Les services résistent mieux à la crise

Le Groupement des Professions de Services, en collaboration avec l’institut Coe-Rexecode, a rendu public jeudi 9 juillet son tableau de bord économique des services
en France, véritable état des lieux du secteur des services interrogeant sa place dans l’économie, l’emploi, le climat des affaires.

 

Les services subissent la récession mais
résistent grace à leur modele de croissance

Après avoir connu une progression de leur activité de 1,2 % en 2008, soit davantage que les autres branches (-2,4 % pour l’industrie, +0,6 %
pour l’ensemble des branches) mais beaucoup moins que les années précédentes (3 % en 2007 et 3,6 % en 2006), les services sont entrés de plein fouet dans la crise.

Le quatrième trimestre 2008 a ainsi vu la valeur ajoutée du secteur des services chuter de 4 %, une tendance confirmée au premier trimestre
2009, avec une baisse de 3,2 %. Au total, l’acquis de croissance pour l’année 2009 est de -1,5 %, ce qui représente toutefois une chute moins prononcée
que dans les autres secteurs
(-9,2 % pour l’agriculture, -3,7 % pour l’industrie, -2,2 % pour l’ensemble des branches).

 

Cette résistance tient à la spécificité du modèle de croissance des services, qui se distinguent
par :

·         une croissance endogène, 60 % des clients des services étant les services eux-mêmes. Ainsi,
l’impact de la considérable baisse de l’activité industrielle (-18,5 % au quatrième trimestre 2008 et -17,8 % au premier trimestre 2009) a été limité, les
entreprises industrielles et agricoles ne consomment en effet que 21 % des services fournis en France.

·         une économie largement fondée sur des
contrats longs
(annuels, voire pluriannuels).

 

Une situation contrastée

Les services, qui représentent 57 % du PIB et 47 % de l’emploi marchand, ont par conséquent plutôt tenu leur rôle traditionnel d’amortisseur,
sans pour autant que ce mécanisme ait joué à plein compte tenu de l’ampleur de la crise. Au cours, des 30 dernières années, les services ont en effet constitué le socle de la croissance, avec un
taux moyen de 2,9 % par an, contre 2 % pour l’ensemble de l’économie.

Les situations des entreprises de services sont cependant contrastées. Les plus tributaires de l’activité industrielle souffrent
particulièrement. Première « variable d’ajustement » de toutes les entreprises, le travail temporaire, qui réalise près de la moitié de son chiffre
d’affaires avec l’industrie, chute de 5,8 % au premier trimestre 2009
(après une perte de 6,5 points de croissance sur l’année 2008). En revanche, le secteur du nettoyage voit son activité
augmenter de 1,1 %.

 

Emploi : des pertes considerables liees à
l’interim

Compte tenu de leur forte composante en ressources humaines (de 50 à 80 % du chiffre d’affaires selon les branches), il était à craindre que les
services contribuent à « amplifier » l’impact de la crise en termes d’emplois, par d’importants ajustements de main d’œuvre.

Une prévision que les chiffres confirment : au premier trimestre 2009, les services perdent 167 000 postes par rapport au premier trimestre 2008. A titre de
comparaison, toujours en rythme annualisé, le nombre de pertes d’emplois dans l’ensemble de l’économie s’élève à 214 000, dont 92 000 dans le secteur industriel (le secteur non-marchand, et en
particulier public a créé dans le même temps 64 000 emplois).

La situation est toutefois, ici aussi, très contrastée : hors intérim, les effectifs des services aux entreprises sont stables sur un an,
alors que, de leur côté, les services aux particuliers ont créé 24 000 emplois
.

D’après l’enquête de conjoncture de juin 2009 réalisée auprès des chefs d’entreprise des services, ceux-ci
anticipent une poursuite des suppressions d’emplois dans les services aux entreprises. Le ralentissement enregistré dans les services aux particuliers devrait lui aussi se prolonger.

Selon Georges Drouin,
président du GPS, « cet état des lieux inquiétant doit conduire à mobiliser toutes les énergies pour accélérer la sortie de crise. Or, la remise en
cause des allègements de charge sur les salaires, ou le projet d’une taxe sur la valeur ajoutée applicable à toutes les entreprises (même les petites) seraient autant de mesures « anti-services »
qui constitueraient des contresens majeurs ».