S’inspirant souvent de la notion sociologique de carrière, de nombreuses recherches en sciences sociales montrent l’utilité d’analyser comparativement, à l’aide de statistiques, des corpus biographiques ou des parcours de vie. En particulier, depuis la fin des années 1980, l’analyse de séquences (ou trajectoires) a été souvent invoquée, afin d’étudier l’interdépendance des choix individuels, ainsi que leur enchaînement dans le temps. Les objets que ces études ont balisés sont déjà nombreux ; à titre d’exemple, on peut mentionner les parcours professionnels, les âges de la vie, la déviance, mais également la formation des couples, la fertilité, les migrations, les formes de résidence, etc.
Dans ce vaste horizon, certains travaux ont dû associer, à la prise en compte de parcours de vie, l’analyse des réseaux sociaux et, entre autres, des réseaux de parenté. Cette alliance permet en effet d’appréhender des « choix individuels » compte tenu des cadres normatifs et relationnels dans lesquels ces choix sont pensés et se déploient. Par exemple, l’occurrence dans une famille d’un événement comme une naissance, un décès, un mariage ou un départ en migration peut non seulement avoir un impact important sur les probabilités qu’un autre événement du même type ait lieu dans la même famille, mais également sur la forme des unités résidentielles qui la composent. Ce changement morphologique peut encourager à son tour l’occurrence d’un certain type d’événements. Il paraît alors pertinent de se pencher sur le déploiement conjoint des techniques d’analyse relevant, d’une part, de l’étude des séquences et, d’autre part, de l’étude morphologique des réseaux de parenté.
L’analyse de ce type de logiques peut atteindre, très rapidement, de très hauts degrés de complexité. Cependant, les techniques et les concepts issus de l’étude la parenté permettant d’analyser l’espace social dans sa dynamique diachronique restent largement à développer. C’est ici que l’interaction entre disciplines (anthropologie, démographie, histoire, sociologie) et méthodes de recherche (études morphologiques, analyse de séquences, analyse des parcours de vie) s’imposent. Cette journée d’étude visera donc à explorer à partir d’exemples concrets cette zone de frontière, à la fois méthodologique et théorique, entre la morphologie de la parenté et l’étude des biographies, séquences ou encore stratégies.
Il ne s’agira pas uniquement de revenir sur des questions classiques qui remontent en surface, qu’elles portent par exemple sur le rapport entre structures et intentionnalité ou sur les choix d’échelle et de périodisation ; cette journée servira également à interroger les outils disponibles (Puck, Cubix, TraMineR…) afin de mener ce type d’analyses, tout en déterminant leurs apports et, éventuellement, leurs limites. C’est pourquoi les échanges prendront la forme d’un atelier, dans lequel les intervenants pourront partager aussi bien leurs travaux en cours que des recherches abouties. Chaque communication pourra partir d’un cas empirique ou de la présentation d’un outil d’analyse spécifique, et visera à soulever des questionnements en s’ancrant aux choix et/ou problèmes, à la fois méthodologiques et analytiques, rencontrés au cours de l’enquête.
Vendredi 3 mars 2017
INED, 133, boulevard Davout – 75020 Paris, Salle Sauvy
Journée d’étude organisée études de parenté par
Pietro Fornasetti (IMAF – EHESS), Aurélien Dasré Université Paris-Nanterre/GTMCRESPPA/Ined), Pascal Cristofoli (LaDéHiS – EHESS), Michaël Gasperoni (CNRS – CRM).
Programme études de parenté
9:00 : Petit-déjeuner offert par l’INED
9:30 : Introduction
9:40 : Première session
- Eva Lelièvre (Directrice de recherche, INED)
Séquences de lignées versus entourage pendant l’enfance. Approches plurielles - Matthias Studer (Chargé de cours, IDESO, Université de Genève)
Une introduction à l’analyse de séquence et à la librairie R TraMineR
10:30 : Pause (10 minutes)
- Arnaud Bringé (Ingénieur de recherche, INED)
Constitution et analyse de fichiers de trajectoires : Données, méthodes, limites - Pascal Cristofoli (Ingénieur de recherche, LaDéHiS – EHESS)
Le modèle de « nœud relationnel » proposé par Puck : un instrument pour saisir des séries d’événements relationnels
11:30 : Discussion générale
14:20 : Deuxième session
- Aurélien Dasré (Maître de conférences, Université Paris Nanterre/GTM-CRESPPA/Ined)
Analyse de séquences et dynamique des structures familiales : Essai à partir d’une enquête longitudinale au Mali - Klaus Hamberger (Maître de conférences, LAS – EHESS)
Analyser des données relationnelles longitudinales avec Puck : Parenté, résidence, mobilité
15:20 : Pause (10 min)
- Sébastien Plutniak (Doctorant, Lisst-Cers – EHESS / École française de Rome)
Le groupe d’archéologues préhistoriens de la « typologie analytique » (1962–1989) : saisir la dynamique d’un collectif scientifique entre réseau socio-cognitif et agrégation d’itinéraires individuels - Pietro Fornasetti (Doctorant, IMAF – EHESS)
Parcours migratoires et relations de germanité : Exploration d’un corpus généalogique ouest-africain par le regroupement de séquences
16:30 : Discussion générale