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Nouvelle réglementation des doctorants contractuels : les jeunes chercheurs abasourdis

C’est avec une très grande déception que les jeunes chercheur-e-s prennent acte des nouvelles réglementations du 29 août 2016 relatives aux doctorant-e-s sous contrat doctoral(1), de facto contrat de référence pour les doctorant-e-s. Ce gouvernement a une fois de plus ignoré les propositions construites d’amélioration des textes, proposées par la Confédération des Jeunes Chercheurs(2) : la nouvelle réglementation fragilise un peu plus la reconnaissance du doctorat par un effritement de la contractualisation des doctorant-e-s.
Pourtant, un nombre encore trop important de doctorant-e-s ne sont pas contractualisés pour leur travail de recherche. La Confédération des Jeunes Chercheurs demande des actions concrètes.

Effritement de la contractualisation relative aux doctorant-e-s contractuels

Le contrat doctoral permet désormais aux employeurs de ne plus couvrir la totalité des activités qui concourent aux objectifs de la recherche par un-e doctorant-e sous contrat doctoral. D’une part, la nouvelle réglementation ouvre la porte à une année de travail non-financée avant la prise d’effet du contrat doctoral(3). D’autre part, elle autorise une année de césure, qui là encore ouvre la porte au travail dissimulé. Les jeunes chercheur-e-s appellent les établissements et les écoles doctorales à prendre leurs responsabilités afin que ces situations ne se généralisent pas. Il en va de l’image de la recherche nationale et de son attractivité internationale.

De plus, sous prétexte d’amélioration positive en instituant la modulation annuelle du service d’activités complémentaires, les changements de réglementations rendent possible la transformation des missions complémentaires en vacations, notamment en ce qui concerne l’enseignement. Les jeunes chercheur-e-s appellent les établissements employeurs à ne pas dégrader leurs conditions de travail : les vacations n’ouvrent pas droit aux cotisations sociales ou à toute autre forme de couverture salariale donnée par les activités complémentaires intégrées au contrat doctoral, et sont souvent payées en retard.

Plus généralement, les jeunes chercheur-e-s craignent une séparation, à terme, de la recherche et de l’enseignement, dont l’association fait pourtant la spécificité de l’Université. Aujourd’hui, l’activité d’enseignement peut être complètement externalisée du contrat doctoral. Demain, la création de contrats d’enseignement de trois ans sans recherche associée, déjà évoquée4, pourrait devenir un ersatz de contrat pour les doctorant-e-s qui ne subsistent actuellement qu’avec un service de vacations, sans même être contractualisés pour leur travail de recherche. Un tel contrat ne garantirait pas de bonnes conditions de travail aux doctorant-e-s et nierait l’expérience professionnelle de recherche attachée au doctorat(5).

Rémunération : un signal en demi-teinte

C’est dans une volonté totalement assumée du ministère que la hausse de la rémunération des doctorant-e-s sans activité complémentaire s’est faite au détriment de celle des doctorant-e-s avec activité complémentaire. Malgré l’annonce en 2006 de rémunération des doctorant-e-s à 1,5 SMIC, seule la rémunération des doctorant-e-s contractuels avec activité d’enseignement tendait initialement à respecter cette promesse. Le gel des rémunérations de la fonction publique et l’augmentation du SMIC y ont progressivement mis fin. Avec la réforme de 2016, cet objectif de salaire de tout-e doctorant-e contractuel semble avoir été totalement oublié, même pour les doctorant-e-s enseignant-e-s.

La rémunération de l’activité d’enseignement est réduite de manière conséquente, ce qui envoie un signal résolument négatif sur l’importance que donne le ministère à l’enseignement dans le supérieur et diminue dans le même temps l’attractivité de cette activité.

Par ailleurs, si le ministère indique que ces changements de rémunérations se font à budget total constant, il pourrait s’agir en réalité d’une mesure d’économie. Cela sera le cas si la rémunération des activités d’enseignement se fait à l’avenir sous forme de vacations et non plus dans le cadre du contrat doctoral, les charges associées étant inexistantes dans le cadre des vacations.

