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Mme Najat VALLAUD-BELKACEM pour la fin du pluralisme en économie ?

Madame Najat VALLAUD-BELKACEM Souhaitez-vous vraiment la fin du pluralisme en économie ?  Madame la Ministre, vous le savez l’économie est en crise. C’est un constat que nul ne conteste. Cette crise est une crise externe car sa capacité à expliquer et à comprendre le fonctionnement contemporain du capitalisme est légitimement mise en doute compte tenu de son incapacité à prévoir la crise de 2008 et plus encore à en décrire de possibles voies de sortie. Elle est aussi, et c’est lié, une crise interne consécutive à une entreprise de purification idéologique en cours depuis maintenant vingt ans.

Cette entreprise de purification a pris un visage plus explicite et inquiétant avec la parution de l’ouvrage Le Négationnisme économique et comment s’en débarrasser paru début septembre 2016. Mis à part l’AFEP, aucune association savante n’a dénoncé la violence et l’indignité du propos, qui se situe bien au-delà de la controverse scientifique, ainsi que son incroyable indigence. Lorsqu’un texte appelle à se « débarrasser » d’une partie des contradicteurs scientifiques, et que celui-ci n’est condamné par personne, ne peut-on légitimement considérer qu’il y a urgence à agir ? Vous êtes vous-même directement accusée d’être dans le camp des négationnistes : « La ministre Najat Vallaud-Belkacem avait formellement promis à l’AFEP la création d’une section CNU (…) ouverte à toutes les formes de négationnisme économique » (op cit, p.197).

Cette violence est à l’appui d’un programme politique explicite : celui d’éradiquer toute forme de discussion politique sur l’économie pour laisser libre cours à une approche qui ne peut se perpétuer que par la terreur intellectuelle. M. Hautcoeur, Président de l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS) indique ainsi dans Le Monde du 20/09/2016 : «Ici, on pourrait s’amuser de voir des partisans de la concurrence réclamer le monopole professionnel, des partisans de l’autorité des revues spécialisées publier un ouvrage dans un domaine (l’épistémologie) qu’ils ne connaissent pas, des victimes du prétendu « négationnisme» dénier le droit de s’exprimer à leurs opposants, et des chercheurs éminents affirmer que sont définitivement trouvées les solutions à tant de questions aussi complexes que débattues et évolutives. On pourrait en conclure que, décidément, l’économie est trop sérieuse pour être laissée aux seuls économistes. Malheureusement, ce scientisme étroit contribue aussi à la mise en doute de toute science sociale et à la montée des violences de tout genre qui va avec. ». P-C. Hautcoeur reprend ici à son compte le cœur de notre argumentaire pour créer un appel d’air et sauver la possibilité d’un débat.

Madame la Ministre, vous nous avez assuré de votre plein soutien, de celui du gouvernement et du Président. Nous vous avons convaincue que l’unique solution durable qui permettrait d’assurer le pluralisme en économie serait de créer une nouvelle section CNU reliant économie et sciences sociales. Vous avez signé un décret l’instituant. Plus de 600 chercheurs la réclament. 350 ont déjà indiqué qu’ils la rejoindraient si elle était créée. Une pétition en ligne a recueilli plus de 5 000 signatures de chercheurs français et étrangers internationalement connus. De nombreux étudiants en économie réclament une telle section depuis plusieurs années pour permettre l’ouverture de parcours de formation diversifiés. Une telle section n’enlèverait évidemment rien aux collègues économistes qui souhaitent continuer dans la même voie. Elle ouvrirait simplement à la diversité !

Nous sommes, et nous avons toujours été favorables aux débats car nous pensons que c’est seulement dans la confrontation d’interprétations opposées que progresse la connaissance.   Madame La Ministre, le constat est connu. Si vous n’agissez pas, le pluralisme de la pensée disparaîtra sous peu. C’était un fait statistique. C’est maintenant un programme politique dûment annoncé et argumenté.

Madame la Ministre, votre responsabilité est grande : vous avez la possibilité d’un geste institutionnel qui pourra rendre possible une pensée pluraliste, ouverte et dynamique en économie.

Madame la Ministre : publiez maintenant le décret que vous avez signé et qui institue une nouvelle section CNU « économie et société »

André Orléan, Président de l’AFEP
et l’ensemble du Conseil d’Administration de l’AFEP

Najat VALLAUD-BELKACEM

Pétition en ligne sur : http://assoeconomiepolitique.org/petition-pour-le-pluralisme-maintenant/

afep Najat VALLAUD-BELKACEM

AFEP : Soirée sur le pluralisme en économie !

L’AFEP organise, avec le concours de différents acteurs de la vie publique, qu’il s’agisse de journalistes, d’universitaires ou d’enseignants, d’hommes ou de femmes politiques, de personnalités de la société civile, une soirée débat sur : “Pour le pluralisme en économie !”

