Itinérances au long cours, itinérances des profondeurs

Modifié le 22 juin 2024.

Colloque scientifique international

La Grave, du 15 au 17 janvier 2010

Réseau Sportsnature.org

Dans la continuité du colloque que nous avons organisé et de l’ouvrage que nous avons publié autour du thème de l’itinérance (site sportsnature.org), nous souhaitons poursuivre la réflexion sur la question des relations de l’itinérance avec des immersions longues dans la nature. Dans la perspective d’une mutation sociétale, il nous semble important d’observer la place qu’occupent aujourd’hui ces pratiques et les relations avec la nature que celles-ci sous-tendent. En effet, à une époque marquée par un catastrophisme ambiant, relatif à la destruction des écosystèmes et par la valorisation d’une nature aménagée et domestiquée, le statut de ces itinérances interpelle.
Faut-il les voir comme un prolongement des pratiques prométhéennes où il s’agit d’aller toujours plus loin dans la conquête des derniers espaces sauvages? Sont-elles l’expression d’une fuite de
la société et des affres du monde ? Peuvent-elles se concevoir comme des épreuves initiatiques ? Sont-elles marquées par la volonté de s’immerger dans la diversité du monde à la recherche d’expériences récréatives esthétiques et mystiques ? Où peut-on les saisir comme l’annonce d’un mode de vie itinérant recherché par nos  contemporains ? Sans doute, toutes ses explications peuvent
se combiner ou s’opposer en fonction du projet des itinérants.

Mais au-delà de toutes ces bonnes raisons, peut-on saisir l’émergence d’itinérances qui viennent recomposer la forme historique de celles-ci ? Les approches sur le tourisme durable, l’alpinisme et le post-tourisme ont été l’occasion d’envisager d’autres rapports au voyage. De même, si la vision classique de l’itinérance se conçoit dans le cadre d’un séjour touristique à l’étranger, on observe la volonté de développer des itinérances des profondeurs à proximité de son domicile.
Enfin, si la montagne ne présente plus d’ailleurs exploratoire pour les conquérants de l’inutile, différents aventuriers et gens de l’ordinaire investissent ces lieux et proposent des parcours inédits pour redonner de la profondeur à ces territoires. On peut sans doute observer la vitalité de ces pratiques qui participent à repenser les liens entre l’ici et l’ailleurs, la ville et la nature, le familier et l’altérité, le propre et le sale, le travail et le loisir, le banal et l’exotique, le masculin et le féminin… L’époque est marquée par une réflexion sur les mobilités légitimes et responsables dans le cadre des déplacements professionnels ou d’agréments. On s’interroge aussi sur le sens du voyage et sur la valeur du tourisme dans nos sociétés en mouvement et en crise. Dans ce contexte, les itinérances au long cours sont peut-être une occasion pour ré-inventer un rapport à la société qui ne valorise pas la vitesse, la domination, la consommation, les paradis artificiels, la nature technologisée… Tous ces individus qui « larguent les amarres » et partent pour une semaine, six mois, deux ans et plus, à pied, à cheval ou à vélo, sur mer ou dans les montagnes, sont-ils des marginaux, des esthètes, des prophètes, des aventuriers, des touristes, des excursionnistes ou des gens qui s’engagent dans l’ordinaire itinérant ? Sommes-nous en train de repenser le rapport à la nature dans la manière de créer des échanges avec les habitants, la faune et la flore, la terre et les eaux, le vent et le rocher ? L’éco-itinérance est-elle une appellation dans l’air du temps pour faire différent tout en faisant la même chose que les itinérances classiques ? Les expéditions polaires, maritimes ou himalayennes sous l’apparence de l’exotisme ne sont-elles pas aujourd’hui d’une banalité aventurière ou d’un classicisme culturel ? La nature est-elle simplement pensée et vécue comme un palliatif au stress urbain et à la routine du quotidien ou sommes-nous dans le cadre des itinérances des profondeurs en présence d’individus qui investissent différemment la nature et perçoivent autrement sa place dans nos
sociétés en errance ?

Sur un plan logistique et pratique se pose la question des procédures engagées pour s’engager dans l’itinérance des profondeurs. En effet, la constitution des itinéraires, la définition du concept et du projet, l’approche de la sécurité, les types de transport, les liens avec les autres (livres, téléphone, internet,…) ou encore le choix du matériel ne sont pas des opérations et des pratiques qui vont de soi. Sans aucun doute, toute cette activité nécessite de développer des
compétences pour organiser cette immersion longue dans la nature en référence à des styles itinérants, à des principes organisationnels particuliers, à des habitudes vécues ou à des orientations expérientielles désirées. De même, l’itinérant lors de ces déplacements s’inscrit dans un quotidien où la vie s’organise autour des hébergements, des rencontres, d’échanges avec les membres du
collectif, des repas et des multiples petites tâches qui ponctuent le rythme des journées. Une organisation du temps itinérant se construit qu’il semble intéressant d’expertiser pour mieux
comprendre comment les identités contemporaines peuvent trouver dans ces pratiques une manière de repenser la vie en société. La lecture que les professionnels, les scientifiques, les aventuriers
et les experts en ingénierie itinérante portent sur ces sujets apparaît fondamentale pour améliorer la connaissance de ces pratiques en situation.

