-la-fortune-du-roman-de-mme-de-la-fayette_1500132_3476.html.

[3]. Marie-Hélène Parizeau, Biotechnologies, nanotechnologies, écologie, entre science et idéologie, éd. Quae, 2010.

[4]. http://sante.lefigaro.fr/article/levothyrox-un-nombre-inedit-d-effets-indesirables/ , 30/01/2018.

[5]. http://sante.lefigaro.fr/article/l-appel-de-124-professionnels-de-la-sante-contre-les-medecines-alternatives-/, 27/02/2018.

[6]. Ernest Renan, Examen de conscience philosophique, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 94, 1889 (p. 721-737).

[7]. Don Juan ou le Festin de pierre, III, 1.

[8]. « Et maintenant, rois de la terre, instruisez-vous, vous qui décidez du sort du monde ! » Psaumes, 2, 10, cité par Bossuet dans son oraison funèbre d’Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, 16 novembre 1669.

n°295 – De nouvelles représentations

De nouvelles représentations

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

L’affaire des « gilets jaunes » qui fleurit en France depuis la mi-novembre et semble vouloir durer au moins jusqu’à la fin de ce l’on appelle le « Grand Débat », pose à l’évidence, même si les élus poussent des cris d’orfraie, le principe de la représentation, de sa légitimité, de sa durée et de ce fait de sa révocabilité.

Des tombereaux d’injures et d’invectives se déversent de part et d’autre et n’enrichissent pas le débat qui repose sur les questionnements de marketeurs aux ficelles trop grosses pour ne pas être vues même des plus partisans favorables !

« Plus c’est gros, mieux ça passe » du langage populaire qu’avait repris Jacques Chirac est avec la poursuite de la « politique du pire » une des réponses classiques. En effet, la poursuite de la confrontation violente pour retrouver le soutien de ce que l’on peut appeler la « petite bourgeoisie pusillanime » a souvent été utilisée en histoire, lorsque se pose un problème de légitimité du pouvoir.

L’histoire du XVIIIe siècle nous rapporte que déjà en 1757, Simon Clicquot de Blervache, avait remporté le prix de l’Académie d’Amiens (ça ne s’invente pas !), en fustigeant les « obstacles que les corps de métiers apportent au travail et à l’industrie ». On récompensait déjà les auteurs « libéraux » appelés alors physiocrates dans la lignée de Gournay et Turgot… qui écrivait que « Les hommes sont puissamment intéressés au bien que vous voulez leur procurer, laissez-les faire, voilà le grand, l’unique principe »!

Devant la crise qui montait avec le déficit du pays, on envisagea tout, des «assemblées de notables » d’abord, en 1786-87 qui firent remonter certes des préoccupations, mais perdirent toute autorité car engluées dans leurs divergences et le maintien de leur « autorité ». Les Parlements, alors hautes assemblées de justice, comme le sont notre conseil constitutionnel ou notre Conseil d’État, apparurent vite comme les défenseurs de leur caste et perdirent leur influence… Il ne resta plus que les états-généraux avec la suite qu’on connaît. L’histoire ne se reproduit jamais à l’identique, mais les problèmes de légitimité de la représentation sont toujours les plus graves et ne se résolvent que par une action en profondeur.

C’est pour cela que ce 1er numéro de 2019, entièrement dédié au Marketing, s’ouvre par un dossier consacré aux innovations en marketing : « Un nouveau Business Model pour réussir la transition énergétique : quels impacts sur les relations producteur/ client ? » est d’une actualité brûlante, mais il se veut comme tous les articles choisis par les évaluateurs et la rédaction comme porteur de « durabilité » par une redéfinition de la relation producteur-client comme une combinaison de ressources à susciter et organiser et sur l’introduction de la notion de service orienté résultat nécessitant de revoir le jeu des parties prenantes en y introduisant tous les acteurs institutionnels et territoriaux de l’efficacité énergétique. Le e-marketing dans les associations et la prise en compte du rôle des femmes dans les conseils d’administration sont deux aspects développés chacun dans un article permettent d’introduire les représentations dans le marketing : le rôle de la mémoire des enfants dans le prix, l’image du point de vente, la personnalité de la marque, et l’uniformisation des services télécoms sont autant de points saillants qui permettent tout en nous situant dans une actualité brûlante d’apporter une méthodologie et des réponses adaptées et éclairantes dans un univers en recherche. C’est dans cet esprit que vient opportunément la chronique bibliographique : L’économie comportementale : entre faiblesses méthodologiques et idéologie que Bruno Tinel, fait à partir de l’ouvrage, paru aux éditions Charles Léopold Meyer de Jean-Michel Servet : L’économie comportementale en question !

Il est toujours utile de confronter les idées et de ne pas se contenter des apparences simplificatrices !

n°294 – À la poursuite du management !

À la poursuite du management !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Une idée neuve, comme le bonheur, selon la formule de Saint-Just, remis au goût du jour par quelque révolutionnaire d’antichambre, telle est aussi, comme on l’a vu dans le précédent numéro, le MANAGEMENT.

Il nous a donc paru cohérent pour terminer l’année 2018, d’en explorer deux autres aspects afin de rester dans une démarche propédeutique.

