La Genèse des futurs économiques est le nom d’un appel à article qui nous parvient de la part de la rédaction de la Revue Française de Socio-Économie.
Genèse des futurs économiques en question
La maîtrise du temps, autant que son accélération, figure parmi les caractéristiques de la modernité. Elle renvoie au processus de rationalisation des activités humaines, bien connu des sociologues, notamment depuis les travaux de Max Weber. Agir rationnellement dans le présent, c’est élargir le contour des temporalités de l’action et anticiper les conséquences possibles de ses actes dans différentes représentations de l’avenir. Cette volonté de maîtrise et de contrôle contribue à désacraliser le futur. Désormais, et même si bien sûr les deux cohabitent, les prédictions eschatologiques se trouvent en effet largement contestées et noyées par et dans les prévisions scientifiques, raisonnées et calculées, qui alimentent un marché du futur. Alors que les premières acceptent un découplage net entre présent et avenir, les secondes reposent justement sinon sur une linéarité du temps du moins sur un couplage logique entre plusieurs séquences temporelles.
Si une majorité des sciences humaines et sociales manipule ce lien entre passé-présent-futur avec une certaine prudence, le plus souvent soucieuse d’en rester à l’étude objective des faits observables, d’autres parmi elles ont à l’inverse valorisé cette capacité de prévision. Le premier axe de notre appel à articles porte précisément sur une approche critique des liens entre l’une de ces sciences, l’économie mainstream, et la prévision. Quelles places l’anticipation et la fabrique des avenirs économiques occupent-elles, non seulement dans l’animation de la discipline elle-même mais aussi dans les rapports que cette dernière établit avec son environnement ? Que peut-on dire de l’évolution des métrologies utilisées pour anticiper ces futurs au cours de l’histoire de la science économique ?
Parce qu’elle ne peut être bornée à ce seul périmètre disciplinaire, la genèse des futurs économiques sera également, dans un deuxième axe, considérée dans un cadre pratique, celui de l’activité économique. L’entrepreneur, le spécialiste du marketing, le citoyen, le commerçant ou encore et par exemple l’expert financier sont en effet eux-aussi amenés à élaborer des représentations de cet avenir. Il s’agit dès lors d’interroger ici la pluralité des configurations d’acteurs et d’outils susceptibles de se livrer à un tel travail – quelles que soient l’échelle de production (de la plus locale à la plus globale) et les valeurs ou ambitions qui prévalent.
Enfin, le troisième axe de l’appel est relatif à la diffusion des représentations du futur et de leur réception-acceptation par les publics. Comment et par qui sont mises en circulation et en marché (donc en concurrence) les traductions de ces avenirs ? Parmi ces traductions, lesquelles font autorité auprès des instances politiques et médiatiques ? Sur un tel marché du futur, comment expliquer la performativité de certains discours ou représentations ? Comment comprendre, historiquement, les processus de ratification politiques et sociaux dont profitent des avenirs économiques plutôt que d’autres ?
Sont donc attendus dans cet appel, des articles issus de l’ensemble des sciences sociales qui décriront et interrogeront les dispositifs de fabrique des futurs économiques.
Date limite des envois : 16 décembre 2016
Les articles d’une longueur maximale de 60 000 signes (espaces et notes de bas de page compris) doivent parvenir par voie électronique à : rf-socioeconomie@univ-lille1.fr. Ils doivent impérativement être présentés selon les normes éditoriales de la revue
(cf. consignes aux auteurs : http://rfse.univ-lille1.fr/spip.php?article9).
Secrétaire de rédaction de la Revue Française de Socio-Économie,
Frédéric Chavy – Clersé,
Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université des sciences et technologies de Lille
bureau 205 bâtiment SH2
59 655 Villeneuve d’Ascq Cedex – France
rf-socioeconomie@univ-lille1.fr