Les sciences sociales dans le cadre de ce colloque peuvent nous aider à comprendre ces pratiques et à produire d’autres cadres de lecture que ceux issus des récits de course et de voyage permettant d’aborder autrement le rapport à la nature des profondeurs. L’enjeu n’est pas seulement de s’inscrire dans une analyse des formes d’excellence sportive en nature (pour atteindre le sommet, faire une performance, battre un record,..) mais d’étudier aussi la pratique de ceux qui envisagent l’itinérance comme une occasion d’une rencontre avec différentes dimensions politiques, culturelles, sociales et écologiques de la nature ou comme mode de vie.

L’orientation théorique proposée (sociologie du sensible, approche ethnographique, anthropologie
cognitive, géographie culturelle, économie du voyage…) et le choix des objets d’étude (pratiques alternatives ou atypiques, récits de voyage, immersion dans un groupe, territoire itinérant,…)
sont autant d’ouverture pour apporter des connaissances précises sur ces objets.

Organisateur

Réseau sportsnature.org

Laboratoire Territoires, UMR PACTE

Agence TOP’02

Contexte

Ce colloque s’intègre aux 7° rencontres expéditions qui ont lieu chaque année à la Grave. Vous pouvez consulter le site et le programme à l’adresse suivante :http://www.rencontres-expes.com/. Vous trouverez aussi des adresses d’hébergement.

L’inscription au colloque et aux 7° rencontres expéditions est gratuite !

Comité scientifique

AMY Bernard

ANDREU Bernard

DEBARBIEUX Bernard

BESSY Olivier

BOURDEAU Philippe

BOUTROY Eric

CORNELOUP Jean

GRIFFET Jean

HOIBIAN Olivier

LE BRETON David

MAJASTRE Olivier

MAO Pascal

MICHEL Franck

OTTOGALLI Cécile

RASPAUD Michel

RAVENEAU Gilles

SIROST Olivier

VACHER Luc

 

Comité d’organisation

BERTHELOT Libéra

CORNELOUP jean

FALGON François

LANGENBACH Marc

MAO Pascal

MARTIN Niels

OBIN Olivier

 

Lieu du colloque

La Grave (05)

 

Publication des communications

Ouvrage collectif sportsnature.org

 

Proposition de communication

Cette rencontre, selon les principes du réseau sportsnature, souhaite associer les chercheurs et les
professionnels à la production et à la diffusion de connaissances. Contrairement à la vision classique d’un colloque scientifique, nous pensons que la connaissance professionnelle attachée au
vécu de pratiques de terrain doit avoir sa place dans la réflexion portée sur un sujet. Nous encourageons donc les professionnels à soumettre une proposition de communication sur leur pratique et
leur conception de l’itinérance telles qu’ils la fabriquent concrètement et la vivent dans le quotidien de l’action. Ces éclairages professionnels viendront alimenter les échanges avec les
universitaires qui accepteront de venir échanger et dialoguer au sein des ateliers.

 

Éléments de calendrier

Date limite d’envoi de votre proposition de communication : 15 septembre 2009

Evaluation des propositions par le comité scientifique : 1° octobre 2009

 

Format des propositions de communication

Les propositions de communication seront présentées en langue française, et soumises via
Internet, en deux formats de fichier (word et rtf), à l’adresse suivante : j.corneloup@libertysurf.fr; elles devront

respecter les normes suivantes :

– Les fichiers porteront le nom du ou des communicants (exemple : Durand-Pons.doc)

– Les textes ne devront pas dépasser les 5 000 signes ou caractères (espaces compris) et
devront

comporter au maximum une carte ou figure.

– Police : de préférence classique, du type Times, corps 12, interligne 1,5.

– Mise en forme de type classique

– La présentation du texte se fera dans l’ordre suivant :

– Prénom en minuscule, nom de l’auteur en majuscule

– Organisme ou entreprise de rattachement, avec adresse complète et mél

– Titre en majuscules.

– Texte présentant en 5000 signes le contenu de la communication envisagée


En une ligne, les mots-clés de votre communication (en fin de texte)