Rappelons que pour l’essentiel des TPE et PME, le management reste une idée vague, mal comprise et parfois rejetée comme propre aux « gros » ou aux « grands » !

Telle n’est pas notre conviction et les articles que nous proposons à la lecture, permettent une grille de lecture éclairante et adaptable à toutes les organisations, petites et grandes.

Le premier dossier : Contrôle et droit des entreprises, rappelle que le droit n’est pas autre chose qu’un élément de gestion de l’entreprise, même si dans de nombreux enseignements de gestion, on l’oublie…Le droit n’est pas que l’affaire du spécialiste, et nombre d’entrepreneurs l’apprennent souvent trop tard. Ivan Tchotourian et Jérôme Turcotte, de l’Université de Laval au Canada, en décrivant « Le droit des sociétés au service d’une gouvernance d’entreprise sociétalement responsable », ne décrivent pas seulement des sociétés et un droit qui nous seraient étrangers, ils démontrent que tout cela est le fruit d’une idéologie « qu’il convient de remettre en cause pour que les entreprises de demain soient vectrices de progrès économiques, environnementaux et sociétaux. » Voilà bien un apport concret à un Débat national, aux questions biaisées de mauvais marketeurs, qui oublient, mais savent-ils réellement ce qu’est le management, les vraies questions fondées sur de vraies compétences. Emmanuel Bayo, l’un des meilleurs connaisseurs français du droit des coopératives, souvent de petites et moyennes tailles, indique que celles-ci semblent mieux résister aux défaillances que les sociétés financières, pourtant seul modèle de Bruxelles et de ses sectateurs les plus zélés. Y aurait-il des solutions de pérennité des PME qui seraient plus profitables à l’économie que celles des adorateurs du « veau d’or » du courant dominant ? Une jeune chercheuse, enfin, a le courage, en s’appuyant sur la littérature et des entretiens avec des professionnels du secteur agroalimentaire, de proposer des solutions pour une gestion durable de la chaîne logistique. Au moment où les scandales du lait, de la viande de cheval, et bien d’autres cachés ou à venir, viennent démontrer les limites de la régulation par le marché, pourtant seule solution vantée comme la panacée par des candides et sans doute beaucoup de pervers !

« Réflexions sur la prise de décision » en découle logiquement. Le management a bien pour fonction de « faire avancer dans une direction précise ». Que la planification puisse être une échelle de mesure avec son apport multidimensionnel, ou que l’africanité puisse avoir une incidence sur la prise en compte de la RSE dans la performance globale, posent des modèles et tentent d’apporter des « boîtes à outils », au manager. Deux chercheurs de cette nouvelle Lotharingie souhaitée par Charles le Téméraire (Université de Franche-Comté et de Université de Bourgogne), démontrent le rôle de l’attractivité affective du pays d’origine dans la démarche d’achat et ouvrent ainsi des pistes au marketing international ! L’histoire et les rêves territoriaux ne sont donc pas vains ! Les deux derniers articles du dossier[1], ont été sélectionnés lors de la 9è édition de l’International Finance Conference qui s’est tenue à l’ISC Business School[2] que nous présentions dans le numéro précédent, se sont parfaitement insérés. Le premier, par une étude de cas, nous apporte une vision un peu moins officielle sur l’indépendance et la compétence des comités d’audit de nombreuses d’entreprises françaises. Le second analyse le dispositif de Bâle 2 concernant la détermination du capital réglementaire des banques. Tous ces éléments qui importent à la prise de décisionhttps://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf.

Notes

  1. https://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf
  2. https://thema.u-cergy.fr/evenements/workshops-colloques-conferences/article/the-9th-edition-of-international-finance-conference-ifc9

n°293 – Le management : une question neuve !

Le management : une question neuve !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

«Tout comme M. Jourdain faisait de la prose, le mot d’origine anglaise, mais parfaitement inséré dans notre langue française, management, est suffisamment vaste pour qu’on puisse tous à un moment donné, le pratiquer sans le savoir. Le bien pratiquer est une autre affaire !

Qui n’a en mémoire, l’impressionnante idée d’« entreprise sans usine » du brillant polytechnicien Serge Tchuruk, qui permit à Alcatel de disparaître en tant que « leader mondial des télécoms »!

Car depuis l’américain Taylor, le français Fayol, ou l’autrichien Peter Drucker, « Pape du management », il est bien clair que le management est bien l’ensemble des processus combinant la compétence, la capacité d’innovation et une organisation du travail en fonction du facteur humain permettant de faire progresser une organisation.

POCCC : Prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler, symbole des fonctions du « manager », telles qu’Henry Fayol, reprises par L. Urwick, les a décrites, sont devenues classiques. On exhorte aujourd’hui les entreprises à faire preuve d’innovation en termes de management.

5, 6… 8 fonctions clés… ?

Si ces notions ont un sens et même sont pratiquées par certains grands groupes, grâce aux brillantes cohortes de diplômés de MBA qu’ils recrutent, avec les succès qu’on connait parfois, comme aime à le souligner Henry Mintzberg, qui a toujours notre adhésion, les fonctions mêmes du management sont généralement méconnues des TPE et des PME.

Le management : une question (toujours) neuve ?

