Selon Jeroen Veldman, docteur et chercheur à Cass Business School (école affiliée de la City University of London), les entreprises françaises seraient à la traîne en terme de communication RSE.
Les entreprises françaises peuvent mieux faire
Cet universitaire vient en effet de participer à l’écriture d’un nouveau rapport édité par Alliance for Corporate Transparency. Il s’agit d’une organisation dont le but est de promouvoir la transparence d’informations non-financières dans les rapports annuels des grandes entreprises en Europe.
Le rapport analyse notamment la façon dont les entreprises européennes communiquent les informations nécessaires pour comprendre leur impact environnemental et sociétal, comme l’exige la directive européenne sur les informations non financières (la directive 2014/95EU).
Les premiers résultats du projet conduisent à une conclusion générale : la plupart des entreprises reconnaissent dans leurs rapports l’importance des questions environnementales et sociétales, mais ces informations ne sont généralement pas suffisamment claires en termes d’enjeux concrets, d’objectifs et des principaux risques. Cette année, le projet a évalué plus de 100 entreprises des secteurs de l’énergie et de l’extraction des ressources, des technologies de l’information et des communications, ainsi que du domaine des soins et de la santé.
Les entreprises françaises comptent parmi les plus mauvaises élèves, car elles ne fournissent pas suffisamment d’informations sur leur impact social et environnemental.
Le moins l’ennemi du bien
Le rapport révèle que seulement 50% des entreprises françaises ont décrit des enjeux et objectifs spécifiques dans leur politique climatique, soit un peu plus que les entreprises britanniques (48 %), mais nettement moins que les entreprises allemandes (62 %), nordiques (67 %) et espagnoles (63 %). Dans le secteur de l’énergie, 45 % des entreprises françaises ont révélé leur stratégie de gestion des risques liés au changement climatique et à la transition vers une économie zéro carbone. Cependant, à peine 14 % d’entre elles ont fait état de leur stratégie à court et à long terme et pour un scénario inférieur à 2 °C.
« Les entreprises françaises affichent le taux le plus élevé de non-communication des risques sociaux », souligne Jeroen Veldman de la Cass Business School. Selon le rapport, 27 % n’ont fait état d’aucun risque, alors que la moyenne européenne est de 20 % et que les entreprises allemandes sont à 8 %. En ce qui concerne plus particulièrement les questions relatives aux droits de l’homme, où la France dispose de la législation la plus progressiste au monde (loi française relative au devoir de vigilance), les entreprises françaises ont affiché un taux de publication de leurs engagements et d’analyse des enjeux importants similaire à celui des entreprises dans d’autres pays. Cependant, le nombre de sociétés françaises ayant rendu compte de la gestion de ces enjeux est nettement inférieur. Seuls 27 % ont expliqué leurs politiques répondant aux risques identifiés, contre une moyenne européenne de 43 % et de 67 % pour les entreprises nordiques.
Le premier échantillon des sociétés inclus
20 sociétés d’Espagne ; 22 de France ; 25 du Royaume-Uni ; 13 d’Allemagne ; 13 d’Europe centrale (République tchèque, Pologne, Slovénie) ; 12 des pays nordiques (Danemark, Finlande, Suède).
Le projet prévoit d’étendre la portée de la recherche au cours des deux prochaines années, pour couvrir 1 000 entreprises dans tous les secteurs et toutes les régions, afin de fournir une analyse complète et des recommandations bien étayées aux entreprises et responsables politiques.