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François Bayrou à Matignon : le Magnificat perverti, le souvenir du Gosplan… et les sépulcres blanchis

François Bayrou, catholique pratiquant, parvenu (enfin, pour lui) à Matignon, a présenté hier son grand « Plan pour la soutenabilité des finances publiques et la relance productive » (titre officiel annoncé en conférence de presse, 15 juillet 2025).

François Bayrou n’est-il plus à une contradiction près ?

Dans un élan volontariste, François Bayrou exhorte la France à « produire plus » et à « retrouver une capacité productive », tout en prévenant qu’il serait dangereux de taxer davantage les plus riches. Une contradiction qui ne semble guère troubler cet homme de foi affichée, lui qui a pourtant largement contribué à porter Emmanuel Macron au pouvoir, celui qui a bradé les fleurons industriels français avec une légèreté sans précédent (cf. Le Monde, 2022, sur les cessions d’Alstom, Technip, Lafarge, etc.).

Comment ne pas songer au drame d’Olivier Marleix, député et ancien président de la commission d’enquête sur la vente d’Alstom, qui en fit le récit dans Ce que je ne pouvais pas dire, avant de se donner la mort en juillet dernier, broyé par cette même logique qu’on continue aujourd’hui de travestir en vertu ?

François Bayrou est-il toujours au Plan ?

On dirait que son passé de Haut-commissaire au Plan colle à la peau de François Bayrou. À force de parler de « production », le voilà qui ranime des souvenirs soviétiques : produire plus, mais produire quoi  ? Pour qui  ? On repense à ces aberrations du Gosplan, où la logique du chiffre étouffait celle du bon sens : des clous si gros qu’ils en devenaient inutilisables, des millions de chaussures toutes en taille 42, des lampes fragiles qui éclataient au moindre choc… Des quotas respectés, des besoins trahis.

François Bayrou serait-il toujours de bonne foi ?

Et l’on sourit (jaune) ou l’on s’indigne en voyant l’homme de foi pervertir ainsi le Magnificat de Marie, qui proclame dans l’Évangile : « Il a comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides » (Luc 1, 53).

François Bayrou lui travestit le texte sans vergogne : « Il comble de biens les riches, et renvoie les affamés les mains vides. »

On aimerait lui rappeler qu’on ne gouverne pas pour satisfaire des chiffres, mais pour répondre à des vies ; et que la production, comme le sabbat, a été faite pour l’homme, et non l’homme pour la production (Marc 2, 27).

En définitive, cet homme qui cite volontiers les Évangiles ressemble à ces sépulcres blanchis dénoncés par Jésus : une façade immaculée et pieuse, mais derrière, le calcul politique, l’hypocrisie et l’injustice continuent d’enterrer les plus faibles sous une chape de chiffres et d’apparences (cf. Matthieu 23, 27).