Voilà pourquoi ce numéro essaie, à sa modeste place, après une remise en perspective que présente Baptiste Rappin, Brève Histoire cybernétique du management contemporain, de placer trois illustrations concrètes visant à faire comprendre la richesse du management. Grace Moussaid, publie un processus repreneurial original, celui de la veuve. Cet article passionnant est émouvant puisqu’il est aussi le dernier que notre ami, le professeur Robert Paturel, nous avait adressé avant sa tragique disparition. Deux jeunes auteurs prometteurs, formés sous le harnais de Jean-Marie Peretti, nous rappellent que le management concerne aussi les collectivités territoriales et que l’employabilité et la fidélisation des agents sont une question sensible ! Ce dossier se termine par les travaux de Joël Gouteron, en marketing, sur l’attachement ou de l’implication ?

Fidèle à notre ouverture à la recherche qui se fabrique, nous présentons dans ce numéro, un dossier sur la « gestion des réseaux » par trois contributions sélectionnées[1] lors de la 9e édition de l’International Finance Conference qui s’est tenue à l’ISC Business School[2].

Finalement le management a pour fonction de diriger : « faire avancer dans une direction précise », et gérer, c’est- à-dire direction et gestion…

Notes

  1. https://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf
  2. https://thema.u-cergy.fr/evenements/workshops-colloques-conferences/article/the-9th-edition-of-international-finance-conference-ifc9

n°291-292 – Au service des entrepreneurs !

Au service des entrepreneurs

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Quel est l’impact de la recherche sur les managers ? Telle était la question que cherchait à élucider l’enquête FNEGE [1] sur l’influence de la recherche en management réalisée par Michel Kalika [2], Sébastien Liarte [3], et Jean Moscarola [4], à partir de ces questions :

  • Quels sont les auteurs et les connaissances que les managers considèrent comme utiles pour leurs pratiques ?
  • Sont-ils informés sur la recherche en management ?
  • Comment et qu’en pensent-ils ?

L’étude des 1557 réponses obtenues [5], a permis d’appréhender la manière dont l’impact de la recherche est perçu par les managers.

La RSG se place en 4e position du TOP 10 des revues les plus reconnues par les entrepreneurs : pas mal pour la seule revue indépendante d’une fondation ou d’une association, et la seule gérée comme une entreprise ! L’étude ne mesure pas l’impact à l’étranger qui nous aurait renforcés encore.

Il y a plus de 10 ans, à l’occasion de la parution de la traduction française de l’ouvrage de deux professeurs de Stanford aux Presses de Harvard Business School, Jeffrey Pfeffer et Robert Sutton, nous regrettions avec le préfacier de « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense » que les « pratiques managériales ne font qu’un usage très limité des connaissances accumulées par la recherche en management [6] » ?

Les choses auraient-elles donc changé et la recherche académique inspirerait-elle enfin, un peu… beaucoup ou guère, sinon pas du tout, les actions des entrepreneurs ?

L’enquête ne va pas jusqu’à apporter une réponse construite et étayée à cette question existentielle ? En effet, publier pour publier comme le souligne pour en dénoncer la pratique Sylvie Chevrier [7] qui est aussi membre de notre Conseil de rédaction, n’est ni de la recherche ni d’un quelconque apport pour la gestion des organisations… en fait, un enseignement qui « n’estoit que besterie, et leur sapience que moufles, abastardissant les bons esperitz et corrompant toute fleur de jeunesse » pour reprendre avec son style, la critique que Rabelais faisait déjà en son temps à ces connaissances hors-sol et inutiles !

Être scientifiquement promoteur et pouvoir influer le cours des activités des entreprises en inspirant les entrepreneurs, est une forme de quadrature du cercle qui nécessite sans cesse une interrogation sur le pourquoi de nos choix, sur la pérennité des articles et l’apport réel de ces contributions.

Le vrai principe n’est pas de se faire gloire d’éliminer un très fort pourcentage de propositions. C’est à la portée de tous et c’est être bien présomptueux sur son propre jugement. Partir du principe que plus que de modélisation, cette technique qui a tué la science économique, comme les sophismes dénoncés déjà par Rabelais, c’est l’approche humble du terrain qui permet, comme l’historien le fait, de fonder des connaissances et d’apporter un éclairage utile à tous, à commencer par les entrepreneurs.

Elie Cohen a déjà répondu à notre interrogation : « En fin de compte, l’affirmation de la gestion dans ses développements cognitifs, comme dans ses réalisations instrumentales est sans doute vouée à s’accomplir dans une tension permanente entre l’ambition généralisante et la recherche de relations causales stables d’une part, et le souci de prendre en compte, sinon en charge, les problèmes réels auxquels sont confrontées les entreprises et les organisations d’autre part [8]. »

Cette « tension permanente » est ce qui préside au choix de nos publications : « Avec l’apport des diverses disciplines scientifiques, et des techniques nouvelles qui en sont résultées, ces méthodes de gestion tendent à se multiplier en se spécialisant. Ce faisant, elles deviennent plus hermétiques et plus disparates.

Il est de plus en plus difficile de les relier entre elles, d’en délimiter les champs d’application, d’en apprécier les possibilités d’utilisation.