À défaut d’une augmentation du niveau maximum de rémunération, la Confédération des Jeunes Chercheurs demande à ce qu’un effort budgétaire conséquent soit engagé dès à présent afin de tendre vers une contractualisation de tou-te-s les doctorant-e-s pour leur travail de recherche.

Gestion des conflits et représentation des doctorant-e-s

Les jeunes chercheur-e-s restent vigilants concernant les dispositions prises quant à la gestion des conflits. La disparition de la commission consultative des doctorant-e-s contractuels au profit du rattachement des doctorant-e-s contractuels à la commission mixte paritaire ne saurait être une évolution positive si les établissements employeurs ne s’assurent d’une présence effective, dans cette commission, des doctorant-e-s en tant que personnels.

La Confédération des Jeunes Chercheurs réitère son appel adressé à l’ensemble des établissements d’inscription en doctorat : la création d’une commission de médiation pour tous les doctorant-e-s, quelles que soient leurs conditions contractuelles.

CONFEDERATION DES JEUNES CHERCHEURS contact@cjc.jeunes-chercheurs.org

confederation jeunes chercheurs cjc doctorant-e-s contractuels

La CJC (Confédération des Jeunes Chercheurs) est une association de loi 1901, nationale et pluridisciplinaire. Elle regroupe une quarantaine d’associations de doctorant-e-s et de docteur-e-s en emploi non permanent, bénévolement impliqués dans la valorisation du doctorat. Au niveau national, par son expertise sur le doctorat, elle est un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics (syndicats, Parlement, Ministères, Élysée, Commission Européenne…). Au niveau européen, elle participe à la réflexion sur le doctorat et les jeunes chercheur-e-s par l’intermédiaire du conseil EURODOC, dont elle est membre fondateur.



1 https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/8/29/MENH1619632D/jo/texte et https://www.legifranc e.gouv.fr/eli/arrete/2016/8/29/MENH1619655A/jo/texte

2 http://cjc.jeunes-chercheurs.org/positions/communique_cjc_simplification_vacations_2016_06_24.pdf et http://cjc.jeunes-chercheurs.org/positions/CP-06-03-2016-Décret.pdf

3 Article 3 du Décret n° 2009-464 du 23 avril 2009 modifié par l’Article 2 du Décret n° 2016-1173 du 29 août 2016

4 http://www.letudiant.fr/static/uploads/mediatheque/EDU_EDU/8/3/1150683-agenda-social-original.pdf

5 reconnue tant par la loi (article L612-7 du code de l’Education) que par la Charte européenne du chercheur & le Code de conduite pour le recrutement des chercheurs , créés en particulier par les efforts de la France

Le CJC contre la hausse de 150€ des frais d’inscription des doctorant-es

La Confédération des Jeunes Chercheurs (CJC) s’oppose à l’augmentation des frais liés à l’inscription avancée par le gouvernement qui toucherait les doctorant-es. Dans un contexte d’explosion de la précarité dans la recherche, la CJC demande à être reçue d’urgence par Madame Vidal, ministre de l’ESRI.

doctorant-es CJC

Les doctorant-es dans le collimateur ?

La CJC s’insurge d’apprendre par voie de presse que le texte du « plan étudiants » présenté le 30 octobre dernier inclut une contribution « vie étudiante » obligatoire s’ajoutant aux frais d’inscription en doctorat. La CJC étudie actuellement toutes les options à mettre en œuvre si l’avant-projet de loi restait en l’état et va prendre contact avec les autres organisations de l’enseignement supérieur et de la recherche en ce sens. Une augmentation injustifiée de 150 € annuels à la charge des doctorant-es L’avant-projet de loi « relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants » prévoit une « contribution vie étudiante […] destinée à favoriser l’accompagnement social, sanitaire, culturel et sportif des élèves et étudiants » – si l’on en croit le projet d’article L841-5 du document que la CJC a pu consulter. Cette contribution aboutirait de façon concrète, pour la majorité des doctorant-es, à une augmentation de 150 € des frais exigés à l’inscription, soit 36 % d’augmentation* sans aucune contrepartie réelle à en attendre.

