La crise bouleverse les valeurs fondamentales de l’emploi des cadres

Les jeunes cadres

 

Depuis quelques années, ils ont remis en question la relation cadre/entreprise et leur
rapport au travail :

 

– Ils ont été marqués par l’ostracisme envers les seniors (leurs parents !) qui a
accompagné jusqu’en 2000 les politiques permanentes de préretraites.

– Certains n’ont pas apprécié la précarité imposée par leurs employeurs en début de
carrière.

– Ils sont devenus plus infidèles, plus individualistes, « offreurs de
services » dans une relation plus équilibrée avec l’entreprise, incluant une redéfinition des frontières avec la vie privée. Ils sont souvent tentés par l’entreprenariat.

Avec l’effondrement des recrutements, ils sont les plus touchés par la crise, notamment les jeunes
diplômés. Cela va conforter et accélérer cette mutation.

Pour Olivier SPIRE : « La rébellion
des jeunes cadres se transforme en une révolution, vécue durement à court terme mais positive pour l’avenir, qui tend vers un nouvel ordre social
 ».

 

Les cadres confirmés

 

Agés de 30 à 45 ans, ils ressentent depuis longtemps une frustration que nous avions déjà
mis en évidence en 2007, dans une étude menée avec le sociologue Christian GATARD :

Disparition de leurs repères. Perte de leur équilibre donnant-donnant avec
l’entreprise (statut, reconnaissance sociale, loyauté). Interrogations sur leur raison d’être professionnelle (apport d’expérience, participation au projet d’entreprise, respect mutuel avec la
hiérarchie).

– Sentiment que le pouvoir est aux mains des actionnaires financiers, qu’ils sont exclus
des décisions stratégiques, qu’ils sont des fusibles soumis à la tyrannie du court terme.

– Stéréotypes alarmistes : promesses trahies, retraite illusion, stress, entreprise
vécue en menace, impression de rupture.

La crise amplifie leur malaise en leur imposant une vision économique catastrophique, une baisse de
pouvoir d’achat et la participation à des actions de restructuration. De plus, ce sont les actionnaires financiers, déjà contestés par eux, qui sont impliqués dans les origines mêmes de la
crise.

 

Les cadres seniors

 

Déjà encouragés par les nouvelles dispositions en faveur des salariés âgés, la crise leur
donne l’occasion d’un retour en force sur le marché du travail, pour répondre aux importants besoins de missions temporaires. Ils deviennent managers de transition en s’appuyant sur
leur expérience.

Mais ils sont contraints d’abandonner le principe absolu de l’emploi en CDI, car ils ont
du mal à se faire réembaucher sous cette forme quand ils quittent un employeur. En revanche, ils apprécient les avantages d’indépendance et de responsabilité des missions.

Pour Olivier SPIRE, qui s’est toujours battu pour une non-discrimination des
seniors: « L’avènement du management de transition, à travers la crise, constitue pour les cadres de direction aussi bien que pour le middle
management senior une occasion historique de mutation vers des formes d’emploi alliant autonomie et flexibilité
 ».