Or, tout Cadre de Direction (manager) doit être en mesure, de situer dans une perspective globale, non seulement les problèmes de l’entreprise, mais également, les méthodes permettant de les résoudre.

C’est pourquoi, il nous a paru nécessaire, à côté des revues spécialisées consacrées à ces différentes méthodes, d’offrir à l’ensemble des Cadres de Direction une publication qui en fasse une synthèse, utile également pour le spécialiste », c’était déjà le propos de notre revue lors de la parution de son 1er numéro en 1965.

Être la plus ancienne revue francophone, avoir reçu du grand universitaire et homme d’État, Raymond Barre, la qualification de « 1re revue francophone de management » oblige et fixe la ligne de crête pour « être au service des entrepreneurs ».

Voilà pourquoi exceptionnellement, à côté des recensions bibliographiques de nos collaborateurs attitrés (page 157), nous présentons brièvement en clin d’œil, un ouvrage sur le parcours de 20 entrepreneurs (page 101).

Trois dossiers thématiques entendent répondre également à cette préoccupation permanente par leur diversité et leur lien avec le terrain, d’étude, d’expertise, de synthèse.

  • « Géographie et entreprises »,ouvre ce numéro double du cœur de l’été, en privilégiant l’environnement territorial, régional voire immatériel.
  • « Collaborations et coopérations», ce dossier découle naturellement du fait des contraintes des évolutions des technologies notamment de l’information, et de la nécessaire utilité de trouver des fondements économiques et sociologiques aux défis de la mondialisation.
  • « Mesures et contrôles »,est le dernier dossier. Il aborde par des cas souvent très orignaux, une logique d’évaluation nécessaire à tout acte d’« administration » pour reprendre le vocabulaire du père du management qu’est Henri Fayol dont l’objectif était déjà de placer sa publication « au service des entrepreneurs » !

 

Notes

[1] FNEGE : Fondation nationale pour les études de gestion.

[2] Professeur à l’IAE Lyon, BSI.

[3] Professeur à l’Université de Lorraine.

[4] Professeur à l’Université de Savoie.

[5] Enquête FNEGE, menée en partenariat avec Sphinx Institute, http://www.lesphinx-developpement.fr/wp-content/uploads/2016/05/Communiqu%C3%A9_Enqu%C3%AAte_FNEGE-Sphinx-Institute_OK.pdf.

[6] Naszályi Philippe, « Faits et Foutaises dans le Management » ou « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense », La Revue des Sciences de Gestion, 2007/6 (n°228), p. 5-6. DOI : 10.3917/rsg.228.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-6-page-5.htm.

[7] Chevrier Sylvie, « Publish… and perish ! », Annales des Mines – Gérer et comprendre, 2014/1 (N° 115), p. 18-21. DOI : 10.3917/geco.115.0018. URL : https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre1-2014-1-page-18.htm.

[8] Elie Cohen, (1997), Épistémologie de la gestion, article 59 dans Encyclopédie de la gestion, Simon, Yves et Joffre, Patrick (dir.) Paris, Economica. page 1059.

n°289-290 – « Objets inanimé, avez-vous donc une âme »

« Objets inanimé, avez-vous donc une âme », ou Psyché en sciences de gestion

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Faire cohabiter Lamartine avec John Venn est en quelque sorte le pari de ce numéro qui inaugure 2018. Il y a bien longtemps que les sciences de gestion utilisent le diagramme que ce mathématicien britannique mit au point et publia en 1881 [1]. Pour mémoire, et sans aucun rapport apparent, c’est cette même année que le Législateur français instituait enfin, la liberté de la presse.

Il y a malgré tout plus d’un lien entre les deux. D’abord, La RSG est, depuis sa création en 1965, ce qui en fait la plus ancienne revue académique francophone de gestion, un organe de presse. Cela en fait une rareté au milieu du paysage des autres publications.

Certains évaluateurs ont tendance à ne pas prendre en considération cette particularité lorsqu’ils s’avisent de classer les revues. C’est à coup sûr une grave méconnaissance des réalités ou plus grave, une volonté de les ignorer. Respecter depuis 52 ans les obligations qu’on exige, et de plus en plus, de la presse, est un facteur qui garantit déontologie et indépendance. Nous ne sommes pas l’excroissance plus ou moins cachée d’une quelconque institution, si honorable soit-elle. Si nous devons notre naissance en partie à l’Institut de contrôle de gestion (ICG), devenu Institut français de gestion (IFG), nous en sommes séparés depuis 1985 et sommes, fait encore plus rarissime, une société et non une association, une entreprise donc qui remplit là aussi les obligations de transparence que l’on exige d’elle.

Connaître la gestion de l’intérieur et répondre au cahier des charges de la Commission paritaire des publications et agence de presse (CPPAP) qui tous les 5 ans vérifie que La RSG est bien organe de presse, est bien notre caractère propre.

C’est cette indépendance qui amène nombre d’auteurs à nous soumettre par priorité leurs papiers pour que nos TROIS évaluateurs, dont l’un est hors de l’Hexagone, valident leur recherche. Qui d’autres ?

C’est cette volonté de qualité que nous avons imposée à toute contribution acceptée, d’être l’objet d’une double relecture pour que toutes les sources citées soient vérifiées. Qui d’autres ?