Mardi 18 octobre 2016 18h30 – 20h30, suivi d’un pot jusqu’à 21h30

Maison des Sciences Économiques Salle du 6e étage 106-112 Boulevard de l’Hôpital 75013 Paris

Cette soirée s’inscrit dans le contexte d’une polémique forte sur la critique du pluralisme en économie au cœur d’un pamphlet qui fait débat (Le négationnisme économique, et comment s’en débarrasser).

Programme Pour le pluralisme en économie !

Médiateur de la soirée : Ludovic Lamant (Mediapart)

Modératrice : Agnès Labrousse, économiste, AFEP (Université Picardie Jules Verne, CRIISEA)

18h30 – 19h30 : premier panel : pluralisme et société civile

  • Gaël Giraud – économiste, directeur de recherches CNRS
  • Nayla Ajaltouni – coordinatrice du collectif «  Ethique sur l’Etiquette »
  • Dominique Méda – sociologue – Stéphane Jugnot et Frédéric Lerais – directeur s  de l’IRES
  • Erwan Le Nader -), président de l’Association des Professeurs de Sciences Économiques et Sociales (APSES)
  • Marylise Léon * (à confirmer) , secrétaire nationale en charge des questions – industrielles à la CFDT
  • Denis Ranque , président du conseil d’administration du groupe Airbus, co- de la Fabrique de l’Industrie

19h30 – 20h30 : second panel : pluralisme et  débat de politique économique

  • Thomas Coutrot – économiste et statisticien, membre du Conseil scientifique d’ATTAC
  • Esther Jeffers – économiste, membre du collectif d’animation des Économistes Atterrés
  • Fanélie Carrey-Conte – ex-députée PS de Paris, conseillère régionale d’Île-de-France
  • Philippe Frémeaux – délégué général à l’IDIES (Institut pour le développement de l’information économique), président de l’Institut Veblen
  • Audrey Linkenheld – députée PS du Nord
  • Thomas Guénolé, politologue , enseignant à Sciences Po Paris et à Paris 2 Assas

20h30 – 21h30 : Pot

Secrétariat de l’AFEP : secretariat@assoeconomiepolitique.org

afep pluralisme en économie

L’AFEP répond à Pierre Cahuc et André Zylberberg sur Le négationnisme économique…

C’est avec sidération que l’AFEP a pris connaissance du titre, indécent, et du contenu, indigne de notre éthique scientifique, du pamphlet, Le négationnisme économique, et comment s’en débarrasser, commis par deux économistes prétendant pourtant à la respectabilité : Pierre Cahuc et André Zylberberg.

L’AFEP contre la vision de Pierre Cahuc et André Zylberberg

Voici donc la conception que ces économistes se font du débat scientifique : ils détiennent la vérité et leurs contradicteurs ne peuvent être qu’obscurantistes et négationnistes ! Cet ouvrage témoigne ainsi des lacunes abyssales, en histoire des idées économiques et en épistémologie des sciences sociales et expérimentales, de ses deux auteurs, qui ignorent même les travaux récents du prix Nobel Angus Deaton … sur les dispositifs expérimentaux !

Une telle attitude dans le champ scientifique serait risible si elle n’était dangereuse. En refusant le droit d’exister à tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue, c’est à la promotion d’une science officielle qu’ils nous convient. L’usage du terme « négationnisme » montre d’ailleurs, de la part des auteurs, soit une ignorance coupable de ce qu’est le négationnisme, soit une violence inédite et tout à fait déplacée. Une violence qui ferme toute possibilité d’échange : comment pourrions-nous débattre avec des individus qui, non seulement, nous refusent toute qualité scientifique, mais, qui plus est, font de notre liquidation la finalité explicite de leurs écrits !

Contre cette charge médiatique, l’AFEP réaffirme qu’il ne saurait y avoir un vrai débat scientifique en économie – comme dans les autres disciplines – sans pluralisme des méthodes, des idées et des concepts. Elle s’oppose frontalement à la vision dogmatique et intégriste défendue dans Le négationnisme économique. Elle défend tout autant les approches expérimentales que la philosophie économique, les keynésiens que les hayékiens, les partisans de la baisse des cotisations que ceux de la réduction du temps de travail parce qu’elle veut une science ouverte, une science qui ne s’abandonne pas au délire dans lequel sombrent ces deux tenants d’une discipline « débarrassée des controverses » !

Face à la menace que fait peser sur les sciences économiques l’attitude déraisonnable, irrespectueuse et violente d’auteurs pourtant nimbés de respectabilité académique, l’AFEP en appelle à la réaction de tous ceux qui sont attachés au pluralisme et au débat.

Il s’agit, pour tous, orthodoxes et hétérodoxes, économistes et chercheurs en sciences sociales, ainsi que les diverses institutions structurant le champ (CNRS, EHESS, CNU, AFSE, Association Charles Gide…) de dénoncer haut et fort cette conception guerrière du travail scientifique.

Tous sont invités à débattre des « vertus du pluralisme » lors d’une soirée que nous organiserons à Paris lors du mois d’octobre 2016.

afep Pierre Cahuc et André Zylberberg