Modifié le 22 juin 2024.
APPEL
À CONTRIBUTION
Au regard de l’état critique atteint par le capitalisme contemporain, les intellectuels et les experts sont
nombreux à s’interroger sur les réponses possibles à apporter à une crise, qui remet brutalement et profondément l’Homme en question dans tous les aspects de sa vie. Mais, une crise ne devient
catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites, c’est-à-dire par des préjugés. Cela suppose donc d’échapper aux abstractions idéologiques, en général exagérément
simplificatrices.
Or, la première grande crise du XXe siècle, la crise de 1929, qui, au-delà de sa dimension économique, constituait
déjà un malaise dans la civilisation a ouvert le champ, notamment en France, à de nombreux groupes d’intellectuels non-conformistes à la recherche d’un autre modèle
d’organisation sociale. Ainsi, l’ « esprit » des années 30 façonne des mouvements de pensée et des formulations conceptuelles, qui resteront éminemment présents à l’issue de la guerre. Elles
autorisent, aujourd’hui plus que jamais, des opérations de pensée.
Par conséquent, nous vous proposons de croiser les pensées, les démarches et les méthodes de plusieurs non
conformistes français, en longue durée avec un regard sur le présent. Il s’agit d’introduire une réflexion multidisciplinaire, voire interdisciplinaire « autour » de personnalités de la même
génération, dont les rapports intellectuels ont été avérés et réguliers : Henri DESROCHE (1914-1994), Louis-Joseph LEBRET (1897-1966), Henri LEFEBVRE (1901-1991), François PERROUX (1903-1987) et
Emmanuel MOUNIER (1905-1950).
Leurs pensées sont essentiellement antitotalitaires, intrinsèquement politiques et explicitement
économiques. Elles sont antitotalitaires en réaction aux dérives des années 30 et visent, dans l’engagement, une production de l’Homme par l’Homme, une civilisation solidaire, une
humanisation de l’économie. Elles sont intrinsèquement politiques et interrogent les dogmatismes philosophiques et politiques, les tensions sociales et économiques, en aspirant, contre
le « fétichisme de la cohérence », au pluralisme et à l’imagination politique. Explicitement économiques, elles rejettent l’individualisme libéral et le marxisme dogmatique, l’économisme
productiviste de l’Ouest et de l’Est. Et, nourries de la pensée de Marx, elles s’engagent pour une créativité individuelle et collective, un progrès humain et intégral, une logique d’émancipation
et le refus du désenchantement.
À ce titre, elles restent prometteuses. Et, avec la promesse, elles nous permettent de nous tourner vers le futur,
car elles restent prospectives ; c’est-à-dire qu’elles permettent de dire et d’agir sur le monde (Paul RICOEUR). C’est pourquoi , au carrefour de la mémoire, de l’analyse
historique et de la prospection critique, depuis et au-delà de leurs oeuvres et de leurs méthodes, en mettant à profit ce que leurs réflexions et leurs démarches ont en commun, nous vous
proposons de réfléchir sur la performativité et l’actualisation de leurs méthodes et de leurs approches.
Bien que leurs recherches, leurs actions de terrain et leur rayonnement soient d’une portée universelle, ces
intellectuels, en leur temps et de nos jours, sont restés souvent relégués aux périphéries du discours académique. Pour autant, ils ont défini une utopie réaliste, allant jusqu’à revendiquer un
mouvement scientifique pour accréditer l’utopie (DESROCHE). Ils ne voulaient pas s’encombrer d’illusions supérieures ou de fatalisme, et ne rêvaient pas devant l’impossible (PERROUX). Mais ils
revendiquaient d’amener les virtualités (favorables) à se réaliser (LEFEBVRE). Ils ont pris comme projet essentiel de changer la vie, en définissant des concepts qui proviennent de la pratique et
qui y reviennent.
Dans le cadre de ce congrès, nous vous proposons d’approcher et de croiser ces auteurs, autour des quatre grands
thèmes suivants :
LES DIFFÉRENCES ET LES
CONVERGENCES [entre ces penseurs de la différence et de la convergence] ;
LA PERSONNE, LA CRÉATION ET LE COLLECTIF
;
LA CROYANCE, LA PENSÉE ET L’ACTION ;
LE
DÉVELOPPEMENT, LE
PROGRÈS, L’UTOPIE.
Il s’agit, pour chaque thème, d’éviter le point de vue biographique et de privilégier l’analyse, la comparaison et
la critique des concepts et des méthodes ; tout en conservant, pour chacun de ces thèmes, la réflexion sur les enjeux présents. Tous les éclairages sont nécessaires pour dépasser le seul
éclairage économique, et étant entendu, comme l’invoque Henri LEFEBVRE, que toutes les questions arrivent au politique.
Les propositions d’un maximum de 500 caractères, sont à envoyer, sous format .DOC, par courriel, avant le 15
décembre 2011, au Comité scientifique du colloque : Sebastien.Petrus@univ-rennes2.fr. Elles doivent précisément mentionner les appartenances
institutionnelles des auteurs. Les évaluations seront retournées pour le 30 janvier 2012.
Les articles complets devront être envoyés pour le 30 mai 2012. Ils comporteront environ 60 000
caractères, espaces compris, au format Times new Roman 12, auxquels s’ajoutent les références, selon le format suivant :
Références aux auteurs cités dans le corps du texte : [entre crochets, Nom(s), initiale(s) prénom(s) année entre
parenthèses, virgule, pages p.], exemple : [Martin J.-M. (1959), p. 54-59].
Nom de l’auteur – virgule – initiale(s). du (des) prénom(s) point [année de publication entre crochets]
virgule,
1/ Ouvrage : Titre de l’ouvrage en italique, virgule, Éditeur, lieu d’édition, point.
Exemple : Dupont, J. [1999], Économie du travail, Éditions ouvrières, Paris.
2/ Article : Titre de l’article « entre guillemets », virgule, Titre de la revue ou de l’ouvrage en
italique, virgule, série, numéro, tome, volume, mois, pages (un seul p.) point.
Exemple : Durand, F. *1999+, « Économie d’énergie », Revue verte, tome XXXIII, n° 3, mars, p. 3-33.
Au-delà de ce colloque, l’objectif de notre projet est de mettre en oeuvre un programme de recherche
interdisciplinaire et pluri-annuel, détaillé par ailleurs, dans le domaine des Sciences humaines et sociales, au carrefour, entre autres, de ces oeuvres et, sans doute, en élargissant à d’autres
auteurs.
Institut de Sciences Mathématiques et Économiques Appliquées 59 boulevard
Vincent Auriol – 75013 Paris Cedex 13 – www.ismea.org