Publier à La RSG, est donc un long chemin, plus long que chez nombre de nos consœurs, et en tout cas plus difficile aussi que chez plusieurs revues anglo-américaines, dont le seul fait d’être publié en anglais, est considéré comme un critère qualifiant, alors qu’il n’est qu’un aveu de veulerie de ces classeurs. « La trahison des Clercs » n’est plus celle que J. Benda dénonçait en 1927, mais elle est toujours la tentation devant l’apparent plus puissant devant lequel s’agenouille toujours le colonisé en esprit.

C’est cette indépendance qu’en France ou hors de France, ceux qui entendent se tourner vers une recherche originale ou innovante, que demandent les institutions qui sollicitent notre partenariat pour organiser un colloque ou des journées d’études. Nous sommes parcimonieux et c’est gage de qualité pour nos lecteurs.

Nous sommes heureux et fiers, par exemple d’avoir compris avant bien d’autres, l’importance de la RSE et d’avoir été les seuls à ouvrir nos colonnes à l’ADERSE pour publier les actes de son premier congrès[2].

Indépendance et qualité sont donc congénitalement notre marque de fabrique. C’est pour cela que nous sommes toujours inquiets que l’on cherche à restreindre cette liberté de la presse déjà pas mal entamée depuis 30 ans sous des prétextes plus spécieux les uns que les autres !

Indépendance et qualité sont aussi un challenge qu’il faut relever à chacune de nos parutions et sont les épreuves qu’à l’instar de Psyché, mais sans l’aide d’Aphrodite, de l’aigle de Zeus ou de Perséphone, nous devons accomplir.

Cette parution qui ouvre 2018, placé sous le signe de Psyché, le « principe pensant » pour Aristote, confronte les sciences de gestion avec les horizons des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité. Ouvert par le travail sur le contrat psychologique, fondamental en RH, de François Renon et d’Anne Goujon-Belghit, chercheurs à la Chaire de Capital Humain et de Performance Globale de l’Université de Bordeaux, ce numéro présente deux dossiers thématiques : Psyché et la consommation et Psyché et la gouvernance.

Le poids des seniors grandissant en économie touristique qu’étudient Amélie Clauzel et Caroline Riché, les tensions identitaires et les stratégies de résolution des consommateurs responsables confrontés à leur comportement réel d’achat, analysées par Naouel Makaoui et Ludovic Taphanel, la mesure de l’insatisfaction des consommateurs des prestataires de formation que présente Bruno Samba, et la peur de mourir face aux médicaments contrefaits des populations à faible revenu, décrite, par Bertrand Sogbossi Bocco, sont les quatre chapitres de ce dossier constitué d’études de terrain.

La gouvernance est d’abord un terme qui nous vient de la finance. À partir d’un échantillon international de 730 banques entre 2008 et 2012, Renald Guiselin et Jérôme Maati, étudient l’influence des mécanismes de gouvernance d’entreprise confrontée aux normes de la transparence de l’information comptable. Cette compatibilité en juste valeur pourrait bien être court-termiste, c’est la question que posent Samira Demaria et Sandra Rigot. Janus, autre référence mythologique, est évoqué par Tawhid Chtioui et Stéphanie Thiéry Dubuisson, pour démontrer, à travers une revue exhaustive de la littérature, que maîtriser une organisation ne peut se limiter aux aspects formels du contrôle (hard controls). Mettre à mal la « théorie de l’agence », est le résultat d’une étude sur 300 entreprises familiales (Chypre, Égypte, Jordanie, Liban, Turquie), que présentent Catherine Mercier-Suissa, Laura Salloum et Charbel Salloum, Nous ne pouvons que nous en réjouir. Nejib Fattam et Gilles Paché à partir dans études de 47 entreprises, définissent 3 modèles d’affaires dans le cadre d’une étude des services 4PL, enfin, véritable intégration de parties prenantes logistiques. Très rare est l’analyse que fait Simon Wangani sur ces PME que sont les cabinets médicaux libéraux confrontés à la problématique de la mise en place d’un système de contrôle de gestion stratégique.

Rationalité selon J. Venn, notamment et variétés des cultures, ici symbolisés par les alphabets grecs, latins et cyrilliques, et si loin du main stream sclérosant, nous semblent résumer psyché et ses nombreuses déclinaisons en sciences de gestion.

Tout n’est-il pas symbole ?

Diagramme de Venn


[1] Venn, John (1881), Symbolic Logic, London, Macmillan and Company. ISBN 1-4212-6044-1.

[2] La Revue des Sciences de Gestion, n°205, janvier-février 2004, pages 59-142.

n°287-288 – « Une Macédoine »

« Une Macédoine »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovationsSe référer à Philippe et à son fils, le grand Alexandre, n’est évidemment pas pour nous déplaire ! Rappeler que sous une même langue, la diversité culturelle des peuples qui connurent la puissance des rois macédoniens, est restée riche et variée et non uniformément monochrome, est à l’évidence ce qui caractérise notre revue.Comment nos traducteurs en anglais et en espagnol[1], vont-ils traduire ce titre à la fois simple et énigmatique ?

