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Discours de François Hollande à Strasbourg : accélération des restructurations universitaires…

Information reprise d’une communication SNESUP : “Intervenant à
l’Institut de Science et d’Ingénierie Supramoléculaires de Strasbourg, à l’occasion de son déplacement à Strasbourg sur le thème de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), le président
de la République a dessiné des perspectives à court terme.

Au-delà du choix symbolique de la ville de Strasbourg, de sa dimension européenne, de la qualité scientifique des
recherches de l’Université de Strasbourg, la recomposition territoriale est au centre du discours de F. Hollande. Au détour d’une interpellation des élus de la région Alsace, le président a
révélé l’un des pans de la prochaine loi de décentralisation. Les universités, la recherche pourraient prochainement faire explicitement partie des « domaines de compétences directes »
des Régions. Mettant au centre de son dispositif les métropoles, comme maillons nécessaires au développement économique, indissociable de la formation et de la recherche, il choisit d’accélérer
la restructuration tant des territoires que de l’université et de la recherche publique.
Si l’enseignement supérieur et la recherche sont présentés comme épargnés dans les 50Md€ de coupes budgétaires dans les services publics « pour aider les entreprises », on peut craindre
que ces annonces creusent des inégalités à la fois entre les établissements et également entre les territoires, inégalités qu’il conviendrait au contraire de réduire d’urgence.
En précisant le lancement du deuxième plan d’investissement d’avenir, et une pléthore de nouveaux appels à projets soumis à un jury international, le président de la République se réapproprie une
méthode, initiée par le gouvernement précédent, et vivement rejetée par la communauté scientifique. Elle a créé de profondes fractures au sein des établissements, des équipes et des personnels.
En distinguant les établissements à « dimension mondiale » de ceux « de taille régionale », il remet en selle le modèle d’un ESR à deux vitesses. Le maintien du Crédit Impôt
Recherche « élargi », toujours plus attractif pour les entreprises, dont le contrôle est perçu comme « tatillon », continue de priver le Service Public d’ESR des ressources
dont il a besoin.
« L’excellence attire l’excellence » dit le président de la République : que dire du devenir de ceux –très majoritaires- qui ne seront pas retenus, de ces collèges universitaires
dont on tait le nom, de leurs liens avec la recherche…
Au centre de cette intervention, l’attractivité (internationale, de chercheurs, d’étudiants…) est omniprésente. « Tout ne se résume pas à la taille [des structures] ». Malgré les
précautions d’usage, la masse critique figure désormais comme un enjeu incontournable. La recomposition sous forme de COMUE ou d’établissements fusionnés dotés d’antennes sous tutelle, pouvant
contractualiser directement avec l’Etat voit son calendrier accéléré. « En juillet 2014, tout doit être prêt». Comment, dans de telles conditions, les acteurs de l’ESR, pourraient ils se
consacrer sereinement à leurs missions ? Comment croire un seul instant aux « ressources sécurisées dans le temps » quand les universités sont frappées par l’austérité et que
s’annoncerait une année blanche pour l’emploi scientifique au CNRS? Et enfin, comment croire, avec de tels calendriers, à une volonté de concertation, à l’heure où le suffrage indirect est par
ailleurs poussé un peu partout ?
L’obligation de concentration inscrite dans la loi ESR est concrétisée par la carotte du plan d’investissement d’avenir et le bâton de la
« relégation » en collège universitaire, selon un plan de restructuration qui oublie le maillage territorial des formations. Formations que d’ailleurs le président a souverainement
ignorées, ne prononçant « enseignement supérieur » qu’une fois en fin de discours. Il est par ailleurs frappant de noter que ce discours s’est déroulé dans une université qui, toute
excellente, internationale et fusionnée qu’elle soit, se trouve dans une situation budgétaire fort précaire. Après le vote difficile de son budget (avec un mois de retard), le rectorat a exigé
une réduction de 20% en 2014 des budgets de ses composantes, services et laboratoires. Nous saurons rappeler que le Service Public d’Enseignement Supérieur et de Recherche nécessite vraiment un
changement de politique, de paradigme et de discours.”

SNESUP