n°327 Renforcer le recours aux savoirs expérientiels des bénévoles d’un accueil de jour : le rôle de la régulation sociale

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UGS : 327-05 Catégorie :

Description

par Corinne Grenier

Notre recherche entend contribuer au renforcement de la démocratie en santé en nous intéressant à un courant récent qui examine « l’organisation comme démocratie » (J. Dodge & S-M. Ospina, 2016), formant ses usagers comme « des citoyens capables et prêts à participer à la société » (Ibid., p. 479). La question est alors de savoir comment favoriser des lieux de travail favorables à cette démocratie (en santé) (D. King et M. Griffin, 2019).

Alors que cette littérature encourage un management participatif et démocratique, nous explorons au contraire un cas original où des processus trop démocratiques affaiblissent l’organisation dans sa capacité à accompagner ses bénéficiaires et à poursuivre sa mission citoyenne : un accueil de jour pour personnes en grande précarité, la « Boutique Solidarité » (BS), gérée par la Fondation Abbé Pierre et situé à Marseille (France) ; par son accueil des plus précaires, elle entend leur donner la parole, notamment à ceux qui agissent comme bénévole pour aider l’équipe à gérer la Boutique.

Nous mobilisons la théorie de la régulation sociale (J-D Reynaud, 1979) et la notion des savoirs expérientiels (T. Borkman, 1976) et posons la question de recherche suivante : « Comment une meilleure régulation sociale peut-elle soutenir l’expression des savoirs expérientiels des bénévoles et contribuer à la mission de l’organisation, comme organisation de/pour la démocratie ? ».

Nous avons mené une recherche interventionnelle et participative entre 2017 et 2021 (M. d’Anadon, 2007 ; C. Bélot et J. Rivard, 2013).

Nos résultats montrent que la mise en place d’un nouvel outil de gestion de la relation entre l’équipe salariée et les bénévoles a permis de restaurer une forme de régulation conjointe favorable à l’expression de la parole de ces derniers : ils sont davantage des « acteur actifs » auprès des personnes accueillies et de l’équipe salariée (E. Baillergeau et J.W. Duyvendak, 2016). Cependant, certains éléments affaiblissent encore la capacité de la Boutique à être un espace de/pour la démocratie dans la société. Notamment, les bénévoles ne semblent pas encore se considérer comme un groupe social prêt à s’entraider et construire une voix commune à défendre. Leur engagement politique (Dodge et Ospina, 2016) semble encore rester l’expérience de chacun, dans ses relations avec l’équipe, qui prévaut au sein de la Boutique.

Mots-clés : organisation démocratique, bénévoles, savoirs expérientiels, régulation sociale

https://doi.org/10.3917/rsg.327.0053