Six articles clôturent ce numéro. Ils ont été intégrés comme des « Études de cas multiculturelles ». Ils constituent cette « macédoine » au sens littéraire[2] du terme comme Bachaumont en a utilisé le vocable, pour la première fois en 1786. Il traitait alors du Bayard de Monvel. « Sans peur et sans reproche » à l’instar du célèbre chevalier, vainqueur des Suisses à Marignan, est un clin d’œil qui n’échappera pas aux esprits les plus affûtés de nos lecteurs.

Ce ne sont pas seulement les deux rives de la Méditerranée qui se trouvent ainsi réunies comme le prime abord croirait le résumer, mais ce sont les fruits d’une variété d’organisations qui enseignent la gestion qui se trouvent ainsi dans ce « mélange » au sens le plus académique du terme et aux thématiques diverses :

– Finance, bien sûr avec la première étude de cas, présentée par Ikram Radhouane, Mehdi Nekhili, Haithem Nagati et Gilles Paché sur la « divulgation environnementale et (la) performance financière des grandes entreprises françaises » (page 89). L’université du Maine, y cotoie une école de commerce, l’ICD, et se fondent au même creuset qu’Aix-Marseille université !

– De l’autre côté de la Méditerranée, deux chercheuses tunisiennes, Safa Dargachi et Hajer Ben Lallouna Hafsia attestent à leur manière, d’une forme de « globalisation » des comportements déviants des usagers dans le « secteur hospitalier ». Ce dernier en effet, en France comme en Tunisie, souffre considérablement des réformes des comptables béotiens et aveugles, ces fameux malades atteints de la « gestionite[3] », qui sont la cause de la « mauvaise qualité de service » (page 99). Voilà qui pourrait être donné à méditer à ces faux-sages de la rue Cambon, notamment !

– L’étude de cas suivante due à Amir Louizi, enseignant-chercheur à l’IDRAC Business School (page 107) appliquée à l’analyse de la gouvernance d’entreprises françaises, me ravit par l’une de ses conclusions : « les entreprises performantes n’ont pas forcément une bonne gouvernance. […] les entreprises performantes ont tendance à avoir une structure diffuse. » Sans résumer par cet extrait, l’analyse de l’auteur, son étude, avec des perspectives d’approfondissement et de diversification des échantillons nécessaires, constitue malgré tout une bouffée d’ouverture face à ceux, souvent dans les enceintes académiques, qui pensent que modélisation homogénéisée est la voie unique. Cela évoque immédiatement quelqu’économiste récemment propulsé à la chancellerie des universités de Paris et dont la nomination augure très mal d’un « nouveau monde » proclamé, mais qui s’éclaire aux plus vieilles lucarnes de la pensée morte et mortelle !

– L’étude de marketing sensoriel qui suit, nous situe toujours dans la recherche de qualité culturelle que notre revue place au cœur de ses valeurs, lorsque Rabiaa Daghrir et Azza Frikha dans leur conclusion constatent que « le phénomène de la madeleine de Proust, longuement évoqué dans les recherches interdisciplinaires, est peu exploité dans les recherches marketing » (page 128). On peut comme ces enseignantes de l’ISC-Tunis, auteures de cette étude sur « les senteurs d’ambiance… », (page 119) le regretter !

– L’entrepreneuriat est le thème des deux dernières études de cas de ce dernier dossier :

  • Yassine Laib et Rédha Benredjem, chacun enseignant de part et d’autre de la Mare nostrum, l’un à Lyon, capitale des Gaules et l’autre venu de l’ancienne Cirta, devenue Constantine par la volonté d’un empereur romain, se penchent sur « la promotion de l’entrepreneuriat en Algérie ».
  • Tandis que l’étude finale réside en un compendium du « contexte institutionnel dans les économies émergentes ». On le doit à un auteur marocain Salah Koubaa et une chercheuse française, Mounia Benabdallah.

On pourra s’étonner que nous ayons commencé par la fin, c’est-à-dire le 3e dossier de ce numéro, avant que de souligner les apports des deux premiers.

C’est l’avantage de la macédoine, qu’elle soit de fruits ou de légumes, que de pouvoir être dégustée, et les plus grands cuisiniers s’y sont consacrés, sans qu’aucun ordre ne s’impose !

De plus, insister sur la richesse des enseignements que peuvent apporter par leurs études de cas les entreprises et les organisations, nous semble une excellente introduction au 1er dossier qui, proche des sciences de l’éducation, propose trois études originales qui caractérisent bien que rien de ce qui concerne la gestion ne nous est étranger, si j’ose paraphraser Terence[4].

L’apprentissage n’est pas encore bien entré dans l’esprit de tous les universitaires dont certains s’y opposent par une idéologie surannée et mortifère ou, pour les moins courageux, par prétérition. C’est notamment le cas de notre économiste entré, on ne sait toujours pas au nom de quoi dans la chancellerie des universités parisiennes ! Discours « pro business » et structure du pouvoir sont donc des choses bien différentes, toujours !

Il n’est pas sûr non plus, à force de mesures dispersées, contradictoires et archaïques durant le quinquennat précédent que toutes les organisations qui devraient massivement concourir à la formation diplômante des jeunes ne soient pas encore bien méfiantes.