Le gouvernement met en avant dans sa communication la suppression de la cotisation de la sécurité sociale étudiante, actuellement de 217 €, censée compenser ces nouveaux frais. Cependant, la grande majorité des doctorant-es ne relèvent pas du régime étudiant de sécurité sociale. Les doctorant-es salarié-es, demandeurs et demandeuses d’emploi ou disposant d’un contrat de recherche sont en effet déjà rattaché-es au régime général de la sécurité sociale, auquel elles et ils contribuent par les cotisations sociales prélevées sur leurs salaires.

Par conséquent ces doctorant-es, qui n’ont jamais été assujettis à la cotisation étudiante de 217 €, seraient touchés de plein fouet par cette nouvelle contribution sans compensation financière. Par cette mesure aveugle, le gouvernement fait donc le choix de frapper en priorité les personnels de la recherche parmi les plus précaires.

Outre l’aggravation de la charge financière annuelle des doctorant-es, cette augmentation de 150 € est également critiquable dans ses objectifs. En effet, rien dans cet avant-projet de loi ne permet d’espérer une amélioration des conditions de travail des doctorant-es suite à cette augmentation. La CJC rappelle par ailleurs son attachement à ce que les écoles doctorales et les établissements possèdent les moyens financiers nécessaires à leurs missions afin d’améliorer les conditions de travail des jeunes chercheur-es.

Une mesure injustifiable pour laquelle l’expertise de la CJC n’a pas été sollicitée Ce texte semble être élaboré dans des conditions d’improvisation inquiétantes. Alors que cette « contribution vie étudiante » devrait impacter de fait l’ensemble des doctorant-es, les jeunes chercheur-es regrettent profondément de n’avoir jamais été consulté-es**. De plus, la CJC s’interroge sur la construction juridique singulièrement bancale de ce texte. Alors que le montant des frais d’inscription sont fixés par arrêté, le texte actuel prévoit de graver au niveau législatif le montant de cette « contribution » supplémentaire. Enfin il prévoit une inégalité de traitement selon le niveau de diplôme – 60 € en licence et 150 € en doctorat ! Celle-ci semble impossible à justifier au vu des prestations strictement identiques qu’elle recouvre. Plutôt que de prétendre favoriser « la réussite » en aggravant les conditions de vie des doctorant-es, le gouvernement ferait mieux d’examiner la situation de près et d’émettre de réelles propositions visant à enrayer l’augmentation de la précarité chez les jeunes chercheur-es qui constitue l’un des principaux facteurs d’abandon en cours de doctorat. La CJC espère être entendue dans les meilleurs délais et reste disposée à toute collaboration à cette fin.

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* Actuellement les frais d’inscription s’élèvent à 391 €, auxquels viennent s’ajouter 5,10 € pour la médecine préventive. Ils passeraient avec cette nouvelle contribution à 541 €.

** La CJC rappelle à ce propos que les jeunes chercheur-es ne disposent toujours d’aucune représentation propre au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser). La création d’un collège spécifique aux jeunes chercheur-es parmi les personnels est une revendication de la CJC depuis de nombreuses années.

CJC doctorant-es

La CJC (Confédération des Jeunes Chercheurs) est une association de loi 1901, nationale et pluridisciplinaire. Elle regroupe une quarantaine d’associations de doctorant-e-s et de docteur-e-s en emploi non permanent, bénévolement impliqués dans la valorisation du doctorat et sa reconnaissance en tant qu’expérience professionnelle. Au niveau national, de par son expertise sur le doctorat, elle est une interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics (Gouvernement, Parlement, Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche…) et de toute structure souhaitant échanger sur le sujet (associations, entreprises, syndicats…). Au niveau européen, elle participe à la réflexion sur le doctorat et les jeunes chercheur-e-s par l’intermédiaire de la fédération d’associations EURODOC, dont elle est membre fondatrice.