Ouverture du Livret A, le bilan pour les opérateurs historiques ?

Au début de l’année 2008, les opérateurs historiques avouaient leurs inquiétudes vis-à-vis de la banalisation du Livret A, finalement imposée par Bruxelles.
Fin janvier 2008, les syndicats de la Caisse d’Epargne craignaient qu’une application “à la lettre” du rapport Camdessus paru en décembre 2007, n’entraîne la suppression de 4 000 emplois.
Quant à la Banque Postale, dont la rémunération sur le Livret A représentait 13% du PNB, La Cour des Comptes s’inquiétait que la banalisation ne fasse qu’aggraver un modèle d’équilibre
financier déjà fragile.

 

La banalisation du Livret A : un buzz profitable aux opérateurs historiques en 2008
!

Avec une conjoncture économique inquiétante, un taux attractif de 4%, et sa bonne réputation liée à sa mission de financement du logement
social, les français se sont rués sur cette valeur sûre ! Ainsi, les opérateurs historiques se sont partagés en 2008, plus de 2 millions de nouveaux
Livrets A et plus de 13 milliards d’euros de versements nets
(l’ancien record de 1995 était à 7 milliards).

 

La France terminait donc l’année 2008 avec plus de 46 millions de Livrets A, ce qui
représente plus de 160 milliards d’euros d’encours
!

Alors que cette collecte historique stimulait les ambitions de conquête des nouveaux entrants, qui ont d’ailleurs rivalisé d’offres plus
alléchantes à l’égard des détenteurs de Livrets A au plafond (jusqu’à 8% d’intérêt pour le Compte sur Livret plafonné à 15300 € d’ING Direct), les opérateurs historiques se sont préparés à
affronter la tempête. C’est notamment le cas des Caisses d’Epargne qui ont mis en place un dispositif spécifique pour traiter 100 000 demandes de transferts en janvier.

 Dès le début janvier 2009, les grands groupes bancaires se targuent de volumes d’ouverture exceptionnels. A fin février, ce sont plus de 5
millions de nouveaux Livrets A qui ont été souscrits (dont 2,6 millions pour le Crédit Agricole), soit un volume d’encours de 14 milliards d’euros.

 Fin janvier, le directoire des Caisses d’Epargne se plaignent de souffrir du succès de ses concurrents depuis la banalisation. Mais un
mois plus tard, le bilan est plutôt rassurant : moins de 80 000 demandes de transferts traitées en deux mois et environ 40 000 nouveaux livrets ouverts en parallèle !

 

A plus de 51 millions d’unités, le potentiel de marché du Livret A semblait proche de ses
limites

Avec une deuxième baisse du taux depuis le début de l’année (rémunération à 1,75% à partir de début mai 2009), le livret A semblait de moins en
moins attractif, il a encore surpris avec un rebond de la collecte en mars (plus de 2,6 milliards d’euros pour le livret A et le Livret Développement Durable) !

Aussi, on comprend aisément pourquoi les nouveaux entrants ne lâchent pas prise, à l’image du Crédit Agricole qui a déposé plusieurs plaintes
contre l’Ecureuil pour entrave aux transferts. Les opérateurs historiques ne sont donc pas encore au bout de leurs peines !

La prochaine échéance sera sans doute la mise à jour du fichier FICOBA, prévue d’ici quelques mois et qui permettra aux autorités fiscales
d’identifier les multi-détenteurs en infraction et de les contraindre à choisir une seule banque où héberger leur Livret A.

En outre, comme les banques de réseaux ont traditionnellement pour objectif de rencontrer leurs clients au moins une fois par an, on peut
supposer que les conseillers commerciaux seront objectivés sur le nombre de transferts de Livret A et que l’impact de la banalisation pour les opérateurs historiques sera vraiment connu en fin
d’année…

 

Etude réalisée par Ineum Consulting
www.ineumconsulting.com