En 1992, direction et gestion déjà, sous la plume de René Hugonnier[5], dressait un constat : « les plus hautes autorités de l’État s’inquiètent de notre déficit en qualification professionnelle et dénoncent l’inadaptation de nos moyens de formation professionnelle. Il s’agirait là d’une faiblesse grave, d’un handicap majeur dans la compétition économique de plus en plus vive à laquelle nous conduit l’abaissement et, dans certains cas, la disparition des frontières.

On nous a répété que nous sommes engagés dans une guerre économique. Celle-ci, moins douloureuse qu’une guerre véritable, est sans doute aussi inexorable, et peut-être plus grave dans ses conséquences à terme. On peut d’ailleurs penser que dans certains secteurs professionnels les déclarations officielles ne témoignent que partiellement d’une réalité plus sévère.

Si nous sommes en guerre, il faut s’en donner les moyens. Si l’apprentissage est un des facteurs-clés de la bataille il faut, dans les délais les plus brefs reconstruire des structures et des méthodes dignes d’un tel effort[6]. » C’était, il y a 35 ans et l’article que le jeune directeur de la revue que j’étais alors, avait choisi de publier, a gardé toute son acuité.

Jean d’Ormesson, qui vient de nous quitter, lui qui dirigea l’un des grands journaux français, constate que « ce qui sépare le journaliste de l’écrivain, c’est le mystère du temps. Le temps passe et il dure. Le temps du journaliste (j’ajouterais aussi du mauvais homme politique) est tout entier du côté du temps qui passe. L’écrivain est tout entier du côté du temps qui dure[7] ».

Sans nous hausser au rang d’écrivains, gageons que notre revue, véritable organe de presse en faisant émerger la recherche actuelle, entend ne retenir que des auteurs durables. C’est ambitieux, mais je constate à la lecture de tous ces noms qui ont confié, souvent à leurs débuts, une contribution à notre revue… que nous sommes bien dans notre ambition !

Les auteurs du dossier « Enseignement et entreprise » poursuivent donc notre volonté de travailler sur les questions originales et de fond en sciences de gestion : Dominique Siegel aborde « le recours à des apprentis du supérieur » (page 13), Alexandra Couston et Isabelle Pignatel s’interrogent sur « l’adéquation de la formation doctorale en France aux besoins de l’entreprise » (page 23) et Aurélien Rouquet et Jean-Baptiste Suquet, à l’instar d’Alfred Carrard[8], modèle s’il en est de la formation des formateurs, s’inquiètent de la pauvreté de la réponse académique sur l’immersion dans une organisation de l’enseignant-chercheur de gestion (page 31).

Enfin, le deuxième dossier de ce numéro : « Innovations et finance ». Dans ce domaine à la fois si classique et si décrié qu’est, du fait de sa place devenue omniprésente, la finance, il nous a semblé utile de souligner quelques avancées ou étapes novatrices. « Les IAS/IFRS apportent-elles une amélioration ? » est la question que posent Gaëlle Lenormand et Lionel Touchais (page 43) tandis que Marion Goffin dresse un très utile état des lieux du marché des obligations callables des firmes américaines durant les 40 années qui viennent de s’écouler (page 51). Loredana Cultrera, Mélanie Croquet et Jérémy Jospin apportent un appareil d’analyse pour « la prédiction des faillites » grâce à leur étude des PME belges (page 63).

Situé de fait, au cœur de ce numéro, le dernier article de ce dossier de finance traite d’un sujet à la fois d’une ardente actualité « le microcrédit personnel » destiné à des publics fragilisés et d’une interrogation de fond sur la pauvreté qui ne cesse de s’accroître du fait de l’innommable inégalité d’un système économique injuste et donc inefficace ! Valérie Billaudeau, Elizabeth Poutier, Pascal Glémain et Emmanuel Bioteau, (page 79) venus d’horizons différents, présentent cette réponse innovante de « Ma tante[9] » et du Crédit Municipal de Nantes, institution datant de 1813 qui « proposent des produits et services résolument différents des autres banques… » !

Les chroniques bibliographiques sont ouvertes à l’un de nos partenaires traditionnel, le Cercle Turgot, aux sympathies libérales connues et qui doit tant à son président Jean-Louis Chambon. Nous les ouvrons une deuxième fois, en souhaitant que cela ne soit pas une seconde, à Jean-Michel Servet, Professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève pour présenter son analyse de l’ouvrage de Pierre Dockès : « Comment une histoire des crises peut/doit (re)constituer un enseignement pour notre temps »

« Diversité c’est ma devise » est le vers de La Fontaine[10], que Pigault-Lebrun place en exergue de son ouvrage « Une Macédoine », publié en 1811… Qu’écrire de plus ?

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[1]. Nos lecteurs auront remarqué que l’indigne comportement, qui rappelle ceux d’avant 1975, du Gouvernement actuel de l’Espagne, nous a fait retirer le drapeau de la couverture de ce numéro, mais bien entendu en conserver la langue qui est celle de nombreux peuples amis.

[2]. Louis Petit de Bachaumont, (1788), « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours : ou, Journal d’un observateur », chez J. Adamson, page 251.

[3]. Philippe Naszályi, (1996), « La Gestionite », direction et gestion des entreprises, n° 155-156, pp. 6-7.

[4]. Homo sum, nihil humani a me alienum puto.

[5]. Né en 1921, apprenti à 16 ans, ouvrier ajusteur, licencié en psychologie et diplômé de la Business School de Cornell (États-Unis), il est devenu président du Groupe Convergence et conseil d’entreprises en 1958. Auteur de divers ouvrages, dont Former des chefs, promouvoir les hommes (Dunod, 1964), il a également enseigné à l’Institut de contrôle de gestion (ICG) le cours de direction des entreprises et été conférencier à l’École supérieure de Guerre.

[6]. René Hugonnier, (1992), « Quand nous savions mieux que les Allemands, former les apprentis… », Direction et gestion des entreprises, n° 134, pp. 9-14.

[7]. Jean d’Ormesson, « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle », Nrf, Galllimard, 2015, 485 p., page 341.

[8]. Alfred Carrard, Ingénieur suisse (Montreux 1889-Lausanne 1948), fondateur de l’Institut de psychologie appliquée de Lausanne, il a largement contribué à développer les méthodes et les techniques de formation professionnelle et de perfectionnement des adultes. On pourra lire avec intérêt : Alfred Carrard (1940), « Méthode de formation professionnelle : pour la spécialisation rapide de manœuvres à former pour des travaux définis d’ajustage, de fraisage et de tournage », Institut de psychologie appliquée de Lausanne, 64 pages.

[9]. On doit ce surnom du « Mont-de-piété », créé en 1637, et devenu depuis 1918, le Crédit municipal de Paris au Prince de Joinville qui, refusant d’avouer à sa mère, la reine Marie-Amélie qu’il avait « mis au clou » sa montre » pour payer ses dettes de jeu, préféra indiquer qu’il l’avait oubliée chez « sa tante » !

[10]. Jean de La Fontaine, Contes et nouvelles en vers (1665-1674), Pâté d’anguille.

n°285-286 – « Un trait d’Union ! »

« Un trait d’Union ! »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Au moment où de nombreux signes laissent à penser qu’enfin, notre plus fidèle ennemi, songe à prendre le large en bénéficiant de son insularité, la plus ancienne des revues francophones académiques de gestion, décide de tenter un « trait d’union » en publiant, pour la 1re fois un cahier en langue anglaise, consacré justement à « cultures and management ».
Il faut bien reconnaître que l’utilisation par l’anglais de ces deux mots d’origine latine ne peut qu’inciter à se laisser convaincre.

Le numéro précédent (284) était une porte ouverte sur la « philosophie et le management », ce numéro (285-286) ouvre une deuxième et certainement pas une seconde, porte culturelle.

J’ai tenu à ce qu’elle prenne tout son sens en enserrant ce cahier anglais, de deux dossiers où les Hommes (sans « écriture inclusive ») sont au centre des réflexions comme cela devrait l’être dans toute action humaine : « Hommes et entreprises » et « les commerces et les hommes », petit clin d’œil au magazine des anciens élèves d’HEC.

Ce cahier en langue anglaise, je l’ai confié à une femme, Mounia Benabdallah comme rédactrice en chef invitée car elle a su proposer un trait d’union entre les deux rives de la Manche ou de l’Atlantique, par la langue, mais aussi, entre les rivages lumineux de la Méditerranée. Les six articles proposés le sont au bout de la sélection assez impitoyable et longue de La RSG. C’est la cause de nos retards à publier, fréquents.

L’évaluation des papiers, avec une triple sélection constitue notre originalité. Elle est le gage que nous respectons les canons de la recherche, la vraie, pas la publiométrie.

Cette dernière est appelée à court terme à faire « flop », comme toutes les bulles malsaines. Ne dit-on pas en langage boursier : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Il y a 10 ans tout juste dans un éditorial sur la crise financière que nous pensions, mieux que les Attali, Minc et autres, devoir advenir , « la banqueroute est au coin de la rue », nous évoquions déjà cette vérité cousue au coin du bons sens[1] .

La faute par excellence, depuis l’ὕϐρις (hybris) des tragiques grecs, la démesure,  toujours et sans cesse recommencée, amène les idiots utiles de toutes les collaborations, de tous les colonialismes, de tous les renoncements à chercher à inventer des tabourets pour essayer d’être enfin, un peu, quelque chose, puisqu’être quelqu’un leur est définitivement fermé.

Les classements, les rankings, les awards sur tous les sujets, les records, mêmes les plus stupides qui ravalent parfois l’homme à la bête, sont ces choses inutiles et dangereuses qui servent de tabourets pour ceux qui s’adjugent un pouvoir de classer les autres !

Tant que comme l’enfant, nous n’ouvrirons pas les yeux pour dire tout simplement « le roi est nu », nous continuerons, comme des sots à faire la cour ou à révérer ces monstres de vacuité que sont ces différentes « agences ou officines de notation » dont quelqu’un enfin posera t’il la question de leur légitimité.

On enseignait jadis dans les écoles publics de la République, cette célèbre réplique du vigoureux comte Adalbert de Périgord à son nouveau roi Hugues Capet « qui t’a fait roi ? »

Il manque à ce temps pas mal de vigueur et de courage !

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[1] « La banqueroute est au coin de la rue ou les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! » du n° 224-225, mars-juin 2007, pages 5 à 8,